« L’impro a un côté populaire et jubilatoire »

Alors que le Festival international de théâtre d’improvisation (Fiti) commence ce lundi et durera jusqu’au 2 décembre, Eddy Waminya sera de retour à la maison. Champion du monde d’impro en 2016, le Calédonien sera, avec sa troupe, sur le Caillou pour l’occasion.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir vous produire en Nouvelle-Calédonie ?

C’est mon pays ! Je suis un métis kanak et c’est donc une fierté pour moi de revenir me produire ici, sur ma terre. Et puis bon, on ne va pas se mentir, un bon achard ou une bonne salade de cerf, ça ne court pas les rues en Métropole (rires) !

Quelle importance a ce festival pour vous ?

Ce festival est, dans le monde de l’improvisation, une manifestation inouïe. L’accueil, l’organisation, les lieux de spectacles, le choix des spectacles, tout est fait pour que ce rendez-vous soit un haut lieu de l’improvisation francophone ! Si je reprends les chiffres de la première édition, et en ne parlant que du Chapitô, on en est à plus de 450 visiteurs quotidiens pendant cinq jours consécutifs, soit une fréquentation de 2 250 personnes. C’est déjà un excellent niveau.

Un public varié puisque vous allez jouer en Brousse, dans les Îles et à Nouméa. Est-ce qu’il y a une différence en fonction du lieu quand on joue ?

Oui et non. C’est pareil sur scène, mais par contre après le spectacle, en Brousse, on a eu le plaisir de partager de vraiment beaux moments avec les gens. À Nouméa, les gens rentraient chez eux, en Brousse, on était chez eux, avec eux. L’improvisation est un art de l’instant présent, on est en communion avec nos partenaires, mais également avec le public et certes, après un certain temps de pudeur, des sourires se sont échangés et la magie de l’impro a opéré !

Comment jugez-vous la scène impro en Calédonie ?

Je ne connais que la troupe Ouh la la et dans le cadre de son festival. Ce serait présomptueux de dire que je connais la scène impro en Nouvelle-Calédonie. Mais quand je suis venu en 2016, j’y ai vu de très belles choses.

D’après votre expérience, est-ce qu’on est obligé de rejoindre la Métropole pour percer dans le milieu de l’impro ?

Je n’ai pas essayé de faire de l’impro en Nouvelle-Calédonie. Je sais juste que je n’aurais pas eu les opportunités de faire ce que je fais aujourd’hui si j’étais resté ici. Comme jouer en Espagne, en Irlande, à La Réunion, au Québec ou même à New York !

Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’impro ?

Le jour où j’ai découvert l’impro, j’ai été subjugué de voir ces gens qui faisaient du théâtre en s’amusant. Il y avait un côté populaire qui m’est apparu évident et jubilatoire. Depuis, je découvre cet art encore tous les jours. Et il est loin d’avoir tout montré en termes de qualités artistiques. Par exemple, aujourd’hui, je fais de la comédie musicale improvisée à la manière de Broadway : 1 h 15 sans interruption. Mais il y a des spectacles dramatiques, conceptuels… L’impro, ce n’est pas que rigolo !

Qu’est-ce que votre titre de champion du monde en 2016 a changé pour vous ?

Le monde de l’impro est encore très confidentiel, il n’a donc rien changé pour moi. Juste le plaisir de jouer deux soirs de suite devant 2 000 personnes. Et ça, eh bien, c’est vraiment une belle aventure. Mais je continue ma quête de l’instant présent, je continue de me nourrir et j’essaye de nourrir les spectateurs de ce qui m’anime : la joie et la folie de créer, de réussir et d’échouer dans l’instant présent ! Et aujourd’hui, je travaille dans les entreprises sur ce que l’on appelle les nouveaux modes de gouvernance. Mon objectif est de les aider à devenir plus créatives, plus réactives, plus organiques et plus humaines. Vous voyez, le rapport avec l’impro, j’espère (sourire).

Informations : page Facebook de l’association Ouh la la.

Billeterie : eticket.nc.


Eddy Waminya en bref

Originaire de Lifou et plus précisément de Mucaweng, Edouard Waminya, 40 ans, a déjà plus de 15 ans d’expérience dans le monde du théâtre d’impro. C’est en 2004, à Nancy, qu’il tombe dedans après avoir tenté de passer une licence de mathématiques à l’UNC. Études manquées, mais qui débouchent sur une nouvelle opportunité quand ses parents décident de l’envoyer en Métropole. Parallèlement à ses études, puis à petits boulots, il évolue dans des ateliers d’impro avant de se lancer complètement dans cette vocation, en 2011. Pari réussi pour Eddy, avec notamment un titre de champion du monde d’impro en 2016.


Le programme

Du 18 au 21 novembre : tournée en province Nord

18 : VKP

19 et 20 : Touho et Poindimié

21 : Hienghène

Du 19 au 22 novembre : tournée en province Sud

19 : La Foa

22 : Thio et Bourail

Les 20 et 21 novembre : tournée en province des Îles

Du 22 novembre au 2 décembre : tournée dans le Grand Nouméa


Les invités

Tahiti Impro : jeune compagnie de théâtre du Fenua, créée en 2015.

La Ligue d’impro galicienne : tout droit venue de Suisse, la compagnie a près de six décennies d’expérience.

La Bagasse : la compagnie de Keng Sam, créée en 1996 à La Réunion, était déjà présente en 2016 au Fiti.
Eddy Waminya et son équipe


Place aux jeunes !

Formés depuis le début de l’année à l’improvisation, des jeunes de cinq établissements du Grand Nouméa seront en lice le 25 novembre lors du championnat des collèges. Une compétition qui aura lieu sous le Chapitô de Sainte-Marie entre les collèges de Boulari, Mariotti, Normandie, Rivière-Salée et Tuband. Les jeunes suivront également des master class avec les invités avant leurs spectacles.


De l’impro aux quatre coins du Caillou

Pour sa deuxième édition, le Festival international de théâtre d’improvisation garde la recette qui avait fait son succès en 2016. Organisé par l’association Ouh la la, le Fiti 2019 se déclinera sur tout le Caillou, avec une tournée partout sur la Grande Terre et aux Loyauté (lire par ailleurs) et quatre troupes invitées (France, Suisse, Tahiti et La Réunion), soit 16 comédiens et une troupe d’artistes locaux. Au total, sur les 17 jours du festival, ce sont 20 spectacles qui seront donnés. En 2016, ce sont plus de 4 000 personnes qui se sont rendues à l’un de ces rendez-vous. Le point névralgique sera le Chapitô, installé à Sainte-Marie, à Nouméa.