Au Théâtre de l’île, une saison 2024 pensée pour « éveiller la curiosité »

Cyrano sera interprété, une fois n’est pas coutume, par trois femmes, Iana-Serena de Freitas, Mathilde Guêtré-Rguieg et Louisa Decq. © Felipe Roque

Mardi 5 mars, la direction a dévoilé une programmation faite de 11 spectacles, de classiques, de créations, d’une forte dose de musique et d’innovations qui doivent « donner envie » au public de faire vivre le théâtre.

♦ CINQ COMPAGNIES MÉTROPOLITAINES

Bastien Ossart et le théâtre francilien Les Pieds Nus revisiteront du 22 au 24 mars Cyrano d’Edmond Rostand, avec trois femmes masquées. « J’ai pris ça en pleine tête au Festival d’Avignon. Ça donne une pêche incroyable », prévient Dominique Clément-Larosière, directeur du Théâtre de l’île.

Vincent Collet et le Joli collectif proposeront du 26 au 28 avril Aveugles, une mise en scène très librement inspirée du texte de Maurice Maeterlinck, qui aborde la question du « courage pour agir ensemble ».

Dans Canopée, seul en scène écrit par ses soins et mis en scène par Patrick de Valette, le circassien Boris Vigneron sera du 24 au 26 mai un musicien électro mis à nu par la défaillance de ses machines.

En attendant Bojangles, hymne à l’amour et à la fête d’Olivier Bourdeault, sera mis en scène par Victoire Berger-Perrin et interprété par Charlie Dupont, Tania Garbarski et Jérémie Petrus, du 26 au 28 juillet.

Punk.e.s, écrit par Rachel Arditi et Justine Heynemann, mis en scène par cette dernière, racontera du 27 au 29 septembre, et à grand renfort de son, l’histoire du premier groupe de punk féminin anglais, The Slits (« les fentes »).

CINQ COMPAGNIES LOCALES…

Du 15 au 20 avril, la compagnie Nez à Nez (André Luserga, Sam Kagy…) jouera La tragédie comique, une œuvre d’Yves Hunstad et Ève Bonfanti, où un personnage descend sur Terre « à la recherche de l’acteur qui va le jouer ».

Alain Mardel a choisi de mettre en scène Qui a peur de Virginia Woolf ?, pièce culte d’Edward Albee, dont la difficile interprétation sera confiée à Sophie Guérin, Vincent Ginguené, Jean-Marc Billaud et Lorna Paladini, du 28 au 30 juin.

Un autre classique prendra la relève du 19 au 21 juillet. La souricière de la reine du crime Agatha Christie est revisitée « à la façon de la Commedia dell’arte », dixit Dominique Clément-Larosière, par Les Arpenteurs du Caillou (Pierre-Alain Leleu, Magali Song, Olivia-Manissa Panatte…), spécialistes du masque.

Damien Durieux présentera du 23 au 25 août sa propre création, interprétée par ses complices de Caravane Spoutnik (Julie Durieux, André Luserga et Solène Desurmont). Dans Kiss kiss burn out, une femme découvre que sa mère est toujours en vie et se lance dans une quête « vertigineuse ». La Compagnie de l’Archipel (Dominique Jean, Gaëlle Berger, Stefan Sontheimer, Sylvie Molinier, Sam Kagy) terminera la saison avec Kadoc, comédie « mordante » de Rémi De Vos sur les « absurdités de l’entreprise ».

…ET UNE « FÊTE DU THÉÂTRE »

Les 26 et 27 octobre, enrichis par un mois de résidence artistique, une kyrielle de comédiens locaux (Stéphane Piochaud, Dominique Jean, Magali Song, Tania Alaverdov, Lucie Dorio…) joueront une comédie et quatre tragédies mises en scène par Christian Esnay, soit 10 heures de théâtre et d’entractes.

« ON FAIT AVEC CE QUE L’ON NOUS DONNE »

Avec cette programmation encore une fois « très éclectique », Dominique Clément-Larosière espère « éveiller la curiosité des spectateurs, donner envie aux gens d’aller voir des choses qu’ils ne connaissent pas ». Classiques et créations, théâtre traditionnel et hybridation par la musique… La variété est évidemment une façon de s’adresser à un public très large, à un moment où la structure est confrontée à un changement profond. « Parmi les gens qui ont quitté la Calédonie, beaucoup fréquentaient le Théâtre. On jouait beaucoup avec ce même public, et on doit se renouveler. »

Difficultés économiques obligent, avec 11 spectacles contre 16, la saison est moins volumineuse que la précédente. « On fait avec ce que ce que l’on nous donne… » La baisse des subventions, tombées de 85 à 78 millions en quelques années, est une double peine. « Un million en moins, c’est trois millions de recettes propres en moins, en raison des spectacles que nous ne pouvons pas proposer. »

Gilles Caprais

Informations et réservations sur www.theatredelile.nc