Nouvel exercice d’ampleur dans la région

La mission Pégase mobilise dix Rafale, cinq A330 MRTT et quatre A400M. / © Ministère des Armées

Une vingtaine d’avions militaires français, dont dix Rafale, sont déployés jusqu’au 3 août dans l’Asie-Pacifique. Deux appareils de transport et de ravitaillement sont attendus fin juillet en Nouvelle-Calédonie, mais aucun avion de chasse.

La rumeur a fait tourner les têtes. Il faut dire que leur dernier passage en août 2022 avait été particulièrement suivi. Les nuques s’étaient tordues jusqu’à frôler le torticolis pour apercevoir les trois Rafale déployés dans le cadre de la mission Pégase, une projection inédite de l’armée de l’Air française dans la région.

C’était la première fois que des avions de chasse rejoignaient le ciel calédonien depuis l’Hexagone. Le renouvellement de la mission en 2023 n’annonce pourtant pas leur retour. L’important déploiement militaire français est en cours en Asie-Pacifique. 19 appareils, dont dix Rafale, 55 tonnes de fret et 320 aviateurs ont quitté le tarmac d’Istres (Bouches-du-Rhône) le 25 juin. Les effectifs ont été triplés par rapport à l’an dernier. L’objectif reste le même : affirmer la position « riveraine et souveraine » de la France dans cet Indo-Pacifique cher à Emmanuel Macron.

Les 19 avions ont rejoint les Émirats arabes unis, où la France dispose d’une base mili- taire, avant de se scinder en deux groupes pour gagner Singapour et la Malaisie. Jusqu’au 3 août, 11 escales dans dix pays sont prévues. Des exercices avec l’US Air Force sont programmés depuis les îles Guam et Palau. Le convoi aérien exceptionnel doit se rendre en Corée du Sud, au Japon, en Indonésie, au Qatar et à Djibouti. Au total, les militaires français collaboreront avec 14 armées. Si la carte diffusée par le ministère des Armées indique bien une halte en Nouvelle-Calédonie, il n’est pas fait mention de Rafale. Sauf surprise présidentielle, la visite d’Emmanuel Macron partageant la même fenêtre de tir.

L’A400M et l’A330 MRTT avaient accompagné les Rafale en Nouvelle-Calédonie
lors de leur passage en 2022. / © Ministère des Armées

Pour l’instant, deux appareils militaires sont prévus fin juillet pour soutenir les missions des Forces armées de Nouvelle-Calédonie (Fanc). Il s’agit de l’avion de transport A400M Atlas et du ravitailleur A330 MRTT Phénix capable d’alimenter les chasseurs en plein vol. Ils assureront des rotations vers Wallis-et-Futuna pour le compte du Rimap et vers l’Australie pour participer à l’exercice Talisman Sabre, organisé tous les deux ans par les armées américaine et australienne. L’A330 MRTT se rendra après en Polynésie française, avant de regagner l’Hexagone.

« PROJECTION DE PUISSANCE »

Les Rafale ne devraient revenir en Nouvelle- Calédonie qu’à l’horizon 2025, après un nouveau test pour rejoindre la Polynésie française vers 2024. En 2021, trois avions de chasse s’étaient posés à Tahiti dans le cadre de la mission Heifara. « La projection de puissance dans la zone témoigne de l’aptitude de la France à intervenir sous court préavis à plusieurs milliers de kilomètres de la Métropole au profit de ses territoires et de ses partenaires, pour faire face aux différentes crises et sources d’instabilités régionales », précise l’armée de l’Air et de l’Espace dans un communiqué publié le 30 juin.

Cela fait partie des objectifs inscrits dans la loi de programmation militaire 2024-2030 pour renforcer la « souveraineté dans les outre-mer ». Sur les 413 milliards d’euros de budget global, 13 (1 500 milliards de francs) sont consacrés sur sept ans aux territoires ultramarins. Les investissements visent à améliorer les moyens de surveillance et à perfectionner les « capacités de projection et d’intervention ». Cette volonté s’est déjà traduite localement avec l’arrivée en avril de l’Auguste Bénébig, premier patrouilleur d’outre-mer (POM).

Elle s’illustrera dans le futur avec des nouveaux navires, hélicoptères, avions et drones. Emmanuel Macron a érigé en priorité stratégique la région Indo- Pacifique, rappelle l’AFP. Cette large zone s’étend des côtes est-africaines aux côtes ouest-américaines et englobe la plus grande partie de la zone économique exclusive (ZEE) française. Elle abrite 1,65 million de citoyens français dans sept territoires, dont la Nouvelle-Calédonie. Le président français cherche à positionner la France en « puissance d’équilibres » entre les océans Indien et Pacifique, entre l’allié américain et l’imposant voisin chinois.

Brice Bacquet