Une projection et un débat pour lutter contre les stéréotypes

Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, l’association Lotus doré et la Ligue des droits de l’homme ont proposé une projection du film Kumu Hina, mercredi soir à la FOL. L’occasion de débattre de l’homophobie et de la transphobie qui font tristement partie du quotidien calédonien.

Non, l’homosexualité n’est pas une maladie. Et non, les transsexuels ne sont pas des monstres. Les préjugés et stéréotypes autour de l’homosexualité et la transsexualité ne manque pas. À l’instar de la très grande majorité des pays à travers le monde, l’homophobie et la transphobie font partie du quotidien en Nouvelle-Calédonie. Du 6 au 13 mai dernier s’est pourtant tenu le premier Festival gay de Nouméa. Un festival organisé par NewCal Events, une agence de tourisme, et labellisé TropOut. Ce concept australien consiste à organiser des vacances gay « stylées et raffinées » dans des destinations tropicales ouvertes d’esprit. La soirée de clôture de l’événement a attiré près de 400 Calédoniens, en plus des 80 Australiens qui ont fait le voyage pour la semaine. Mais l’événement est bien isolé. Si un bar gay a récemment ouvert ses portes, il a rapidement descendu son drapeau arc-en-ciel.

Le plus de la diversité

Si la soirée de clôture du festival n’a pas connu d’incident, ce n’est pas le cas de la Rainbow Party, organisé il y a deux ans à l’île aux Canards. Elle avait suscité l’émoi à la Fédération des églises évangéliques, en particulier chez les membres les moins tolérants qui assuraient en 2015 ne rien avoir contre les homosexuels, mais ne pas pouvoir laisser faire ce type de comportement, les résumant à de la « dépravation physique et morale ».

Un bar gay a récemment ouvert ses portes, mais a rapidement descendu le drapeau arc-en-ciel pour des raisons commerciales. Et la perspective d’une Gay Pride à Nouméa, dont l’idée a été lancée au moment de la Rainbow Party est encore lointaine. En Nouvelle-Calédonie, les questions autour du genre et de l’orientation sexuelle restent taboues. C’est afin d’aider à la prise de conscience que l’association du Lotus doré et la Ligue des droits de l’homme ont décidé de proposer une projection-débat autour du film Kumu Hina, a place in the middle. Le film retrace le parcours de Colin Wong, un timide lycéen devenu femme, désormais mariée et directrice d’une école culturelle à Honolulu. Il défend la place traditionnelle du « mahu », l’incarnation dans la culture hawaïenne de l’esprit féminin et masculin. Le film est aussi l’occasion de découvrir l’histoire d’une jeune fille dont le rêve est de mener un groupe de danse uniquement composé de garçons. À Hawaï, Kumu Hina est devenu un outil pédagogique permettant de réfléchir aux bénéfices de l’inclusion et de la diversité.

Changer les regards

Le débat a été l’occasion d’entendre des témoignages de transsexuels calédoniens et de voir que le sujet avance « très, très doucement, explique Peyssa Felomaki, la présidente de l’association Lotus doré. La modification de la loi en France permettant la modification de l’état civil avant l’opération de changement de sexe n’est toujours pas appliquée ». D’une manière plus générale, la présidente de l’association estime que les regards n’ont pas vraiment changé dans le fond. Des regards qui continuent d’associer les transsexuels à la prostitution et les empêchent de s’insérer dans le monde du travail.

« On juge sur l’image et pas les compétences, regrette Peyssa Felomaki. Les transsexuels ont une part de responsabilité, mais la société en porte une aussi ». D’où la nécessité de travailler sur les discriminations, toutes les discriminations.


Une association pour soutenir les transsexuels

L’association du Lotus doré a été créée en juillet 2016. Elle a plusieurs missions et notamment d’aider à l’information, l’insertion et la formation des personnes transsexuelles ou transgenres, de leurs proches, des sympathisants, ainsi que la création des conditions favorables à leur épanouissement. Elle s’est également fixé pour but d’orienter les personnes qui cherchent à changer de sexe auprès des professionnels de santé. L’association organise régulièrement des événements afin de mettre en œuvre ses objectifs. Elle organise notamment des soirées afin de lever des fonds. La prochaine se tiendra le 25 mai au Royal Tahiti. Ce sera l’occasion d’officialiser le nom du « père » de l’association qui aura sa place aux côtés de Nicolas Metzdorf, le parrain. Vous pouvez contacter l’association via sa page Facebook (Lotus doré NC)

M.D.