1er-Mai : la politique et le muguet

Comme chaque année depuis sa création, l’USTKE a organisé son défilé du 1er-Mai avec ses adhérents et sympathisants dans les rues de Nouméa. Tout juste une semaine après le premier tour de l’élection présidentielle, les chefs de file du mouvement, également les principaux responsables du Parti travailliste, Louis Kotra Uregei en tête, ont utilisé la tribune qui leur était offerte pour faire passer des messages politique forts.

Pas plus en métropole qu’à Nouméa, les syndicats ne sont parvenus à montrer un visage unitaire, contrairement à 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen affrontait dans le second tour Jacques Chirac. Mais les temps changent, les calendriers et les priorités aussi. Vues de Nouvelle-Calédonie, les échéances nationales cette année se télescopent avec la préparation de la sortie de l’Accord de Nouméa.

Dans ces conditions, tous les faits politiques prennent des proportions hors norme. C’est le cas dès lors qu’il s’agit d’analyser le score historiquement élevé de Marine Le Pen et le Front national au premier tour. Chacun y est allé de son commentaire, pas toujours très éclairé, souvent pour s’inquiéter du vote radical de nombreux Calédoniens, qui ne devrait d’ailleurs pas s’inverser en faveur de Macron ce dimanche.

Louis Kotra Uregei, dont le verbe haut est l’une des signatures, a peut-être été l’un des derniers à réagir, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le patron historique de l’USTKE, désormais président du Parti travailliste, n’a pas mâché ses mots.

LKU déterminé et incisif

Même s’il a confirmé que son parti ne s’engagerait pas dans la campagne des élections nationales, selon lui, le vote Front national en Nouvelle-Calédonie, c’est l’échec du destin commun et du vivre-ensemble, en somme, la fin de l’Accord de Nouméa. Un accord contre lequel avait toutefois milité avec force l’USTKE au moment de son adoption et du référendum de 1998. Mais les temps changent et le syndicat, plus politisé que ces dernières années, a pris pour slogan tout comme le Parti travailliste : « 2018, c’est possible ».

Pas question alors de prêter le flanc aux critiques, pas question de se laisser aller. Pour LKU, non seulement ce vote signifie la mort de l’Accord de Nouméa, et ce 1er-Mai a de nouveau été utilisé pour clamer que le référendum était pipé, que des fraudes allaient conduire à l’exclusion de milliers de Kanak des listes électorales.

Cependant, la virulence verbale, les entorses répétées à la vérité n’y feront rien : la machine est lancée. D’autant plus que le patron du Parti travailliste, cheville ouvrière du Rassemblement indépendantiste et nationaliste, sait pertinemment que les Calédoniens sont majoritairement opposés à l’indépendance. Il est aussi parfaitement conscient que les quartiers populaires de l’agglomération ont apporté largement leurs suffrages au Front national.

Alors, il hausse le ton et se fait un peu plus menaçant. Mais il joue aussi de l’ironie quand il déclare que : « Le discours de Marine Le Pen, c’est la France aux Français. Si les gens votent FN ici, ils doivent être d’accord pour dire Kanaky aux Kanak. » Au-delà de l’humour, le ban est fermé, tout est dit.

C.V. ©archives