Aloisio Sako : « C’est la première fois que la famille indépendantiste se retrouve dans ce format »

Le week-end dernier, le FLNKS a tenu son 39e Congrès à la salle omnisports de l’Anse-Vata. Les messages de la campagne référendaire ont été affinés et les partenaires associatifs, syndicaux, coutumiers et religieux associés. Retour sur ce premier grand rendez-vous politique du Oui, avec Aloïsio Sako, animateur du bureau politique.

DNC : Tenir un congrès à l’Anse-Vata, c’était un symbole avant ce dernier référendum ?

Aloïsio Sako : Oui, en faisant ce congrès ici, nous avons voulu montrer qu’il n’y a qu’un seul pays, la Calédonie, du Nord au Sud et dans les Îles et que ce combat pour le Oui, c’est celui d’une appartenance à un pays.

Vous dites également que c’est dans le Sud que se trouvent 15 000 des 25 000 abstentionnistes …

Dans le Grand Nouméa, jusqu’ici, nous n’avons pas franchi notre objectif qui était d’aller au-delà de 30 %. Il faut donc effectivement encore travailler et rassurer pour dire que l’indépendance est viable, qu’il faut stabiliser le pays et que seule l’indépendance apportera cette stabilité politique. Nous allons mener une campagne très originale pour mieux nous adapter au terrain et au Grand Nouméa, qui n’a pas la même configuration que les tribus, les Îles ou le Nord.

L’une des motions du FLNKS dénonce « la campagne de peur orchestrée par les promoteurs du Non sur l’après consultation ». Expliquez-nous.

C’est le thème classique que la droite a toujours employé à chaque élection. Il y a eu l’exemple du Vanuatu, puis le mouvement de Saint- Louis, ensuite la France qui va se retirer et le pays qui va sombrer dans le chaos alors que le contraire vient d’être affirmé : il y aura une période transitoire. Quant aux moyens du pays : la Nouvelle- Calédonie n’est pas le Vanuatu quand même ! Nous avons un PIB très élevé. Dans la région, on vient tout de suite après la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Il faut arrêter les mensonges. Je crois que les Calédoniens ne méritent pas ça. Ils méritent qu’on parle des réalités du pays pour qu’ils fassent en toute liberté des choix pour l’avenir.

Le document du Oui et du Non est décidément au cœur de cette campagne. Le FLNKS parle, pour sa part, d’un manifeste de propagande pour le Non…

Dans la lecture, c’est d’abord un document juridique : voilà ce que dit le droit interne, le droit international, etc. Et ça peut faire peur à quelqu’un qui n’est pas du tout initié, c’est tendancieux. C’est pour cela que nous allons le reprendre et apporter des éléments politiques pour mieux continuer à éclairer les Calédoniens.

On peut donc s’attendre à ce que vous apportiez des éclaircissements sur ce que vous envisagez, par exemple, en matière de partenariats, de financements, etc. ?

Oui, nous sommes en train de travailler sur ce document avec nos frères qui nous ont rejoints pour cette campagne, et c’est ce travail qui sera porté par tous.

On observe que vous avez élargi pour ce dernier référendum les partenaires du Oui…

C’est bien la première fois que la famille indépendantiste se retrouve dans ce format. En d’autres temps, on se retrouvait pour des concerts ou des meetings, mais là, en congrès, pour apporter sa pierre à la construction de cette stratégie, c’est historique et je pense que c’est salutaire pour l’ensemble des Calédoniens. On ne peut pas engager les Calédoniens dans une voie où les gens sont divisés. Et là, dans notre camp en tout cas, toute la famille était rassemblée. C’est un signe envers tout le pays de notre capacité à associer tout le monde à l’élaboration de ce travail, s’agissant d’un enjeu pour le pays et le bien-être de nos populations.

Vous affirmez que la campagne se fera sur le terrain et dans les institutions. Qu’est-ce que cela signifie ?

Les gens pourront, en effet, comparer ce qui a été fait et engagé par nos représentants avec ce qui existait avant. Il y a en particulier des problèmes d’urgence qui se posent. Nos adversaires ont ainsi proposé un prêt de l’État (NDLR : pour combler le déficit du Ruamm). Nous, nous disons qu’on va, chez nous, assumer nos responsabilités puisque nous avons les moyens financiers dans le pays.

En quoi consistera la campagne de rassemblement entre octobre et novembre ?

La campagne a déjà commencé auprès de notre électorat. Nous attendons la sortie de notre document qui prend en compte les contributions de nos partenaires et on accentuera alors le fait d’aller vers les autres. Parce qu’il s’agit bien, dans ce vote, de l’appartenance d’un peuple à un pays. Le peuple originel avec toutes les communautés qui sont arrivées, c’est un peuple en émergence dans un pays émergent.


Une campagne en quatre étapes

La préparation de la campagne se déroule jusqu’au 31 août. La campagne de proximité débutera en septembre. Suivra la campagne de rassemblement avec de grandes réunions en octobre et novembre, avant la campagne officielle.


Deux motions pour le gouvernement

Deux motions déposées par le FLNKS concernent l’action du gouvernement. La première demande que des discussions soient engagées avec le secrétariat général du groupe Fer de lance pour l’intégration progressive de la Nouvelle-Calédonie. « Ceci afin qu’elle soit membre à part entière une fois que le pays sera indépendant », précise Aloïsio Sako. Le FLNKS a par ailleurs soutenu les mesures prises par le gouvernement – qu’il avait appelées de ses vœux – pour maintenir le territoire dans une situation Covid-free et il incite l’ensemble des citoyens à se faire vacciner.


Le FLNKS dénonce la partialité de certains médias

L’une des motions du FLNKS « interpelle l’État français au respect des équilibres démocratiques et dénonce la partialité de certains médias ». « De manière générale, on ne se fait pas trop d’illusions parce que nos médias sont des médias d’opinion, explique Aloïsio Sako. Par contre, nous avons NC La 1ère qui est un outil aux mains de l’État pour le moment. Donc on attire l’attention : pour la construction d’un pays réconcilié, il convient d’équilibrer les choses. Les médias ont aussi une responsabilité de faire en sorte que tout se passe pour le mieux pour les uns et les autres. » Les Loyalistes avaient également mis la pression sur la chaîne publique il y a quelques mois…

C.M.