Le Medef-NC fait sa rentrée

Le Medef-NC a tenu sa traditionnelle conférence de presse de rentrée. L’occasion de dépeindre un tableau plutôt sombre de la situation économique calédonienne et de proposer ses solutions pour réformer un système économique à l’agonie.

L’année 2016 était mauvaise, 2017 ne sera pas mieux. C’est en substance le message qu’ont adressé les quatre coprésidents du Medef-NC à l’occasion de leur conférence de presse de rentrée. Même si le climat des affaires mesuré par l’Institut d’émission d’outre-mer s’est amélioré, il reste nettement en deçà de sa moyenne sur les dix dernières années. Pour les représentants du patronat, la machine économique a perdu des emplois et continuera d’en perdre cette année, notamment en raison du fait que les entreprises du nickel vont continuer à perdre de l’argent. Le contexte électoral inquiète également les patrons qui redoutent une litanie de mesures populistes. Daniel Ochida, l’un des coprésidents, résume ainsi l’équation : « En Calédonie, il y a 3 000 chefs d’entreprise et 160 000 électeurs, qui vaut-il mieux satisfaire ? » Et c’est encore sans compter sur la situation de Saint- Louis. Si elle est localisée, les tensions ne jouent pas en faveur du territoire.

Relancer l’investissement pour réduire le chômage

Le Medef-NC redoute que l’ensemble de ces facteurs d’instabilité décourage les investisseurs, une crainte renforcée par la difficulté à maintenir les investissements publics qui permettent aux entreprises, en particulier celles du BTP, de garder la tête hors de l’eau. Le gouvernement assure toutefois maintenir un niveau d’investissement public important, ce qu’il fait en ayant recours à l’emprunt. Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact des plans de relance mis en œuvre par les collectivités provinciales et le territoire, mais les premiers indicateurs ne semblent pas montrer de redémarrage massif de l’activité économique.

Pour le Medef-NC, s’il faut une réforme structurelle, la conjoncture ne s’y prête pas particulièrement, d’autant plus que la création de nouvelles filières ne produira pas d‘effets avant une dizaine d’années. Fidèle à lui-même, le mouvement patronal en appelle donc à une plus grande maîtrise des dépenses publiques, égratignant au passage leurs poids ainsi que celui de la fonction publique. L’idée serait notamment de privatiser des services actuellement assurés par le secteur public, notamment via des délégations de service public, ce qui permettrait de réduire le nombre de fonctionnaires, jugé trop important. Les coupes dans la fonction publique seraient une source importante d’économies selon les coprésidents du Medef-NC. Ils avancent que la réduction de 1 % de la masse salariale représente 10 milliards de francs.

De manière plus générale, le Medef-NC prône une relance de l’économie par un profond changement de gouvernance dont l’objectif est de mettre l’entreprise au cœur du projet économique en lui donnant les moyens de relancer l’investissement. Reste que, selon les chiffres de l’Isee, la croissance calédonienne est expliquée à plus de 70 % par la consommation et que la stabilité de la fonction publique permet de jouer un rôle d’amortisseur pour les entreprises, en cas de crise du nickel notamment. Mener une politique de relance économique en soutenant les entreprises pourrait se retourner contre les collectivités provinciales et le territoire, surtout que les décideurs disposent de statistiques très partielles pour les aider dans leurs choix.

M.D. ©MedefNC