L’association Avec à l’agonie

Depuis 37 ans, l’association Avec vient en aide aux malades évacués sanitaires hors de la Nouvelle-Calédonie. Par manque de subventions su santes, elle risque de devoir cesser son activité à la n de l’année. Sa direction en appelle aux institutions.

L’Avec a été créée en 1981 par Bernadette Brizard-Dumery, l’actuelle présidente, dans le but d’apporter une aide aux évacués sanitaires calédoniens ainsi qu’à leurs familles. L’association conseille les patients et leurs proches dans leurs formalités de départ et emploie des visiteurs de malades à Sydney et à Paris. Ces derniers apportent d’abord un soutien moral, mais également des vêtements, des objets de toilette, etc.
Depuis 2011, l’association a également mis sur pied « Rêves d’enfants » dont le but est, comme son nom l’indique, de tenter de réaliser les rêves d’enfants atteints de lourdes pathologies. En n, elle organise chaque année l’opération 100 francs dans le but de récolter des fonds pour mener ses actions. Une opération qui rapporte des centaines de milliers de francs, loin d’un budget de fonctionnement qui atteint les 14 millions par an. « Pour fonctionner, nous comptons donc sur les dons, d’un montant de 6 millions et les subventions qui doivent atteindre 8 millions pour assurer notre continuité. Et c’est justement sur ce dernier point que le bât blesse, explique Bernadette Brizard-Dumery. À tel point que nous devons prélever dans nos réserves depuis le début de l’année et si rien n’est fait rapidement, nous devrons songer à cesser notre activité. »

Un avenir incertain

Une situation financière que connaissent bon nombre d’associations du territoire depuis quelques mois (voir encadré). Les subventions n’arrivent plus comme avant, les collectivités ayant fait des coupes budgétaires. « Le problème vient cette année de la province Sud, poursuit- elle. La subvention a été diminuée d’un tiers, passant de 3 à 2 millions. Une somme destinée à la salariée de l’association, Marie, la secrétaire, qui est la seule personne présente à temps plein au bureau, responsable de l’aide aux malades et de la gestion administrative. » Et si ce million manquant n’est pas retrouvé, Bernadette Brizard-Dumery indique qu’elle n’aura pas d’autre choix que d’arrêter.

Une baisse des aides

Si dans l’urgence il ne manque qu’un million pour assurer la survie de l’association, il en est tout autre pour le futur. Il faudrait 22 millions de francs par an pour fonctionner normalement, une somme qu’elle atteignait il y a deux ans. Mais au-delà du million absent de la province Sud, depuis deux ans, les rentrées se sont effondrées. Avec la disparition du péage, la collecte annuelle à cet endroit a fait un trou de 1,2 million dans la caisse, tout comme celle associée à la Cyclocancer, l’événement ayant été arrêté. Côté subventions, la province Nord et la province des Îles n’ont plus donné signe de vie et seules quatre communes du territoire continuent à accompagner l’association. Quant au gouvernement, « fort heureusement, Christophe Gygès, en charge du secteur, a fait le nécessaire pour que nous ayons notre subvention au plus vite cette année ». Pour Bernadette Brizard-Dumery : « Je sais que les temps sont durs, mais que représente cette somme pour les collectivités quand nous voyons tous les millions qu’elles dépensent dans le parrainage de certaines manifestations culturelles ou sportives. Certes, il en faut, mais nous, nous parlons d’évacués sanitaires, de malades, de familles, d’enfants aux lourdes pathologies. J’arrive à 78 ans et je suis abattue, inquiète », avoue celle qui a passé plus de trente ans à aider bénévolement les autres.


Les champs d’action d’Avec :

  • Financement d’une visiteuse à Sydney pour les patients hospitalisés. C’est une présence morale, elle apporte des vêtements, des cartes téléphoniques, des fruits et autres besoins des patients.
  • Aide financière pour les billets d’avion et/ ou hébergement des accompagnateurs de malades à Sydney et en Métropole (soit plus de deux millions de francs en 2017).
  • Préparation de trousseaux pour les patients et/ou accompagnateurs les plus démunis (valises, vêtements chauds, trousses de toilette…).
  • Assistance aux familles pour contacter un patient / réserver des billets ou hébergement / conseils…
  • Organisation de repas de fêtes des patients et familles (Noël, Fêtes des mères et des pères, 14-Juillet, Pâques, etc.)
  • Sorties ponctuelles des malades autorisés (en juin 2018 : illuminations de l’Opéra, festival Vivid).
  • Achat de cadeaux pour les anniversaires et fêtes…Sans compter tous les aspects administratifs que doit gérer le bureau (courrier, comptabilité, demandes de subvention, gestion des événements de récolte de dons…)

C.S