Arbitre aux Jeux olympiques, la récompense surprise de Marianne Brou

Responsable de la formation à la Ligue calédonienne de natation, Marianne Brou est par ailleurs professeure à l’école bilingue de Robinson. (© G.C.)

La représentante de la Ligue calédonienne de natation arbitrera les épreuves qui se dérouleront dans la Seine, les 8 et 9 août, à Paris. Officielle lors des trois derniers Jeux du Pacifique, bénévole depuis 20 ans, cette sélection est pour elle un honneur inattendu.

La natation calédonienne sera représentée à Paris 2024, quel que soit le résultat de l’impitoyable épreuve de sélection qui attend Maxime Grousset, Emma Terebo et Lara Grangeon. Marianne Brou a eu la « bonne surprise » de recevoir, au mois de janvier, une lettre de mission pour les Jeux : elle arbitrera le 10 kilomètres en eau libre, qui se déroulera dans la Seine, et officiera par ailleurs en tant que bénévole lors de la compétition en bassin, à l’Arena de la Défense.

« Je ne pensais pas que c’était atteignable… On est petit, on est loin. Je pensais qu’ils ne prendraient que des officiels métropolitains », souffle Marianne Brou, dont le curriculum vitae a su convaincre les responsables nationaux : trois Jeux du Pacifique, trois championnats de France, plusieurs Oceania. « Sa participation aux événements régionaux et le fait qu’elle soit bilingue ont certainement joué en sa faveur », estime Jean-Claude Robin.

Le président de la Ligue calédonienne de natation n’est « pas surpris » par la bonne nouvelle. « Elle officie depuis 20 ans, avec qualité et discrétion. » Et cette sélection a « la même valeur que celle d’un nageur », insiste- t-il. « On est un sport très réglementé qui évolue rapidement. Pour arriver à ce niveau, il faut avoir beaucoup de connaissances et se tenir à jour en permanence. »

TENUE CORRECTE ET NEUTRALITÉ TOTALE EXIGÉES

Marianne Brou a débuté dans le bénévolat en 2004, au club du Mont-Dore. « J’y suis entrée parce que mes enfants nageaient. Il y a toujours besoin de donner la main, et je me suis prise au jeu. » Secrétaire puis présidente, aujourd’hui affiliée au club de la Ligue calédonienne de natation où elle est responsable de la formation, elle connaîtra à Paris le plus grand honneur de la carrière d’un officiel.

Ce grand pouvoir s’accompagne, comme toujours, de grandes responsabilités. Logés à l’écart des athlètes, interdits de tout contact avec les délégations, les arbitres sont astreints à de nombreuses règles destinées à éviter la triche. « On doit avoir une neutralité totale. Il est interdit de dire bonjour à un nageur. » Marianne Brou n’est même pas autorisée à divulguer le poste (chronométreuse, juge d’arrivée, juge arbitre…) qui sera le sien en bord de Seine. Mais ces contraintes sont aussi le plaisir d’un officiel. « Je vais vivre une expérience extraordinaire. Je vais essayer de profiter de chaque instant. »

 

Indispensables bénévoles

La sélection pour Paris 2024 est une reconnaissance de « la qualité, de l’impartialité et de l’expertise » de Marianne Brou, applaudit Christophe Dabin, président du Comité territorial olympique et sportif (CTOS). « Et c’est un très bon signal pour le mouvement sportif, car on incite l’ensemble des disciplines à promouvoir les officiels et les bénévoles en général, qui sont indispensables. » Chronométrage électronique, juge, direct vidéo sur le site de la fédération… « Une compétition en bassin de 50 mètres, c’est 28 officiels », insiste Jean-Claude Robin. En 2023, la ligue a mobilisé 74 bénévoles pour un total de 3 840 heures de travail, soit l’équivalent de deux postes à temps plein.

 

Pour les nageurs, une épreuve couperet

La Fédération française de natation constituera l’équipe olympique à partir des résultats des championnats de France, qui ont auront lieu du 16 au 21 juin. Pour être sélectionnés en individuel, les athlètes devront monter sur l’une des deux premières marches du podium tout en descendant sous le temps qualificatif. Maxime Grousset a de fortes chances de se qualifier sur 50 et 100 mètres nage libre. Sur 100 mètres dos, Emma Terebo fait partie des quatre nageuses qui ont déjà réalisé les minima, sur 200 mètres dos, elle est seule et la qualification semble plus facile. Enfin, Lara Grangeon peut espérer une 4e participation aux JO sur 10 kilomètres, comme à Tokyo.

 

Gilles Caprais