SLN:«Il est urgent d’agir!»

Après avoir perdu près de 100 milliards ces six dernières années, la SLN devrait être encore en perte en 2018. A ce rythme, le prêt Eramet-État sera consommé l’année prochaine.

Il y a urgence et la situation est plus qu’inquiétante pour la SLN. La filiale d’Eramet, qui affiche une perte de résultat de près de 100 milliards de cfp ces dix dernières années, tire la sonnette d’alarme. L’avenir est plus que morose. Par voie de communiqué, la direction de la société a tenu à faire un point sur la situation réelle. Philippe Germain et l’association Calédonie ensemble- FLNKS semblent être les seuls à a cher un optimiste déconcertant face à la situation de l’entreprise. En atteste, les prévisions de croissance avancée par le gouvernement lors du débat d’orientation budgétaire.
Bref, plus question « d’enfumer » la population a n d’obtenir des bulletins pour les prochaines échéances électorales, place aujourd’hui au réel. Le nickel va mal et la SLN est aux abois.

Blocage, grève, Kouaoua

Selon la direction de la SLN, « il est urgent d’agir (…), la situation se dégrade chaque jour un peu plus et chaque jour l’entreprise perd un peu plus d’argent. A ce rythme le prêt Eramet/Etat consenti en 2016 (63 milliards) sera consommé n 2019. Il sera trop tard ! » Le message de la direction est on ne peut plus clair et accompagne les récents dires de Christel Bories. La PDG d’Eramet avait mi-novembre, déjà indiqué que « la situation n’était plus tenable ».
Mais pour la direction de la SLN, il y a urgence à court terme. « Si le plan de performance et de transformation SLN 2020 a été mis en place, plan qui vise à donner à l’entreprise les moyens de la maintenir face à ses nouveaux concurrents, en s’alignant sur le plan des régimes horaires et de la productivité, dans un objectif de pérennité de la SLN et donc de maintien d’un maximum d’emplois » prévient la société, « chaque grève, chaque blocage, diminuent les chances de survie de la SLN et de ses emplois » faisant bien entendu allusion à l’a aire de la serpentine de Kouaoua comme aux mouvements de contestation et les grèves qui ont touché la SLN cette année, le tout se chi rant à plusieurs milliards de perte.

Hémorragie de cash

Pour la direction de la SLN, la situation est claire, « il faut stopper l’hémorragie de cash », la signature de l’accord 147 h sur les mines va dans ce sens. La SLN doit poursuivre de manière urgente « l’évolution du régime horaire de l’usine ainsi que tous les autres chantiers qui lui permettront de gagner en compétitivité » et ajoute que « de nouvelles mesures fortes, notamment de réduction de ses investissements ont été prises a n de préserver le cash restant. »

La situation mondiale n’a rien arrangé. Le cours du nickel a de nouveau dégringolé dès le milieu d’année, passant sous la barre des 11 000 dollars la tonne il y a quelques semaines, sans compter que comme le précise la SLN : « l’industrie mondiale du nickel a changé et la concurrence de nouveaux producteurs à faibles couts met l’entreprise au dé de la compétitivité ». Il est aussi rappelé que « le coût de production de la SLN est supérieur de 40 % à celui de ses principaux concurrents. »

L’appel aux salariés

Si face à ce constat, la direction de la SLN s’est déjà mobilisée pour bâtir un accord sur de nouvelles organisations et des organigrammes cibles, plutôt qu’un plan social, elle précise que « tout le monde doit aujourd’hui aider la SLN, à commencer par ses propres salariés. »

Christel Bories l’a aussi rappelé avec conviction : « Il faut que collectivement nous réagissions pour délivrer le plan de performance mais aussi faire évoluer notre modèle et le renforcer. La réalité du marché ne nous laisse plus le choix. Tout le monde doit aider la SLN à se maintenir un avenir en lui permettant de se battre à armes égales avec ses concurrents. À commencer par ses propres salariés ».

La SLN conclut sa communication avec cette phrase laconique : « Si nous ne réussissons pas ensemble, nous serons tous perdants. » Le message est clair !

C.S