Année capitale dit l’UC : « L’histoire vient frapper à la porte de notre peuple »

La trêve politique n’aura duré que quelques jours en ce début d’année, quel que soit d’ailleurs le camp dans lequel on se place. Chez les Républicains, la bataille fait rage autour des investitures et les décisions prises à Paris auront des conséquences majeures dans les semaines et les mois et à venir. Chez les indépendantistes, plus particulièrement à l’Union calédonienne, le top départ d’une année capitale a été donné voici moins d’une semaine à Pouébo. Dans son discours d’ouverture, le président, Daniel Goa, a fixé les priorités de son mouvement et envoyé quelques messages.

Si vous avez aimé l’année politique 2016, vous allez adorer 2017. Janvier n’est pas encore passé que les pièces de l’échiquier se mettent en place les unes après les autres.
Samedi dernier à Pouébo, l’Union calédonienne a fait connaître ce qui sera sa ligne politique pour le dernier acte avant le référendum de sortie de l’Accord de Nouméa. Sans surprise, les militants du plus vieux parti calédonien promettent de prendre leur bâton de pèlerin et d’arpenter le pays pour réveiller les consciences.
En ayant annoncé en fin d’année que l’UC ne participerait pas de manière active aux campagnes électorales pour les présidentielles et les législatives, Daniel Goa avait déjà ouvert la voie à ce mode d’action.

L’année 2017 devrait donc être mise à profit pour continuer de convaincre de l’utilité, pour ne pas dire de la nécessité, de mettre en œuvre cette fameuse assemblée référendaire. Mais avant tout, il s’agira surtout d’obtenir de l’État, c’est-à-dire du prochain président de la République et de sa majorité à l’Assemblée nationale, qu’il trouve une solution juridique afin que tous les Kanak soient inscrits automatiquement sur la liste référendaire.

L’inscription d’office des Kanak sur la liste référendaire

Car, si certains, à Paris comme à Nouméa, continuent de dire et d’écrire que cette question est politiquement close, ils se trompent ou ils mentent. Ce n’est pas parce que, à la faveur d’un relevé de conclusions, cette mention a été signée, que l’Union calédonienne se sent tenue d’une quelconque manière. Évidemment que ce dossier n’est pas clos et il l’est d’autant moins qu’il constitue pour l’UC un outil de propagande efficace mais également, en dernier recours, le moyen de contester la sincérité du scrutin d’autodétermination de l’an prochain.

Dans le viseur des responsables de l’Union calédonienne, les jeunes du pays, comprendre la jeunesse kanak, une jeunesse que Daniel Goa dit « isolée du marché de l’emploi, une jeunesse qui ne se retrouve pas dans un système qui la raye de la carte ». Une jeunesse qui n’aurait d’autre choix que l’oisiveté. Si la démonstration n’est pas nouvelle, elle sert, une fois n’est pas coutume, à dénoncer les dérives de certains.

Les actions politiques mises à mal avec les incidents de Saint-Louis

Et Daniel Goa n’hésite pas à prendre l’exemple de Saint-Louis pour faire part de son exaspération devant des actes et des faits qui mettent à mal, de son point de vue, toutes les actions politiques de son parti. Quand il indique que les caillassages et les tirs par armes à feu sur des riverains sont inadmissibles et intolérables, il fait non seulement comprendre que de tels agissements mettent à mal le discours des indépendantistes en général, mais il adresse aussi un double message.

Le premier, à ceux qui pensent que cette violence peut constituer un outil de pression dans la perspective des prochaines échéances électorales ; le second, à Roch Wamytan et plus globalement à tous ceux « du Sud » jugés bien silencieux dès lors qu’il s’agit d’affirmer la nécessité de mettre hors d’état de nuire des délinquants ultra-violents qui trouvent refuge à Saint-Louis et dans ses environs. À ce titre, le président de l’UC n’hésite d’ailleurs pas à annoncer qu’il allait prendre attache avec les autorités compétentes pour que « dans le respect des lois républicaines » un terme soit mis aux exactions.

Sur le fond, l’année 2017 de l’Union calédonienne sera donc essentiellement faite d’actions de terrain pour tenter de convaincre, a priori en interne, c’est-à-dire au sein de la famille indépendantiste, que son projet d’indépendance est viable, qu’il est le seul d’ailleurs à être légitime.

Vis-à-vis des autres partenaires de l’Accord de Nouméa, il s’agira d’obtenir l’inscription automatique ou à défaut, de prendre acte du refus par l’État d’y procéder. En interne, enfin, les tensions ne devraient pas s’atténuer, que ce soit dans le parti lui- même où les questions de leadership restent pendantes ou en direction des « camarades » du Palika qui ne semblent pas, pour l’instant du moins, sur la même ligne politique, même si, UC et Palika se retrouvent au Congrès de la Nouvelle-Calédonie et au gouvernement pour constituer un majorité de projets avec Calédonie ensemble.

Reste à savoir ce que présage cette alliance objective.

C.V.