Après la BlueScope Race, un « Paris-Dakar des mers » ?

La 14e édition de la traversée du phare Amédée à Nouméa aura lieu le 20 novembre. Pour 2023, les organisateurs préparent une version « augmentée ». La BlueScope deviendrait une course de qualification au Défi Wind, une épreuve sur trois jours, longue de 200 kilomètres, où les amateurs côtoieraient les stars.

Nouméa est habituée depuis des décennies à accueillir une course prestigieuse, la Dream Cup, dernière étape du circuit mondial PWA* de planche à voile. La dernière édition a eu lieu en 2019. À quand la prochaine ? « On n’arrivera plus jamais à faire ça », assure Stéphane Bouquillard, présidente de l’Asptt Nouméa Glisse (ANG), qui organise cette compétition ainsi que la BlueScope Race. « Les billets d’avion sont devenus trop chers. Les temps sont plus durs. Les industries ne mettront pas autant d’argent pour envoyer les compétiteurs en Nouvelle- Calédonie, à moins qu’on leur propose quelque chose de nouveau, d’encore plus intéressant. » La présidente constate que les équipementiers et autres sponsors sont de plus en plus friands de courses géantes, où les amateurs peuvent se frotter aux professionnels. En France, le grand événement du genre est le Défi Wind : depuis 2001, près de 1 000 véliplanchistes s’élancent sur le plan d’eau de Gruissan, en Méditerranée. Cette année, en cinq manches de 40 km, c’est le Calédonien Nicolas Goyard qui l’a emporté devant la légende Antoine Albeau et le reste du gratin mondial.

C’est ce genre d’événement que Stéphane Bouquillard veut organiser dès 2023, mais ce n’est pas tout : la PWA a également été sollicitée pour organiser la Dream Cup quelques jours avant le Défi Wind. Tout en un. « C’est encore plus ambitieux que tout ce que l’on a fait, mais c’est la marche à suivre pour continuer à exister. »

UN BUDGET À BOUCLER

Des représentants de Défi Wind assisteront à la BlueScope Race et effectueront un repérage, fin novembre, sur le lagon. Il est question, pour l’heure, de trois manches sur un parcours de 60 à 80 kilomètres, qui pourrait être une boucle entre Nouméa et l’épave de l’Ever Prosperity, au large de Ouano. « Une sorte de Paris-Dakar des mers » pour les 200 professionnels et amateurs qualifiés via la BlueScope Race. De tels nombres nécessiteront une organisation imposante, notamment pour assurer la sécurité – 30 bateaux et 100 bénévoles sont impliqués dans la BlueScope Race, 20 kilomètres sur une journée. La question du financement est donc cruciale, c’est même l’enjeu principal désormais : il faut trouver près de 25 millions de francs.

Les entreprises et les collectivités seront sollicitées par l’ANG. Stéphane Bouquillard tente de persuader les structures liées au tourisme de l’intérêt de son projet. « On a des terrains de jeux nautiques, terrestres et aériens exceptionnels. C’est en proposant ce genre d’événements XXL, grandioses, que l’on captera l’attention des marchés de niche », ceux des voyageurs relativement fortunés.

POUR LA LIGUE DE VOILE,
« UNE OPPORTUNITÉ EN OR »

« Ailleurs, les gens ne voient pas toujours la Calédonie comme un endroit où on peut faire de la voile », constate Gilles Énée, président de la ligue, qui voit le grand projet de Stéphane Bouquillard comme « une opportunité en or » pour ces disciplines, à plusieurs égards. Le Centre d’activités nautiques de la Côte- Blanche tente actuellement de convaincre les équipes de France d’élire domicile à la Côte- Blanche pour préparer les Jeux olympiques de Paris 2024. « Un grand événement en 2023 à Nouméa renforcerait sa candidature, et serait également un gros avantage en vue de Brisbane 2032. »
Le Défi Wind serait également idéal pour faire progresser les amateurs. « On en a parlé à des jeunes compétiteurs. Se frotter aux meilleurs, ils n’attendent que ça. » À tel point que certains pourraient préférer le Défi Wind aux Jeux du Pacifique, qui auront exceptionnellement lieu en novembre l’année prochaine. « J’ai bien peur que cela fasse partie des difficultés… », anticipe Gilles Énée, qui s’attellera à trouver des solutions. « Pour nous, le projet de Stéphane est une opportunité en or. Si elle cherche des soutiens, elle aura le nôtre, sans équivoque. »

Gilles Caprais

Photo : Tous supports confondus (rame, planche, kite, Hobie Cat, J70, habitables…), près de 150 embarcations seront au départ de la BlueScope Race 2022. EyeFly Pacifique / ANG

Cette année, un premier classement pour le wingfoil

Une planche hors de l’eau, un foil sous la surface, une voile à bout de bras : la discipline, qui fait partie des plus récentes dans les sports de voile, avait été représentée pour la première fois sur la BlueScope Race en 2020 par Clément Colmas, spécialiste du stand-up paddle. Cette année, une vingtaine de concurrents sont inscrits en wingfoil, de quoi faire une vraie compétition. Parmi eux, Sarah Hébert, championne d’Europe de planche à voile en 2006, revenue vivre en Nouvelle- Calédonie il y a quelques semaines. « Sur l’Anse-Vata, c’est tranquille, mais en plein lagon… Dès qu’on rajoute un foil, il faut beaucoup de concentration. Il faut une excellente lecture du plan d’eau, du creux et du dos de la vague, parce qu’on risque en permanence l’en avant, la catapulte. Mais cette difficulté, c’est aussi ce qui fait l’intérêt du wingfoil. »