Transition énergétique : les objectifs revus à la hausse

Le gouvernement modifie les ambitions du Schéma de transition énergétique dans la lignée des progrès promis par la SLN et par Prony Resources. Vendredi 3 juin, il a apporté des détails sur le vaste projet de stockage d’électricité à Tontouta et sur le tarif préférentiel dont bénéficieront les métallurgistes.

♦ 50 % de renouvelable dans le nickel en 2030 ?

En juin 2021, le bilan était mitigé. Après cinq années d’application du schéma de transition énergétique, le photovoltaïque s’était certes développé plus vite que prévu, mais les émissions de gaz à effet de serre restaient à des niveaux record, plaçant la Nouvelle-Calédonie dans le top 3 mondial des émetteurs de CO2 par habitant.

Le message était clair : au nickel de progresser, lui qui représente 45 % des émissions de CO2 du pays. Le secteur était prié d’utiliser au moins 30 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 contre 10 % en 2019. Un an plus tard, cet objectif a été réhaussé : il est désormais question de 50 %, une ambition rendue possible par les récentes décisions prises par deux des trois métallurgistes. « Il y a trois ans, on n’aurait pas imaginé en être là », savoure Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de la transition énergétique, vendredi 3 juin, lors d’une présentation publique du schéma 2.0.

La SLN doit fermer sa centrale et abandonner l’électricité issue du fioul d’ici 2025 pour se brancher sur un réseau public où le solaire aura explosé : un total de 1 000 mégawatts-crête doivent être installés d’ici 10 ans. Pour sa part, Prony Resources avait annoncé en 2021 son intention d’investir lourdement dans le solaire avec stockage. Mais, pour « stabiliser » l’approvisionnement, « des unités de production au gaz » seront installées près des deux usines, précise la Dimenc.

♦ La Step de Tontouta, projet à 30 milliards

Le boom du solaire s’accompagnera d’un fort développement du stockage par des batteries de forte capacité, mais aussi par la construction d’une station de transfert d’énergie par pompage (Step), une technologie ancienne, mais d’avenir. Un réservoir de 500 000 m3 d’eau, placé sur les hauteurs de Tontouta, fera tourner des turbines situées 700 mètres plus bas, soit une réserve de 100 mégawatts pendant six heures. Pour remonter l’eau, la pompe fonctionnera en journée, au moment où l’ensoleillement fournit une énergie bon marché.

Jean-Gabriel Faget, directeur d’Enercal, envisage l’aboutissement des travaux à la fin 2027. L’investissement est lourd : 30 milliards de francs. Mais il promet d’être durable, à l’image du barrage de Yaté, construit en 1959, tandis que les batteries ne vivent qu’une douzaine d’années et ont une forte empreinte carbone. Enercal envisage déjà de tripler sa capacité d’ici 2032.

♦ 7 francs le kilowattheure pour le nickel ?

Le gouvernement prévoit de proposer aux métallurgistes un tarif électrique avantageux, mais suffisant pour assurer la survie d’Enercal. « L’objectif, c’est d’arriver à 7 ou 8 francs le kilowattheure et c’est possible, affirme Christopher Gygès. Cela nécessitera une aide importante de l’État sur la partie du stockage », via la défiscalisation des investissements dans les batteries et dans la Step. Un tel prix serait un gain considérable à Doniambo, où le coût de revient est actuellement d’une quinzaine de francs le kilowattheure. L’énergie représente ainsi la moitié du coût total de production de l’usine.

♦ Et l’usine du Nord ?

Koniambo Nickel a mis en service sa centrale au charbon en 2014 et n’affiche aucune intention d’écourter sa durée de vie. Le plan du gouvernement prévoit pourtant l’arrêt de toutes les centrales à charbon d’ici 2035, afin de réduire de 70 % les émissions de gaz à effet de serre. « Il y a déjà des discussions avec KNS », qui pourrait prendre ce genre d’engagements « dans un second temps », assure Christopher Gygès, qui voit « une volonté commune » aux trois métallurgistes.

 


Chiffre

96,9 % de l’énergie consommée en Nouvelle-Calédonie est d’origine fossile. Il s’agit principalement de charbon et de fioul.

 

Gilles Caprais (© G.C.)