L’UC en campagne pour la pleine souveraineté en 2025

L’Union calédonienne accepte finalement le principe de discussions avec l’État lors de la prochaine visite ministérielle, mais les « bilatérales de décolonisation » qu’elle souhaite sous l’égide du FLNKS doivent attendre 2023. L’UC a défini son propre agenda. Elle entre en campagne et active tous ses réseaux pour accéder à l’indépendance en 2025.

Gilbert Tyuienon avait prédit un 53e congrès historique le week- end dernier à Azareu (Bourail), là où le parti s’était prononcé pour l’indépendance, il y a 45 ans. L’heure est en tout cas à la mobilisation dans les rangs de l’UC. Le constat demeure sur la situation politique : l’État a commis une « faute majeure » en imposant le troisième référendum. Il s’est écarté de l’esprit et de la méthode de l’Accord de Nouméa qui reposait sur la recherche systématique du consensus, perdant « la confiance des indépendantistes ».

Et par la suite, il s’est départi de son devoir d’impartialité en adoubant des candidats aux législatives et en intégrant Sonia Backes dans son gouvernement. « Il a délaissé l’héritage des gouvernements précédents qui, malgré les difficultés, avaient fait le pari de l’intelligence ». Cette marche forcée, alerte l’UC, ne peut « que déboucher sur une confrontation ».

« RELANCER LA CONFIANCE »

Après avoir refusé de s’aligner en allant à Paris notamment, l’UC va rencontrer Gérald Darmanin et Jean-François Carenco attendus sur le territoire du 28 novembre au 4 décembre, comme demandé initialement par les indépendantistes. Mais la rencontre ne pourra être assimilée à une bilatérale. « Il s’agira de relancer la confiance et de préparer justement les bilatérales de décolonisation », précise Dominique Fochi.

Celles-ci ne pourront se tenir qu’après le congrès du FLNKS, fin janvier 2023, qui mandatera les équipes et les contenus de négociation. L’UC souhaite en effet que le Front reste l’unique interlocuteur de l’État pour les indépendantistes. Il est intéressant de rappeler que le parti prendra alors l’animation du FLNKS. Restait à connaître, au moment de notre bouclage, comment le Palika allait se positionner devant la presse jeudi.

Et en ce qui concerne l’autre partenaire, les non-indépendantistes ? « Nous ne sommes pas fermés » indique Roch Wamytan, mais « le temps viendra de discuter avec eux », selon Daniel Goa.

ORGANISATION DE CAMPAGNE

L’Union calédonienne présentera aux représentants de l’État sa trajectoire jusqu’en 2025 avec des intangibles. « L’Accord de Nouméa est un processus de décolonisation irréversible dont les dispositions fondamentales ne peuvent être remises en cause : le corps électoral, les transferts de compétence, la clé de répartition », expose Pierre-Chanel Tutugoro.

Dans la perspective de la pleine souveraineté, il faut accentuer les relations internationales pour établir les interdépendances du futur État souverain. Elles se traduiront, selon Mickaël Forrest, par la signature de traités pour l’exercice des compétences régaliennes que sont la défense, l’ordre public, la sécurité, la justice et la monnaie (« nous sommes dans une zone dollar »). Il est précisé que ces partenariats se noueront avec « des nations qui respectent nos valeurs que sont la démocratie, la liberté, la solidarité des peuples ».

© C.M.

Pourtant la Chine n’est pas écartée, bien au contraire. Le dispositif FRANZ non plus. La France est tantôt « un partenaire comme les autres », tantôt invitée à « s’occuper de sa région, et quelque part nous laisser ». Pour renforcer le travail diplomatique, le FLNKS dispose d’une représentante permanente à l’ONU, New York.

La mobilisation doit aussi être absolue en Nouvelle-Calédonie. L’UC va charger les membres du gouvernement et du Congrès d’élaborer une loi de pays instituant un « code de la citoyenneté » et travaillera à la mise en œuvre d’une Assemblée constituante pour finaliser la future constitution. À tous les niveaux, les militants et la population sont invités à s’engager dans le sens de la responsabilisation, la prise en charge des compétences et des outils, a exposé Gilbert Tyuienon.

Une organisation de campagne est en œuvre dont l’objectif, exposé par Christian Tein, est de « tisser les réseaux pour ramener tous les Calédoniens, tous sans exception, au projet d’indépendance ».

Chloé Maingourd

Photo : Les cadres de l’UC autour du président réélu Daniel Goa (à g.), ont livré leur état d’esprit lors d’une réunion devant la presse mercredi 16 novembre. / © C.M.

« L’UC n’a cessé de travailler pour la paix ! »

L’Union calédonienne a souhaité répondre aux critiques. « Quand j’entends que l’on questionne la place de l’UC ou que l’on tourne en dérision les paroles du président, je rappelle que l’UC n’a cessé de travailler pour la paix et qu’elle en a payé le prix fort comme aucun parti ! », s’emporte Christian Tein. « L’UC a aussi posé sa signature quand il a fallu construire (…) et aujourd’hui nous dirigeons 14 communes, la province des îles, le Congrès, le Cese, nous avons donné le gouvernement au Palika ! Nous avons des militants jusqu’à Tiga et Belep… il n’y a que l’UC qui a cette force de frappe ».

Le Comité des sages avait condamné les propos « agressifs » de Daniel Goa sur la remise en cause de la paix. Le Comité précisait que le recours à la violence était « l’expression de la faiblesse » et qu’il aboutissait toujours à des « impasses ». Le groupe Les Loyalistes jugeait que Daniel Goa se « disqualifi(ait) chaque jour un peu plus comme interlocuteur
crédible » et saluait la décision du Palika de s’inscrire dans une démarche de dialogue.