Aircalin : « On est presque aux chiffres d’avant Covid »

Georges Selefen est à la tête d’Aircalin depuis six mois. Il a succédé à Didier Tappero le 1er juin. © A.-C.P.

Alors qu’elle célèbre ses 40 ans, la compagnie à l’hibiscus rouvre la ligne avec Melbourne et propose une deuxième rotation vers Fidji et la Polynésie. Elle envisage de retrouver le niveau de salariés d’avant Covid en 2024 et de meilleurs résultats d’ici deux à trois ans, explique Georges Selefen, directeur général d’Aircalin. 

DNC : Que représente la réouverture de la liaison avec Melbourne et quelle est la tendance au niveau des réservations ?

Georges Selefen : C’est un enjeu majeur pour la compagnie, mais aussi pour la Nouvelle- Calédonie. Les coefficients de remplissage sont bons, autour de 75 à 80 %. On arrive sur la haute saison, donc on est très optimistes pour la suite. Il s’agit à la fois de Calédoniens qui attendaient cette ouverture avec impatience depuis plusieurs mois, et d’Australiens. Je pense qu’on tirera un premier bilan dans six mois. On verra ensuite s’il y a matière à intensifier ou revoir la voilure. Nous sommes aussi satisfaits du taux de remplissage sur la desserte Nouméa-Nandi-Tahiti.

Pourquoi la liaison Melbourne a mis plus de temps à rouvrir que celle de Sydney ?

Nous avions programmé l’ouverture pour la haute saison. Elle devait se faire au moment de la réception de notre quatrième appareil, un A320neo, dont la livraison a été retardée pour des raisons techniques. Il arrivera finalement quelques jours avant la fin de l’année. On a quand même maintenu l’ouverture de la ligne avec l’affrètement d’un A319 de la compagnie Amelia. Nous aurons ainsi deux A320neo qui desserviront les destinations australiennes, néo-zélandaises et Nandi-Papeete.

Le non-retour des touristes japonais a-t-il des conséquences sur la fréquentation de la ligne de Tokyo ?

Le bilan japonais n’est pas à la hauteur de nos attentes, mais nous tirons un peu notre épingle du jeu avec le marché France et Europe qui progresse. Cela ne permet pas de compenser l’absence des Japonais, mais d’équilibrer la destination long-courrier avec des taux de remplissage de 75 à 78 %.

Comment se porte la desserte Singapour, lancée il y a un an et demi ?

Pour nous, c’est un succès, parce qu’on a redéployé notre réseau long-courrier qui était essentiellement tourné vers le Japon sur Singapour. Nous avons des taux de remplissage de l’ordre de 78 %. Cela tire les résultats de la compagnie vers le haut. Concernant la venue de touristes, [ils étaient 480 environ en 2022 selon l’Isee, NDLR] on savait qu’attirer les Singapouriens en Nouvelle-Calédonie ne serait pas évident, parce que c’est un marché que nous ne connaissions pas. Mais si on regarde les chiffres des entrées touristiques, il y a une poche qui s’appelle « Autres », qui augmente. Singapour a permis de récupérer un trafic divers, Indiens, Indonésiens, Malais, ressortissants du Moyen-Orient, qui entrent ou transitent par la Nouvelle-Calédonie vers le Vanuatu, la Polynésie française ou la Nouvelle-Zélande. Nouvelle-Calédonie tourisme a une représentation sur place depuis le mois d’août, on espère que cela portera ses fruits.

Le bilan japonais n’est pas à la hauteur de nos attentes, mais nous tirons un peu notre épingle du jeu avec le marché France et Europe qui progresse.

Le trafic aérien a bien repris au niveau international depuis la fin du Covid. Est-ce que cette dynamique concerne Aircalin ?

Nous sommes pratiquement arrivés à nos références de 2019, même si le Japon n’est pas encore là, et on sait que sur les deux prochaines années, on devrait progresser sur les destinations australiennes et néo-zélandaises qui ont déja augmenté par rapport à ces chiffres. Nous sommes confiants.

Quelle est la situation financière de la compagnie, a-t-elle retrouvé son effectif d’avant la crise sanitaire ?

Il y a eu beaucoup de plans de départs volontaires, mais on est en train de reconstituer l’effectif au fur et à mesure de l’évolution de notre activité. Je pense qu’on retrouvera le niveau de 2019, c’est- à-dire environ 500 salariés, l’an prochain. Nous sommes en période de convalescence, nous n’avons pas encore atteint nos résultats d’avant Covid. On espère les retrouver à l’orée 2025-2026. On n’est pas déficitaires, on est à l’équilibre avec une progression constante.

Envisagez-vous d’ouvrir de nouvelles lignes ?

On est vraiment dans une perspective de croissance. Autour de nous, les compagnies sont en train de se réveiller, Qantas se développe sur le tronçon Paris, Fiji Airways arrive en Nouvelle-Calédonie, etc., Aircalin doit suivre le mouvement. Nous réfléchissons à d’autres perspectives que nous aurons l’occasion de vous annoncer plus tard, dans les mois à venir.

 

Le développement durable

Aircalin s’est engagée dans une démarche de réduction de son empreinte environnementale au premier semestre. Avec le renouvellement de la flotte et l’acquisition des A330neo et A320neo, la consommation de carburant et les émissions carbone devraient baisser de 15 à 20 % par siège, assure la compagnie. D’autres mesures sont mises en place au niveau des procédures de maintenance, de pilotage (plan de vol, logiciel d’optimisation du fuel) et de réduction des poids embarqués. L’avionneur annonce également vouloir diminuer ses émissions de 25 % en 2030 par rapport à 2019 grâce au développement du carburant durable aviation.

 

Propos recueillis par Anne-Claire Pophillat