Au chevet des ripisylves de la Néra

À Bourail, les scolaires sont déjà pleinement investis sur ce projet. / © Hubert Géraux

Cinq nouveaux projets d’adaptation au changement climatique vont être accompagnés par l’Initiative Kiwa en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. La protection et la restauration des ripisylves de la Néra (forêts de bord de rivière) en font partie.

Si rien n’est fait ? Les agriculteurs vont continuer à perdre des terres. La rivière la Néra va continuer à voir la vie qu’elle abrite disparaître. Le lagon bouraillais va progressivement dépérir. « Le réchauffement climatique arrive. Les récifs vont souffrir. Quand on a la grippe, il ne faut pas attraper la tubercu- lose », prévient Hubert Géraux du WWF.

Protéger et restaurer les ripisylves de la Néra, ces forêts de bord de rivière, devient vital. Le WWF et la Chambre d’agriculture et de la pêche travaillent à les préserver avec le projet Kiwa Perenne. Car leur rôle est indispensable. Elles font la connexion entre les forêts de la chaîne et les forêts littorales jusqu’à la mangrove. « C’est une sorte de cordon ombilical pour la faune forestière. Elles jouent également un rôle de stabilisateur et de protection des terres dans l’espace agricole », détaille l’expert conservation et plaidoyer WWF. Sans cette forêt, les cours d’eau et les récifs coralliens ne peuvent être maintenus en bonne santé.

Elle protège « la rivière du champ et le champ de la rivière », rappelle la Chambre d’agri- culture et de la pêche. « Dans un contexte avéré de changement climatique, qui nous prévoit davantage de pluies violentes et donc de crues, la protection et la restauration du cordon forestier des berges vont représenter une solution fondée sur la nature incontour- nable », insiste la représentante du monde agricole. Les ripisylves apparaissent comme des partenaires à part entière de la résilience des Calédoniens. En savoir davantage sur elles est simplement essentiel.

16 000 ARBRES PRODUITS

Le territoire connaît très bien le maquis minier, la forêt sèche et la mangrove. Les forêts de bord de rivière, c’est une autre affaire. « C’est passé à travers les mailles », note Hubert Géraux. C’est donc le moment de se pencher attentivement sur leur cas : comment elles sont définies, qu’est-ce qui est fait pour les proté- ger, etc.

À quoi sert l’initiative Kiwa ?

Elle accompagne des projets qui misent sur des solutions fondées sur la nature afin de renforcer l’adaptation des territoires du Pacifique aux effets du changement climatique. 88,3 millions de francs ont été dédiés aux cinq projets lauréats.

 

Les recherches doivent permettre d’arrêter une méthode adaptée au contexte calédonien, qui puisse s’appliquer sur le bassin versant de la Néra et ses affluents. Vient ensuite le temps de l’action et du terrain. Plusieurs chantiers vont être menés avec la communauté agricole.

Qui dit restauration dit plantation. 16 000 arbres doivent être produits : des palétuviers, des brins de vétiver, des boutures de bourao, des arbres de forêt sèche… « On a mobilisé l’association Bwära tortues marines et l’association des femmes de la tribu de Gohapin, We Ereteu », précise Hubert Géraux. Samedi 1er juillet, la Chambre d’agriculture et de la pêche met à disposition son propre foncier pour accueillir le premier chantier participatif sur la station d’élevage de Nessadiou.

UNE GÉNÉRATION MOBILISÉE

Parmi les acteurs engagés, la nouvelle génération ne fait pas office d’exception. Au contraire. Les deux collèges de Bourail, Sacré-Cœur et Louis-Léopold Djiet, sont déjà bien impliqués. « On travaille depuis mars. Les jeunes ont eu des interventions en salle et ont déjà fait deux sorties », informe Hubert Géraux.

Les collégiens vont rechercher des conseils auprès de la pépinière de Bwära qu’ils pourront ensuite appliquer dans leur propre pépinière pédagogique. Pour l’expert de WWF, c’est clair : la simple sensibilisation, c’est terminé. « Engageons-les, mobilisons-les. On n’apprend pas mieux qu’en devenant acteur du sujet. » Il espère que ces collégiens bouraillais deviendront, par la suite, les ambassadeurs de la ripisylve de la Néra.

Edwige Blanchon

SARA

Il doit contribuer à la préservation durable des îles coralliennes basses du lagon Nord-Ouest (17 îlots des communes de Koumac, Poum et Kaala-Gomen) et des services écosystémiques associés, par la sauvegarde et la restauration des colonies d’oiseaux marins. Projet porté par la province Nord.

HÙN MÔÔ’M KAHOK

Initié par le Conseil des clans des tribus de Ouaré, Ouanpoues et Ouendjip, ce projet doit mettre en œuvre des actions qui porteront sur la remédiation au problème du feu, la réduction de la population de pins des Caraïbes,
la gestion communautaire et la responsabilisation des jeunes en matière
de développement durable. Projet porté par l’association Dayu Biik.