Alain Descombels dégoupille une « affaire MNC » contre ses ex-amis politiques…

La Maison de la Nouvelle-Calédonie (MNC), un formidable outil parisien au service du destin commun et envié des autres territoires ultramarins, est aujourd’hui au cœur d’une « affaire de gabegie financière », que dénonce Alain Descombels. Opération mains propres d’un candidat à la députation ou règlement de comptes entre amis d’hier ? Un dossier circulerait au parquet financier de Paris.

De retour de Chine et désireux de se relancer dans la vie publique calédonienne pour contrer « la désastreuse politique économique que nous inflige Calédonie ensemble », Alain Descombels avait prévenu qu’il « avait des biscuits pour déstabiliser l’establishment gomésien ». Il s’en sert maintenant : en pleine campagne législative, alors qu’il est lui-même candidat sans étiquette dans la 1re circonscription.

À l’origine de l’affaire : deux employés de la MNC, « qui, pour l’un, réalise un audit parallèle et personnel du fonctionnement de la Maison de la rue Ventadour et, pour l’autre, compulse et compile les factures et preuves de rémunérations, qui lui paraissent douteuses », explique Alain Descombels. L’une de ces personnes a été licenciée, l’autre serait sur le point de l’être. Toujours est-il qu’entre- temps, un dossier a été déposé auprès du parquet financier de Paris. « Et que le procureur et la brigade financière de Nouméa devraient être saisis pour enquête », croit savoir l’ancien élu Calédonie ensemble.

« Gomès : 4 millions de frais de taxi à lui seul ! »

Que dénonce ce dossier déposé au procureur de Paris ? « Que les 530 millions de CFP de budget de la MNC sont gérés de façon désordonnée et conduisent à une dérive des dépenses de fonctionnement ; que le management, enfin, relève davantage des petits arrangements entre amis », répond Alain Descombels, qui use du terme de « malversations financières ». Premier scandale, selon lui, celui des déplacements d’élus dans la capitale, « y compris week-ends et jours fériés, précise-t-il, limousine ou voitures avec chauffeur ».

Qui est visé ? La plupart des élus abusent, dit le fameux dossier. Mais les exemples sont assez significatifs : « Comment expliquer que la délégation Calédonie ensemble au Comité des signataires dépense 2,5 millions de francs en déplacements divers, alors que dans le même temps la délégation Les Républicains n’en ait que pour 500 000 francs ? », s’interroge Alain Descombels. « Comment justifier, poursuit l’ancien patron de PromoSud, que Philippe Gomès dépense 4 millions de francs à lui tout seul en déplacement (voiture avec chauffeur, Uber et limousine) en une année ? »

« Immoral, pas illégal ! »

Attention, rien de répréhensible dans ce fait : le député a droit à cette prestation. Depuis 2015, le président de la MNC, Philippe Michel, a restreint ces avantages « aux seuls parlementaires et autres présidents d’institutions », sauf autorisation de sa part. Un pouvoir discrétionnaire qui heurte le candidat Descombels. « Reste, ajoute-t-il, que lorsqu’on se fait le chantre des pauvre contre les riches, comme le fait Philippe Gomès, ce qui est légal n’est pas forcément moral, ni éthique ! ».

Un autre volet de ce dossier déposé au parquet pointe le salaire confortable du directeur de la MNC (mais certainement pas démesuré, compte tenu du niveau parisien NDLR) et surtout ses à-côtés : « 380 000 F de prise en charge de logement ; voiture Smart de fonction et frais d’essence payés en sus des notes de taxi Uber et surtout l’octroi d’une carte bleue qui lui servirait à des fins non expliquées comme des courses chez Leclerc… », note Alain Descombels.

Enfin, ce fameux rapport dénoncerait aussi « des avances faites en liquide sur la caisse de la MNC » à de nombreux visiteurs, notamment des indépendantistes, ainsi que « des notes de restaurant aux convives anonymes, pour des montants allant jusqu’à 400 000 francs pour deux couverts dans un trois étoiles Michelin des Champs- Elysées ». Immoral, mais pas illégal : admettons. Certains vieux politiques vous conteront que ce qui était impossible en début de matinée sur le papier, l’est devenu en fin d’après-midi après une « terrine de foie gras de canard à la marmelade de pêches » et des « filets de rouget à la vierge de légumes ». N’est-ce pas aussi comme ça que certains accords ont été scellés ?

« Mélenchon de droite »

Aussi, Alain Descombels s’accommode parfaitement du surnom de « Mélenchon de droite », qu’il a gagné dans cette affaire et se retranche derrière une « opération mains propres » qu’il « devait » aux électeurs calédoniens. Il promet en outre « de nouvelles révélations, proportionnées » dit-il, aux attaques qu’il subirait de ses ex-amis. À ce stade, Philippe Gomès a dénoncé « cette boule puante classique en période électorale » et Philippe Michel, l’actuel président de la MNC, a indiqué qu’il allait « porter plainte pour diffamation » contre son ancien alter ego à la province. On attend donc la suite.

Qu’espère alors Alain Descombels ? Que cette affaire, remplie de choses pas forcément illégales, mais discutables d’un point de vue moral et éthique, suscite auprès des électeurs calédoniens un même rejet de certains politiques qu’en Métropole, où le Penelope Gate avait coûté sa place à Fillon ?

M.Sp.