20 actions pour la sécurité à Nouméa

La ville de Nouméa a signé, le 18 mai, son contrat local de sécurité avec ses partenaires que sont l’État, le procureur de la République, la province Sud et le gouvernement. Ce document contient 20 fiches action pour répondre aux grands enjeux en matière de sécurité dans les quatre prochaines années.

Nouméa concentre la moitié des faits de délinquance de l’ensemble du territoire. C’est l’un des constats dressés à l’occasion des travaux préparatoires du nouveau contrat local de sécurité de Nouméa pour la période 2021-2025. Le document a été officiellement signé, le 18 mai, par Sonia Lagarde, le maire de Nouméa, Laurent Prévost, le haut-commissaire, Yves Dupas, le procureur de la République, Philippe Blaise, le premier vice-président de la province Sud, et Isabelle Champmoreau, représentant le président du 16e gouvernement. Le contrat avait déjà été présenté, lors du dernier conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), le 15 avril.

Il contient 20 fiches d’action qui s’articulent autour deux grands axes que sont la prévention et la répression. Elles permettent d’aborder des thématiques bien précises qui découlent du diagnostic réalisé par les partenaires. Un des constats les plus frappants est la diminution de l’âge auquel les plus jeunes commencent à se faire connaître des forces de l’ordre. Jusqu’à présent, les publics cibles étaient, au minimum, âgés de 16 ans. Les éducateurs de rue auront désormais la charge de jeunes « en errance » à partir de 12 ans.

Un triste constat qui questionne quant à l’efficacité des programmes précédemment mis en place, à commencer par ceux visant à lutter contre le décrochage scolaire. Sur ce point, Isabelle Champmoreau s’est montrée particulièrement optimiste, se félicitant que 327 jeunes aient été suivis dans les collèges et 86 dans les écoles au cours de l’année 2020. Pour rappel, la lutte contre le décrochage scolaire a débuté en 2001 sans que les différents dispositifs puissent être parfaitement évalués en raison de difficultés à identifier les jeunes qui sont véritablement en échec.

Les violences au sein des familles, qui constituent une « réalité hors norme sur le territoire », sont une autre priorité des partenaires, comme l’a souligné Yves Dupas. Un stage pour les primo-délinquants sera mis en place au mois de juin sur cette question particulière. Dans le même registre, un intervenant social sera mis à disposition dans les locaux de la police nationale afin de venir en aide aux victimes. Un dispositif complété par une subvention à l’Association pour l’accès au droit et l’aide aux victimes (Adavi).

Cette problématique de violences intrafamiliales est souvent intimement liée aux difficultés de certaines familles à éduquer leurs enfants. Comme l’a également rappelé le procureur de la République, un dispositif de reconnaissance des mineurs « en errance » a été mis en place, dans le cadre de la protection de l’enfance. En complément, le contrat local de sécurité prévoit la création d’un conseil pour les droits et les devoirs des familles. Il s’agit d’un dispositif d’aide à la parentalité qui aura pour objet de mettre en lien, le jeune, sa famille et un représentant de la mairie afin de traiter les difficultés le plus rapidement possible et de façon concertée.

De manière plus générale, afin d’améliorer le traitement de la délinquance, les signataires ont unanimement mis en avant l’importance du travail partenarial entre les différents acteurs et l’importance de résultats particulièrement attendus par la population, comme l’a souligné Philippe Blaise. Si ces dispositifs essentiellement juridiques et sécuritaires apportent certainement des réponses aux préoccupations des Calédoniens, on peut s’interroger sur la tendance lourde de la délinquance, vu l’évolution des chiffres. Le contrat n’explore que peu les fondements et les politiques sociales susceptibles d’apporter des solutions. Si les moyens des forces de l’ordre et de sécurité ont été très sensiblement renforcés ces dernières années, c’est loin d’être le cas des moyens alloués aux dispositifs visant à lutter contre les inégalités, en particulier en matière d’éducation.

M.D.