Y a-t-il vraiment 10 000 centenaires encore en vie en Nouvelle-Calédonie ?

Le chiffre est énorme et peut prêter à sourire, mais Ouvéa en compte au moins deux. Jéno Jomessy en fait partie et il a rassemblé vendredi, sa grande famille d’Iaai pour son anniversaire. 100 ans dont une belle moitié au service de l’Église protestante.

Du haut de son mètre 60, l’œil vif, le regard attentionné et affectif, le frêle homme de 60 kg, secret de sa longévité peut-être, croulait, vendredi, sous les remerciements, la reconnaissance et l’admiration des siens.

Toute l’île avait fait le déplacement pour honorer ce messager de Dieu. Il a connu, raconte-il avec une mémoire qui ne semble pas avoir été altérée par le temps, l’accession à l’autonomie de l’Église protestante de Nouvelle-Calédonie, la scission entre Église évangélique autonome, devenue Église protestante de Kanaky- Nouvelle-Calédonie, et l’Église évangélique libre de Nouvelle-Calédonie, puis l’éviction des pasteurs missionnaires Charlemagne et Lacheret, auteurs de ces transformations.

Retour à la tribu

Jéno Jomessy quittera son ministère pastoral en 1987, à Gossanah où il avait été nommé dix ans plus tôt sur de profonds désaccords avec Wea Djoubelly, pasteur lui-même qui voulait à son tour réformer l’Église. Revenu dans sa tribu de Banout où il est né en 1918, Jéno Jomessy encore alerte et bien en jambes, observe avec délectation l’évolution de ce nouveau monde qui ne ressemble en rien à ce qu’il connut tout au long de sa vie.

Ses très nombreux arrière-arrière-petits- enfants, arrière-petits-enfants, petits-enfants, enfants et autres membres de la famille, de la tribu ou de toute l’île d’Ouvéa, autorités et représentants de l’Église de Nouvelle- Calédonie, étaient présents et lui ont réservé un anniversaire à la hauteur de l’événement. Le 18 décembre prochain, il sera avec tout le monde à l’anniversaire de l’autre centenaire de Iaai.


Jéno Jomessy, 100 ans d’histoire

Benjamin d’une fratrie de cinq enfants, Jéno Jomessy avait 21 ans lorsque la Deuxième Guerre mondiale a éclaté. Il se souvient parfaitement de tous ces Français, Américains et Japonais de Nouvelle-Calédonie qui ont cohabité entre 39-45. D’ailleurs, lui était chef d’une équipe de Japonais sur mine. C’est après qu’il a rejoint la religion. L’homme a durant plus de 50 ans su combiner ses responsabilités professionnelles, spirituelles et coutumières qui tendent le respect de ses descendants et de la communauté des îles. Pour lui, une seule philosophie compte et il aime la propager : « On ne sait pas de quoi sera fait demain, alors il faut vivre au jour le jour et pleinement. »

SL/CS