Violences : « On se mobilise pour développer une culture de l’égalité »

Une Calédonienne sur quatre est victime de violences conjugales au cours de sa vie, rappelle Joane Païdi. / © G.C.

Jusqu’au 6 décembre, une quarantaine d’actions feront vivre le Mois de mobilisation contre les violences à l’égard des femmes. La province Sud et ses 19 partenaires ont pour ambition de sensibiliser « le plus grand nombre ». Entretien avec Joane Païdi, responsable du Centre d’information droits des femmes et égalité.

DNC : Image de soi, accès au droit, leadership, phénomènes d’emprise… Les événements de ce mois de mobilisation sont très variés. Quel en est le fil rouge ?

Joane Païdi : C’est la volonté de toucher tous les publics. On a tous une sensibilité différente. Certains auront plus d’affinités avec les activités culturelles, d’autres avec l’échange, d’autres avec l’action… C’est important de pouvoir donner de la place à toutes les formes de mobilisation contre les violences. Et quand on dit violences, on inclut évidemment les inégalités entre hommes et femmes, qui permettent que cette société reste violente à l’égard des femmes.

On a besoin d’une prise en compte par le plus grand nombre.

En Nouvelle-Calédonie, la liste des participants semble s’allonger. Comment jugez-vous cette dynamique ?

La province Sud mobilise son réseau et essaie de l’élargir afin que la mobilisation ne soit pas uniquement le fait des acteurs qui traitent ces violences. Puisque c’est un problème de société, on a besoin d’une prise en compte par le plus grand nombre. On se mobilise pour développer une culture de l’égalité, donc ça ne peut pas être réservé à des spécialistes.

C’est une des raisons pour lesquelles on organise depuis quatre ans « Je m’exprime », une soirée de plaidoyer contre les inégalités et les violences. Ces plaidoyers sont portés par des associations, mais parfois aussi par des personnes qui ont des choses à livrer de leur réflexion, de leur vécu, pour faire réfléchir le plus grand nombre.

L’an passé, la soirée « Je m’exprime » avait été marquée par l’intervention magistrale d’Aurélie Konhu sur le sujet du viol. Que nous réserve la soirée du 25 novembre ?

Du rire, parce que c’est aussi important de rigoler de certaines situations pour les remettre en question. Et puis, forcément, on aura les poils qui se hérissent. Des choses vont certainement vous révolter, vous prendre aux tripes. Ce sera une autre édition très forte. On a des témoignages bouleversants, qui font réfléchir sur ce que chacun peut faire pour contribuer à un monde plus juste, plus respectueux des femmes.

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une libération de la parole, et on ne peut que l’inciter.

Les institutions multiplient les initiatives de lutte contre les violences. Ont-elles définitivement pris le bon virage ?

Une dynamique est enclenchée. On voit une prise en compte beaucoup plus affirmée des violences. À la province Sud, on a par exemple des référents égalité. Donc oui, il y a du changement. Est-ce que c’est fini ? Est-ce qu’on a tout fait ? Bien sûr que non.

Et la société ? Suit-elle le mouvement ?

Il y a du mouvement, c’est certain. Il y a quatre ans, on n’avait pas une telle mobilisation. Il n’existait pas une telle dynamique autour de l’égalité, de la prise en compte des discriminations, des agissements sexistes. Dans le monde de l’entreprise, la responsabilité par rapport aux salariés commence à être prise en considération. Est-ce que ça change ? Je pense que oui. Est-ce qu’il y a davantage de violence ? Je pense qu’on manque de données. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une libération de la parole, et on ne peut que l’inciter. Plus la parole sera libérée, forte, structurée, plus elle sera prise en compte, plus elle ira au-delà d’un classement sans suite.

Propos recueillis par Gilles Caprais

LE PROGRAMME

La médiathèque de Kaméré accueille jusqu’au 6 décembre une exposition sur les stéréotypes. Le 17 novembre à 9 h 30, à l’auditorium de la province Sud, la troupe Pacifique et Compagnie jouera des saynètes sur le thème des violences sexistes et sexuelles au travail.

Du 20 au 23 novembre, le centre culturel Tjibaou accueille l’Atelier régional des femmes francophones d’Océanie. Le 22 novembre, journée d’activité dédiée aux femmes à la piscine de Koutio, puis projection du documentaire Bombardées.

Programme complet sur www.elles-nc.cmsfly.com