Scal’air cherche à s’ouvrir

L’association chargée de surveiller la qualité de l’air a fait bien du chemin depuis sa création en 2004. Elle présentait, jeudi 21 septembre, son projet de plan de surveillance pour la qualité de l’air sur la période 2017-2022, dans le cadre de la Journée nationale de la qualité de l’air.

La qualité de l’air est un enjeu de santé publique. En 2016, une étude épidémiologique a démontré l’impact des pollutions notamment liées à l’activité industrielle et au trafic routier. Dans le monde, la pollution de l’air est la troisième cause de décès avec près de cinq millions de morts chaque année. Une délibération, adoptée au Congrès en début d’année, va entrer en vigueur et imposer de nouvelles règles aux pollueurs. Pour l’association qui s’occupe de la surveillance de la qualité de l’air et de l’information du grand public, l’évolution de la réglementation correspond à la mise en place d’une nouvelle feuille de route pour la période 2018-2022.

Mais avant d’adopter ce nouveau plan de la surveillance de la qualité de l’air (PSQA), la structure a souhaité faire le bilan de son PSQA courant sur les années 2010-2017 dans le cadre de la Journée nationale de la qualité de l’air. En sept ans, l’association estime avoir acquis un savoir-faire solide malgré le retard de Scal’air par rapport aux associations métropolitaines. En France, la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE) réglemente les pollutions et la surveillance depuis près de 20 ans.

Partie de peu et sans réel cadre réglementaire, l’association a souhaité suivre au plus près les réglementations internationales et métropolitaine pour mettre en place ses indicateurs et garantir la fiabilité des mesures et des protocoles. Il a ensuite fallu travailler sur la fiabilité des données qui nécessitent un étalonnage mensuel des appareils. Des mesures sous-évaluées ont ainsi être dû rectifiées, d’autres devraient encore l’être prochainement. En partenariat avec le centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique, un premier inventaire des émissions polluantes a également été dressé pour l’ensemble du territoire en 2012. Il sera remis à jour l’année prochaine par la Dimenc.

Un modèle prévisionnel pour 2020

L’année 2011 a marqué un tournant pour l’association qui a élargi son réseau en intégrant celui de surveillance de Vale, dans le Grand Sud. La même année, des contacts ont été pris avec l’usine du Nord sans que les discussions ne parviennent à aboutir. Cela n’a pas empêché la structure de développer ses activités sur Nouméa, qui est la seule commune partenaire de Scal’air. Un suivi régulier du trafic routier a été mis en place et a permis de mesurer une augmentation de 30 % de l’émission des polluants, correspondant à une augmentation de 30 % du trafic. L’acquisition de matériel permet aujourd’hui de suivre de nouveaux polluants comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les métaux ou encore les PM 2,5 (particules fines dont la dangerosité tient à leur petite taille qui rend possible une pénétration profonde dans le système respiratoire) ou encore de travailler sur les pollens. Les dernières mesures devraient se dérouler jusqu’en milieu d’année prochaine et le travail débouchera ensuite sur la publication d’un calendrier pollinique.

Sur le volet information-communication, Scal’air a également mis en place des outils qu’elle remet en question afin de les rendre plus efficaces. C’est le cas de son magazine, l’idée étant de voir si d’autres moyens de communication ne seraient pas plus efficaces et notamment une page Facebook. Il en va de même des spots télévisés qui étaient diffusés avec la météo du journal de NC 1ère. Le spot a été supprimé, mais une réflexion est en cours pour en programmer un nouveau qui, cette fois, ne présenterait plus uniquement les pollutions du jour, mais proposerait des prévisions aux téléspectateurs.

De nouvelles obligations réglementaires en 2018

Depuis plusieurs années, Scal’air travaille par ailleurs sur l’important dossier de la modélisation. Un travail qui a commencé avec le cadastre des émissions polluantes. En 2015, une première cartographie des concentrations moyennes annuelles en SO2, NO2 et PM10 était réalisée pour les années 2008 à 2012. Cette modélisation, qui pourrait être opérationnelle d’ici deux à trois ans, devrait être accompagnée d’outils d’aide à la décision. Prévoir les pollutions n’a de sens que dans l’optique de les prévenir ou, a minima, de préserver les populations les plus fragiles qui subissent aujourd’hui les conséquences sanitaires des pollutions atmosphériques.

Le plan de Scal’air pour les quatre années à venir consiste avant tout à asseoir la place de l’association et à en faire un partenaire incontournable de la surveillance de la qualité de l’air. Pour sa nouvelle directrice, Alexandra Malaval-Cheval, ce développement doit passer par la mise en place de partenariats avec de nouveaux acteurs. C’était tout l’intérêt des trois ateliers organisés le jeudi 21 septembre auxquels près d’une quinzaine de personnes, représentants les institutions, entreprises privées ou encore les associations, étaient inscrites à chaque.

Le premier traitait de la question de la gouvernance de l’association, un point essentiel qui recouvre la question du financement. Les finances des partenaires industriels (SLN, Vale et Enercal) et institutionnels permettent de couvrir les activités actuelles, mais ne seront pas suffisantes pour élargir les activités de l’association. Les émetteurs de pollution ne manquent pas que ce soit dans le domaine des transports, de l’industrie ou encore du bâtiment. Reste à convaincre ces acteurs de l’intérêt de devenir adhérents de l’association. Pour y parvenir, Scal’air compte sur la diversité de son panel de services qui devrait être élargi avec notamment la réalisation de diagnostics. Il est également pévu de mettre l’accent sur les thématiques émergentes que sont par exemple les pollutions maritimes avec les croisières ou encore aéroportuaires et plus précisément au niveau de l’aérodrome de Magenta.

La réglementation sur la qualité de l’air pourrait donner un coup de pouce à Scal’air. Les arrêtés d’application sont en cours de rédaction et ils pourraient prévoir de nouvelles zones à surveiller. Pour chaque activité, les services administratifs devront définir les modalités de surveillance. Une surveillance que l’association compte aussi améliorer grâce à la venue du Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air et ses retours d’expérience. Ce dernier aura la charge de certifier les organismes de surveillance, normalement en début d’année 2018, année au cours de laquelle un vent de nouveauté devrait souffler.