Terre de marécages à l’arrivée des troupes françaises au XIXe siècle, Nouméa a façonné ses côtes avec les scories issues de l’usine de Doniambo.
La décision du capitaine Tardy de Montravel, en 1854, sur l’aménagement du chef-lieu de la colonie est curieuse. Une réflexion stratégique prime pour l’établissement de Port-de-France, future Nouméa. Toutefois, le terrain de la presqu’île est bien accidenté. Dès l’année suivante, le commandant Coffyn pense déjà au remblayage en vue de gagner des espaces sur la mer. Des travaux sont d’ailleurs entrepris un peu plus tard en baie de Nouméa. Des transportés s’éreintent dans le marais de Montravel. En plusieurs endroits, le marécage est cause d’insalubrité.
Dès le lancement de l’usine dite des Hauts Fourneaux dédiée au traitement du minerai de nickel à la pointe de Doniambo en 1910, le propriétaire Ballande sollicite auprès du gouverneur le droit d’étendre sa superficie avec les résidus produits. L’accord n’arrive pas tout de suite, mais l’idée s’ancre bel et bien dans ce sol. Comme après la Seconde Guerre mondiale, où les scories de la SLN, couvertes par une couche superficielle de schiste, stabilisent des endroits destinés à la construction à la Vallée-du-Tir.
La première grande concession d’endigage pour l’extension de Doniambo intervient après la signature d’une convention le 28 avril 1967 entre la Société Le Nickel et le territoire. Le boom du nickel dans les années 1970 offre des volumes considérables de résidus et, par effet ricochet, des remblais ici et là. La liste des chantiers s’étend au fil des années. L’anse Uaré, Ducos, la baie de la Moselle, la liaison vers Nouville… Les livraisons de scories ont rythmé le développement de Nouméa.
Yann Mainguet