Municipales : plusieurs alliances pour le second tour

C’est officiel : 71 listes ont été déposées pour le second tour des municipales qui se déroulera le 28 juin dans 22 communes. Le haut-commissariat a publié le détail des candidats pour chacune de ces listes. Si trois duels sont annoncés, on comptera 11 triangulaires et 8 quadrangulaires, des configurations qui ont évolué depuis le premier tour.

Les listes sont connues et leurs noms aussi. Sur les 22 communes qui repartent dans la course à la mairie, sept listes ont été déposées en province des Îles, 28 en province Sud et pas moins de 36 en province Nord.

Par rapport au premier tour et le délai de réflexion supplémentaire lié à la crise du Covid-19, on peut dire que les candidats et leurs colistiers ont pu mûrir leur sujet pour ficeler leur stratégie de campagne. Si certaines listes ont enchaîné les réunions pour jouer la carte de la fusion, d’autres n’ont pas su se réunifier en vue du second tour de ces municipales.

C’est à La Foa que la première alliance s’est faite ouvertement avec un rapprochement entre Nicolas Metzdorf, de Générations NC, et Lionnel Brinon, de l’Avenir en confiance (voir DNC 682). La Foa comptera donc trois listes avec la candidate de Calédonie ensemble, Marielle Keletaona, et Pierre Monéfara pour le FLNKS.

Alliance également à Païta. Des quatre listes de départ, trois se présenteront au second tour dont l’alliance remarquée et surprenante entre l’Éveil océanien de Milakulo Tukumuli, la tête de liste Calédonie ensemble, Mahina Tehei, et de Bénélia Lorée du Rassemblement. Avec cette liste unie, on comptera aussi celle du maire sortant, Willy Gatuhau, rejoint par Générations NC et la liste indépendantiste de Louis Mapou (voir encadré).

Dans le Nord aussi des alliances se sont formées avec trois duels. Les deux listes UC et Uni ont fusionné, à Koumac, pour tenter de faire tomber l’actuel maire, Wilfried Weiss. Fusion aussi à Kaala-Gomen où le maire sortant, Hervé Tein-Taouva, a décidé de s’allier à l’UNI et à la liste sans étiquette, conduite par Vincent Jizdny, et à Kouaoua où l’UC s’est alliée au Palika pour contrer Alcide Ponga.

Pas d’accord conclu, en revanche, à l’île des Pins entre Régis Vendegou (FLNKS) et Arnold Apikaoua (UC-FLNKS) qui se retrouveront dans une triangulaire face à la liste du Rassemblement de Christophe Vakié.

Si des alliances se sont produites pendant ce laps de temps supplémentaire, la plupart des autres communes conservent les listes du premier tour, à quelques exceptions près, comme à Bourail, qui passe de cinq listes à quatre, favorisant ainsi le maire sortant, Patrick Robelin. Quadrangulaire aussi à Dumbéa, où Georges Naturel devrait logiquement s’imposer, et au Mont-Dore, où seule la liste de Calédonie ensemble a été sortie dès le premier tour.

En province Sud toujours, Poya et Yaté auront aussi deux quadrangulaires. Elles devraient confirmer les élections des indépendantistes, Évelyne Goro-Atu et Adolphe Digoué. Dans les deux autres provinces, quatre listes se présenteront dans les communes de Canala, Ouégoa et Pouébo, dans le Nord, et à Ouvéa, dans les Îles.

Signalons qu’à Poindimié, fief de Paul Néaoutyine, Christian Toumidou et Didier Poidyaliwane n’ont pas réussi à s’entendre pour faire tomber le maire sortant et favorisent ainsi un nouveau mandat pour le président de la province Nord.


Païta et l’incohérence du second tour

Willy Gatuhau, soutenu par l’Avenir en confiance et rejoint par Générations NC, a de quoi pester et s’inquiéter. Le maire sortant se retrouve face à une liste d’union d’opposition pour le moins hétéroclite, car tirée par l’Éveil océanien, mais rejointe par les candidats du premier tour de Calédonie ensemble et surtout du Rassemblement-LR. Si on peut aisément comprendre les motivations du parti de Philippe Gomès, pourquoi le Rassemblement-LR s’est-il allié avec son pire ennemi politique, Calédonie ensemble ?

On aurait logiquement et politiquement pensé que le candidat du Rassemblement rejoigne Willy Gatuhau au titre de l’alliance des partis loyalistes qui compose l’Avenir en confiance ou qu’il « se couche » pour favoriser la liste du maire sortant. Mais Bénélia Lorée a préféré s’allier avec Calédonie ensemble et cette idée d’indépendance-association qui colle à la peau du parti de Philippe Gomès. De l’opinion publique et des sympathisants AEC, on ne comprend pas. Pour Willy Gatuhau, il s’agit d’un « attelage qui a fait le choix de trahir leurs électeurs du premier tour ». Pour Benélia Lorée, il s’agissait de mettre en avant « une importance aux valeurs, notamment la moralisation de la vie politique ».

Mais en agissant ainsi, on est en droit de se demander si ce dernier a suivi les directives de son parti ou s’il a décidé de faire cavalier seul. Ou encore comment Thierry Santa a pu cautionner le choix de son représentant. Les jours prochains apporteront peut- être une réponse sur cette manœuvre incohérente, même si au fond, on vote aux municipales pour une personne plutôt que pour un parti.

D.P.