Allaitement : Loin des recommandations de l’OMS

La semaine prochaine sera celle de l’allaitement dans le monde. L’occasion de faire un point sur la situation en Nouvelle-Calédonie avec l’association SOS allaitement et le CHT Magenta. 

L’allaitement, une pratique naturelle pour la plupart des femmes, ne coule pas de source pour d’autres. Une étude datant d’avril 2013, menée par les centres médico- sociaux sur la province Nord, montre que 90 % des femmes allaitent à la sortie de la maternité, 51 % au premier mois du nourrisson. Le chiffre tombe à 33 % lorsque le bébé atteint quatre mois. En province Sud, les chiffres sont plus bas, à cause du travail, selon le médecin-conseil du CHT Magenta, Sarah Ong : « En 2012, environ 75 % des femmes allaitent à la sortie de la maternité, 35 % à 6 semaines et entre 3 et 1 % à 6 mois.»

Depuis, aucune étude n’a été faite sur le sujet, mais cela confirme que ces chiffres sont bien loin des recommandations des campagnes mise en avant par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : six mois d’alimentation exclusive au sein à poursuivre jusqu’aux 2 ans de l’enfant, associée à la diversification alimentaire. Il faut savoir que seulement quatre pays au monde ont un taux initial d’allaitement à la sortie de la maternité de moins de 80 % dont la France et que depuis plusieurs années, seuls certains pays comme les États-Unis, la Norvège et la Suisse ont réussi à progresser en favorisant le soutien aux mères et aux associations concernées.

Être à l’écoute

Pour augmenter le nombre de femmes allaitant leur enfant, il faut, selon Angéline de SOS allaitement en Nouvelle-Calédonie « veiller à être bien entourée et informée, s’informer par rapport aux croyances ou idées reçues sur l’allaitement, pratiquer plutôt un allaitement à la demande ». L’association met au service des femmes désireuses d’allaiter un livret d’information distribué gratuitement chez les sages-femmes et dans les maternités, une permanence téléphonique 7 jours sur 7 (94 31 49).

Elle organise des réunions mensuelles à la Maison de la famille pour rencontrer les mamans allaitantes ou enceintes qui participent aux semaines de mobilisation sur l’allaitement en province Nord et Sud. L’occasion de rappeler les bienfaits de l’allaitement comme durant la Semaine mondiale de l’allaitement maternel qui est organisée chaque année, du 1er au 7 août, dans plus de 170 pays pour promouvoir cette pratique afin que les nourrissons du monde entier soient en meilleure santé.

Les bienfaits de l’allaitement

Il a été démontré que l’allaitement renforce les défenses immunitaires. En allaitant, la mère transmet ses propres anticorps à l’enfant : les IGA (immunoglobulines A), dont est particulièrement chargé le colostrum. Ces éléments rendent la muqueuse de l’intestin du bébé imperméable aux agents infectieux. D’où des avantages innombrables sur la santé des enfants allaités, à l’intensité proportionnelle à la durée de l’allaitement.

Les bébés nourris au sein ont dix fois moins de chance d’être hospitalisés pendant la première année que les bébés nourris au biberon, cinq fois moins de risque d’être touchés par des gastro- entérites à rotavirus et subissent trois fois moins d’affections diarrhéiques et seront des enfants moins sujets aux allergies. Autre bienfait de l’allaitement, le lait maternel possède des composants nutritionnels essentiels, qui plus est, il s’adapte dans sa composition au fil de la tétée : d’abord la boisson, eau et sels minéraux, dotée de petites protéines maternelles sucrantes, anti-infectieuses et enzymatiques, et le lactose. Puis les caséines et enfin, les graisses. C’est pourquoi la seule nourriture au sein est suffisante, au moins la première année.

Selon les spécialistes, l’allaitement permet également un rapprochement émotionnel avec l’enfant, c’est la nourriture affective par excellence. Les services de santé et l’OMS mettent aussi en avant que l’allaitement, s’il est bien entendu gratuit et plus pratique que de donner le biberon, permet à la maman de se remettre plus rapidement de l’accouchement. La tétée précoce et les contractions utérines qu’elle provoque diminuent les risques d’hémorragie et aident l’utérus à reprendre plus vite sa taille, sa forme et sa tonicité. Et donc à retrouver plus rapidement un ventre plat. Un atout encore plus crucial pour une femme qui a subi une césarienne.

Enfin, l’allaitement est considéré comme une véritable anti-déprime pour la jeune maman, de par les endorphines secrétées au moment de la tétée, et pour couronner le tout, des études récentes montrent que l’allaitement contribue à faire diminuer de près de moitié les risques de cancer du sein. Il a aussi un rôle préventif des cancers de l’ovaire, de l’ostéoporose à la ménopause, ainsi que des infections urinaires et de l’endométriose. Par ailleurs, la phase d’allaitement correspond souvent à une rémission de maladies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde, le lupus et la sclérose en plaques.

C.S. 

Crédit AFP


Les idées contre l’allaitement 

Pour la grande majorité des sages-femmes, médecins ou associations, beaucoup de nouvelles mamans avancent qu’elles n’allaitent pas parce que cela fait des crevasses aux seins, qu’il y a engorgement, qu’allaiter fait mal, que c’est difficile à gérer si on a trop de lait ou encore qu’il est difficile d’allaiter dans un lieu public et que le lait artificiel est aussi bien. Les spécialistes répondent concernant la douleur, qu’allaiter peut être difficile les deux premiers jours car il faut que la peau du mamelon s’habitue à être fortement aspirée par la succion. Une gêne qui va disparaître. L’engorgement du sein peut se régler en mettant plus souvent bébé au sein, selon les sages-femmes. Enfin le reste n’est que question de disponibilité et de volonté. Concernant le lait artificiel, il ne remplace en aucun cas le lait maternel mais peut être un bon complément.


L’allaitement contre l’obésité

Le caractère anti-obésité du lait maternel est un fait avéré. D’après des études britanniques, l’allaitement maternel suivi pendant au moins six mois réduit le risque de surpoids de plus de 30 % et celui d’obésité véritable de plus de 40 %. Car, très gras, les lipides contenus dans le lait humain freinent la multiplication des cellules pendant les premières années de l’enfant. Par ailleurs, un bébé allaité régule seul son appétit, contrairement à celui nourri au biberon.