Provinciales : L’UFC-Que choisir interpelle les partis

L’Union fédérale des consommateurs de Nouvelle- Calédonie a publié une lettre ouverte aux politiques en vue des élections provinciales. Les inquiétudes portent en particulier sur le pouvoir d’achat des Calédoniens, la protection contre certaines dérives ou encore leur droit à être mieux informés.

Associations et syndicats profitent de cette période de pré-campagne pour attirer l’attention des politiques, espérant trouver chez les différents candidats une oreille attentive et susciter des avancées dans leurs domaines respectifs.

Dans sa traditionnelle lettre ouverte intervenant à chaque échéance provinciale et à l’occasion, toute trouvée, de la Journée internationale des consommateurs, l’UFC- Que choisir NC plaide en faveur d’une « consommation plus juste et responsable ». Selon sa présidente, Luce Lorenzin, s’il faut saluer les récentes mesures qui visent à renforcer les droits des consommateurs ou à sanctionner certains comportements abusifs (création de l’Autorité de la concurrence, de l’Observatoire des prix, affichage des prix au kilo, uniformisation des étiquettes énergétiques…), force est de constater qu’il reste encore beaucoup à faire. D’ailleurs, à mesure que la société avance, de nouveaux problèmes émergent…

Pouvoir d’achat

Si les responsables politiques ne sont pas toujours au fait des problèmes rencontrés quotidiennement par la population, l’UFC, elle, est au cœur des choses. Ses officines prennent parfois l’allure de « bureaux des pleurs ». Son rôle est d’être un porte-voix et ce qui tracasse actuellement les Calédoniens, c’est sans surprise leur pouvoir d’achat.

Quoi qu’en disent les autorités, la mise en place de la TGC n’a pas entraîné la transparence annoncée ou une économie en fin de mois… « La TGC est arrivée dans de mauvaises circonstances. Beaucoup de commerces n’étaient pas préparés, les formations n’ont pas été suffisamment suivies, les règles d’application non plus », commente Luce Lorenzin. Si certains prix de première nécessité et de grande consommation ont effectivement baissé («mais pas de 10 %»), il n’y a pas eu de baisse des prix sur les tarifs réglementés de divers prestataires et dans les services publics. Pire, des inquiétudes se posent quant à l’arrivée de nouvelles taxes impactant les ressources des consommateurs. Exemple : l’imposition à la TGC des autres taxes impactant les produits et services (ex : la taxe communale sur l’électricité) qui fait renchérir les prix.

Il y a par ailleurs un étonnement général sur certains choix de TGC : 3 % sur la bière locale quand les produits anti-moustiques importés étaient à 11 % en pleine épidémie de dengue ou les savonnettes à 22 %. Des interrogations subsistent enfin sur les pénuries dans les rayons. Sont-elles imputables à la nouvelle fiscalité ? Au choix des commerçants ? Quid de la liberté des consommateurs ?

Protection

Autre point de vigilance, cette sensation qu’ont les Calédoniens de se voir imposer des produits, des prix, des réglementations de manière un peu occulte et qu’ils ne sont pas suffisamment protégés contre les dérives et n’ont pas les moyens de se retourner. « Les consommateurs veulent être entendus et informés, lance Luce Lorenzin. La communication commence à se développer, mais on se pose toujours des questions sur les tarifs de la téléphonie, d’Aircalin. On ne nous dit pas quand interviendra notre raccordement au réseau d’assainissement, ce qui nous empêche d’anticiper, on ne nous dit pas non plus forcément quand sortent les enquêtes publiques, il y a un manque d’information sur la qualité environnementale et sanitaire des produits… » Les exemples sont nombreux et tous les consommateurs ne sont pas armés pour mener leur enquête. L’UFC-Que choisir estime globalement que les éléments ne sont pas requis pour qu’ils puissent consommer ou choisir en toute connaissance de cause.

Dans ce contexte, l’association demande que les institutions s’impliquent davantage dans la défense de leurs intérêts, que les politiques publiques soient aussi mieux expliquées (ex : report du contrôle technique, augmentation des taxes sur l’alcool, etc.) et elle réclame une évaluation systématique des politiques publiques « pour en vérifier la pertinence et l’efficacité ».

Propositions

L’UFC-Que choisir demande aux partis de faire connaître leurs propositions sur les différents points évoqués. En attendant, elle a produit une liste conséquente de mesures qu’elle souhaiterait voir mises en œuvre.

Parmi les plus emblématiques, on notera la révision des taux de TGC en « tenant compte du fait que les plus bas doivent concerner tous les produits alimentaires bons pour la santé et les produits d’hygiène indispensables », la renégociation de tous les tarifs des services publics et assimilés pour que les consommateurs bénéficient du caractère repercutable de la taxe.

L’UFC-Que choisir demande de revoir les règles d’étiquetage des produits alimentaires, un meilleur encadrement des substances dangereuses. Elle souhaite que l’on impose à l’OPT une facturation de l’appel à la seconde et dès la première seconde, l’ouverture d’accès à d’autres fournisseurs, la suppression de toutes les taxes hors TGC sur les communications téléphoniques et internet, la garantie d’un niveau élevé de protection des données personnelles notamment par les services publics.

Elle réclame la mise en place du service bancaire pour tous et gratuit pour les personnes en fragilité financière. Elle demande une commission de conciliation entre bailleurs et locataires et un service de médiation dans les copropriétés, la révision de l’aide au logement. Elle plaide encore pour la publication d’un Code de santé local ou au moins d’aligner certains droits sur ceux de la Métropole (comités de patients, etc.). Elle est en faveur du renforcement des missions de l’Autorité de la concurrence ou d’une meilleure implication des consommateurs et usagers dans l’élaboration des politiques publiques. La lettre aux politiques et l’ensemble des mesures proposées par l’UFC-Que choisir sont disponibles sur son site internet.

C.M.