Une nouvelle vitrine pour les croisiéristes

Un groupe de travail avec tous les acteurs de la croisière. Il réunit notamment la mairie, le gouvernement, les provinces et permet de suivre les différents dossiers, en particulier ceux des infrastructures, et d’éviter les doublons.

La Chambre de commerce et d’industrie a récupéré la gestion de la gare maritime le 1er mars. Elle a pour mission de ramener la sérénité dans ce lieu qui constitue la porte d’entrée dans la ville pour les croisiéristes. Après une période d’observation, la Chambre proposera des pistes pour améliorer l’accueil de ces touristes toujours plus nombreux.

550 000. C’est le nombre de croisiéristes qui ont fréquenté la Nouvelle-Calédonie en 2016. Un chiffre impressionnant qui est amené à progresser encore dans les années à venir. Et si chaque escale des îles accueille environ 200 paquebots chaque année, Nouméa reste loin devant avec près de 500 touchées. Mais en matière d’accueil, la capitale a encore beaucoup de progrès à faire. Contrairement à Lifou et l’île des Pins, qui se classent dans le top 10 des destinations préférées des croisiéristes de la compagnie Carnival Australie, Nouméa arrive en queue de peloton en se classant 43e sur 56.

Si les problèmes sont nombreux, un des premiers identifiés est la porte d’entrée de ces touristes dans la ville de Nouméa. Après des années de gestion un peu aléatoire, le port autonome a décidé de confier pour une année la gestion de la gare maritime. La première mission confiée à la CCI est d’instaurer un climat plus serein. « Nous sommes encore dans une phase d’observation, précise Laure Aubin, la directrice des aéroports domestiques et de la gare maritime à la CCI. Nous voulons voir comment la gare fonctionne, comment elle est utilisée par les professionnels et comment les croisiéristes sont accueillis. »

Phase d’observation

Passé la phase d’observation, la première action concrète de la CCI sera d’instaurer un règlement d’exploitation. Deux superviseurs auront également la charge de recadrer les missions des occupants. Un « welcome desk » ouvrira afin de répondre aux questions des visiteurs. La signalétique sera par ailleurs complètement revue pour redonner de la visibilité aux croisiéristes qui se retrouvent un peu perdus et surtout aspirés par les tour-opérateurs qui occupent une bonne partie du rez-de-chaussée de la gare. Et l’entretien sera enfin amélioré, notamment en ce qui concerne la propreté et les sanitaires.

Mais mis à part un wifi gratuit, la CCI estime que sa priorité est d’améliorer les services existants, en partenariat avec l’ensemble des occupants. « Certains sont là depuis longtemps et ont des idées, note Laure Aubin. Notre rôle est de cadrer tout ça. » Il faudra en particulier réorganiser le marché artisanal du premier étage qui compte une trentaine d’exposants, mais aussi améliorer la circulation au rez-de-chaussée où se trouvent les sept tour-opérateurs qui œuvrent au sein de la gare maritime.

La CCI a souhaité avoir une vision un peu plus globale en ayant la capacité de gérer les abords de la structure qui permettent notamment aux touristes d’embarquer dans les cars. Une convention avec la mairie pourrait être votée lors du prochain conseil municipal avec la gestion de ces espaces confiée à la CCI.

Un des principaux questionnements, pour la CCI autant que la mairie de Nouméa, au- delà de la vitrine à proprement parler, est l’amélioration des flux de circulation à un endroit particulièrement pressurisé. Le quai Ferry reçoit les flux touristiques, mais aussi ceux des Nouméens auxquels s’ajoutent ceux des Calédoniens qui se rendent dans la capitale. Pour les touristes, l’idée est de réfléchir à leur acheminement aux différents sites d’intérêt.

Au premier plan, on peut voir un dock qui sera bientôt récupéré par la mairie de Nouméa dans le cadre de l’aménagement du quai Ferry. Une partie pourrait servir d’accueil aux croisiéristes. Un couloir de circulation permettrait ensuite de relier cette entrée aux autres aménagements prévus par la mairie en lieu et place du parking qui longe actuellement la mer jusqu’à la gare maritime.

Réflexion sur les flux

Une question d’autant plus importante que la gare maritime est seulement un lieu de passage qui est loin de recevoir l’ensemble des passagers qui débarquent. Les bateaux amarrés devant la gare maritime ne représentent que 30 % des escales. Les 70 % restants, trop grands, sont sur le quai du port autonome. Et la situation pourrait évoluer. À la question de savoir si la gare va être suffisamment grande pour accueillir un million de croisiéristes par an comme le prévoient les projections, la réponse n’est pas franchement positive, d’autant plus que les bateaux évoluent et deviennent de plus en plus longs. Ils pourront donc de moins en moins accoster du côté de la gare.

La mairie de Nouméa pourrait proposer une alternative dans le cadre des aménagements du quai Ferry. L’idée est de construire au pied des paquebots du port autonome une zone de 6 000 mètres carrés qui pourrait également servir de lieu d’accueil. Autant dire que la question est ouverte. Mais si l’on veut pouvoir maintenir la dynamique de croissance, il faudra agir relativement vite quand on sait que le port de Nouméa, au même titre que les autres escales calédoniennes sont quasiment à saturation.


Un croisiériste, ça rapporte combien ?

En fait, on n’en sait rien ou du moins pas grand-chose. Les chiffres qui remontent à une dizaine d’années annonçaient 4 242 francs. Un chiffre un peu tombé du ciel qui reflète probablement assez mal la dépense moyenne des croisiéristes sur Nouméa et ne comprend pas les tours et les autres activités. La dépense moyenne mondiale est de 15 000 francs et elle est de 8 160 francs au Vanuatu. Une grande étude va être prochainement lancée, dont les résultats sont attendus pour la fin de l’année, pour mesurer avec plus de précisions l’impact économique des croisiéristes. L’enjeu est de taille. Sur les 550 000 croisiéristes présents dans les bateaux, on estime 70 à 80 % d’entre eux sont descendus du bateau, soit plus de 380 000 personnes sur l’année 2016. La CCI travaille par ailleurs sur la question du duty free.


Diversifier les escales

Pour 2017, le nombre d’escales est sensiblement le même qu’en 2016. Pour la CCI, qui a inscrit le développement du tourisme de croisière dans son plan quinquennal, il est primordial de multiplier les escales, à l’instar de ce qu’à fait la Nouvelle-Zélande. Le pays s’est lancé dans le tourisme de croisière avec deux ports, aujourd’hui, la Nouvelle-Zélande en compte 14, ce qui permet de limiter les impacts environnementaux, mais aussi une meilleure répartition des retombées économiques. La Nouvelle-Calédonie a connu des précédents et la fermeture d’escale. Pour Jennifer Seagoe, la présidente de la CCI, Poum pourrait être disposé à rouvrir une escale et d’autres pistes sont envisagées, notamment à Bélep.


Du croisiériste au touriste

Les retombées de la croisière peuvent être inattendues. Les statistiques montrent que près de 40 % des croisiéristes qui ont aimé une

Les bateaux de croisière sont des véritables immeubles flottants où l’on trouve des piscines, des spas, des salles de jeux, des restaurants et bien d’autres activités pour occuper les passagers entre deux navigations.

escale reviennent comme touristes classiques. Si 40 % de 500 000 croisiéristes est une perspective plutôt improbable, une dizaine de milliers de touristes, voire davantage, en plus serait toujours bon à prendre.