Aircalin impatient de remettre les gaz

La compagnie aérienne a repris ses vols touristiques vers la Métropole en décembre et ceux vers Sydney lundi. Elle se tient prête à monter en puissance en fonction de la demande, travaille sur des campagnes de promotion et se prépare à ouvrir un hub à Singapour.

 

Selon les besoins

Depuis la réouverture du ciel avec la Métropole et l’Australie, Aircalin s’adapte selon la demande, avec une flotte qui ne compte plus quatre, mais trois avions. « On a de la chance parce qu’on sort de la crise avec des appareils neufs qu’on vient de recevoir, on a réussi à décaler la livraison du dernier en 2023, indique William Le Grand, directeur général adjoint affaires commerciales d’Aircalin. Cela n’a pas d’incidence, parce que de nombreuses routes sont encore fermées. »

Si le marché touristique reprend, la compagnie accommodera la fréquence et la capacité des vols. « Pour l’Australie, l’offre devrait s’étoffer aux vacances d’avril, et on pense retrouver notre vitesse de croisière en juin, soit quatre liaisons sur Sydney et trois sur Brisbane. » Un travail est également en cours avec Nouvelle-Calédonie Tourisme sur des campagnes de promotion. « Il va falloir réinvestir sur les marchés, mais le plus important, c’est de savoir si le pays rouvre, on est en attente de la levée de la septaine. »

 

« Je rêverais d’un vrai ministère du tourisme »

William Le Grand, directeur général adjoint affaires commerciales chez Aircalin.

 

Pour William Le Grand, la Nouvelle-Calédonie a « tout ce qu’il faut » : une destination confidentielle, authentique, sécuritaire et avec de « belles choses à découvrir ». « Tout n’est pas parfait, mais il faut continuer en mettant l’accent sur la préservation du territoire, de la nature, de la culture, avoir un positionnement éthique. Avec la crise, les gens vont être plus sensibles à cela. » Ce qui manque ? Professionnaliser le tourisme et en faire un secteur d’activité à part entière. « Je rêverais qu’il y ait un vrai ministère du Tourisme. C’est pourvoyeur d’emplois, donc il ne faut pas le négliger, c’est l’avenir. »

William Le Grand évoque des pistes pour diversifier l’offre, comme l’augmentation du nombre d’unités du type Betikure à Bourail, l’Oasis de Tendéa à Farino, etc. « Cela se vendrait très bien et cohabiterait avec les ensembles de Nouméa. On pourrait ainsi proposer quelque chose d’un peu plus aventureux. » Le responsable voit également d’un bon œil l’ouverture du Wadra Bay, à Lifou. « Quand les touristes viennent dans ce genre d’hôtel, ils veulent quelque chose d’exclusif et on est dans un endroit extraordinaire pour cela. » Des discussions sont en cours pour acheminer directement les voyageurs de La Tontouta à Wanaham afin d’attirer notamment les Australiens. « Ils pourraient y passer quatre jours, comme quand ils vont dans le Queensland, on n’est pas plus loin. »

 

Un hub à Singapour avant la fin de l’année

Aircalin ne dessert plus l’aéroport d’Osaka, au Japon, dont la fermeture était déjà en réflexion avant la crise. La stratégie est de réorienter le trafic sur Tokyo. « C’est notre route Nouméa-Paris, cela représente le plus gros de notre flux, la région est plus dynamique en apport de touristes que celle d’Osaka et il y a davantage de correspondances », détaille William Le Grand. Conséquence, les revenus et les volumes étaient inférieurs à Osaka, « structurellement déficitaire », alors que Tokyo est à l’équilibre, voire rentable.

En parallèle, le transporteur envisageait le lancement d’une nouvelle ligne en Asie. Singapour s’est imposé face à Pékin, Shanghai et Hong-Kong. « C’est le hub le plus performant de la région asiatique. Il se trouve dans le sud-est et va nous permettre d’ouvrir une route différente de celle du Japon, qui va venir en complément, et nous éviter d’être dépendant d’un seul aéroport pour le trafic de correspondances. » Singapour permet aussi de se rendre plus rapidement en Asie qu’en passant par l’Australie, les voyageurs aiment y faire du stop-over et il ouvre à de nouveaux flux touristiques en provenance d’Asie et d’Europe.

 

« Les billets sont au même tarif que nos concurrents »

Le tarif des billets d’avion est souvent critiqué. Est-ce que cela freine le développement du tourisme international ? Non, répond William Le Grand, car la compagnie essaye de s’aligner sur les tarifs proposés dans la région. « On est environ au même prix que nos destinations concurrentes, comme Fidji et le Vanuatu, on veille à ne pas être en décalage. Pour un Australien, c’est à peu près le même budget pour se rendre sur une de ces trois îles. » La compagnie réserve des sièges à un prix dédié toute l’année et mène des campagnes de promotion. « Les tours opérateurs ne nous ont jamais reproché le tarif des billets, insiste William Le Grand. C’est ici que l’on dit cela et c’est une idée reçue. Et maintenant, c’est quasiment les mêmes prix pour les Calédoniens qui veulent aller en Australie. »

 

Anne-Claire Pophillat (© Kurt Ams et A.-C.P.)