AMC : « L’urgence, c’est de tenir »

Six techniciens sont employés dans l’atelier d’usinage d’AMC, dont l’activité va s’amenuiser dans les jours à venir. (© A.-C.P.)

Premiers touchés par la mise en veille de KNS, les sous-traitants craignent pour la survie de leur outil de travail. Le principal objectif de la société de chaudronnerie AMC à Ducos, Nouméa, est de « préserver sa trésorerie pour éviter de mettre la clé sous la porte ».

« Normalement, ça grouille, c’est une fourmilière de 30 personnes qui se battent avec des fers à souder », décrit Vincent Reuillard, gérant d’AMC, montrant l’atelier de chaudronnerie sur lequel donne son bureau. La vision tranche avec les propos. Le hangar est quasiment vide, silencieux, bien loin de l’agitation habituelle, ce mercredi matin. « D’ordinaire, il faut mettre des bouchons d’oreille tellement il y a du bruit. »

L’entreprise subit, depuis novembre, un important fléchissement de l’activité. « Prony Resources et la SLN ont intensifié la réduction de leurs dépenses. KNS menaçait de fermer, mais continuait de nous faire pas mal travailler », témoigne Vincent Reuillard. Sans que cela soit suffisant. En un mois, la société de chaudronnerie a dû se séparer de 11 CDD, ses effectifs tombant de 48 à 37 salariés entre 2023 et 2024. Sans compter la douzaine de sous-traitants dont les contrats n’ont pas été renouvelés. Une situation « déjà alarmante » aggravée par la mise en veille de KNS. D’autant qu’AMC a réceptionné, en fin d’année dernière, de nouvelles machines commandées des mois plus tôt et qu’il va falloir rembourser.

La direction de Koniambo a été claire avec ses fournisseurs sur la suite des événements, leur annonçant, lors d’une réunion mardi 13 février, souhaiter « annuler tous les contrats progressivement jusqu’au 31 août afin de laisser place nette au futur repreneur ». En attendant, de « petits boulots » pourraient être effectués « à la demande ». Mais, le contexte favorise une compétition rude entre les prestataires. « Certains cassent les prix, ce qui dérègle un peu le marché. »

DES COUPES NÉCESSAIRES

La préoccupation de Vincent Reuillard, à la tête d’AMC depuis trois ans : tout faire pour « préserver la trésorerie et éviter de mettre la clé sous la porte dans deux mois ». La masse salariale n’en sortira pas indemne. « On sera obligés de faire des coupes. » Une autre perte importante pour l’entreprise. « On a mis du temps à recruter et former le personnel, ce sera dur d’en retrouver. » Un profond sentiment de gâchis. « Il y a une sensation de détruire notre outil de travail, de briser des vies, celles de pères de famille qui ramènent l’argent tous les mois à la maison, c’est très dur. »

L’activité s’est déjà réduite à l’atelier chaudronnerie. (© A.-C.P.)

Les prévisions ne sont guère optimistes pour la structure, dont l’histoire a commencé en 1964, les trois usines représentant 90 % du travail (34 % pour KNS, 30 % pour Prony et 25 % pour la SLN). Son cœur de métier : la transformation du métal. « On fabrique des pièces métalliques de quelques grammes à plusieurs dizaines de tonnes, des trémies de chargement de minerai, des cuves… », explique Vincent Reuillard. Avec l’arrêt de KNS et une très forte diminution des missions pour Prony et la SLN, à qui les vendre désormais ? Aller chercher du côté des 10 % d’activité restants, constitués de mineurs et d’acteurs du BTP, un secteur également en crise ?

Les possibilités de diversification semblent réduites, même si le gérant y songe. « On est dans une démarche d’élargir notre marché, il va falloir concentrer notre énergie sur d’autres projets, mais il ne faut pas se leurrer, il n’y aura jamais en Nouvelle-Calédonie un secteur qui génèrera autant d’activité que le nickel dans la transformation métallurgique. » Parallèlement, les équipes établissent des prévisionnels. Et Vincent Reuillard espère que des solutions d’aide émergeront de la cellule de suivi et d’accompagnement mise en place par le gouvernement, comme l’exonération de cotisations sociales pendant un temps. L’urgence est « de tenir » par tous les moyens.

A.-C.P.