Protéger une production locale… qui n’existe pas

Tout le monde s’accorde à dire que l’industrie de transformation locale est une richesse pour le pays. La Nouvelle- Calédonie fait d’ailleurs figure d’exception au sein des territoires d’outre-mer. Cette industrie a notamment pu se développer grâce à un système de protection douanière très protectionniste, de taxes et de quotas, voire d’interdiction d’importations. Un système qui s’est légèrement assoupli, mais qui peut difficilement disparaître du jour en lendemain, sous peine de voir s’effondrer le tissu d’entreprises locales. Depuis des années, la société Bargibant, qui importe notamment des produits alimentaires, se bat sur le plan fiscal avec le gouvernement pour faire valoir ses droits. Après l’épisode steak haché, c’est au tour des moules de faire l’objet d’un affrontement au tribunal administratif. Depuis plusieurs années, le gouvernement fait payer une taxe conjoncturelle de protection de la production locale sur les moules importées. Seul problème, il n’y a aucune production locale. Les amateurs du mollusque doivent donc supporter une taxe indue de 22 % qui ne protège rien. C’est du moins ce qu’a soutenu le rapporteur public devant le tribunal administratif. Le juge en a toutefois décidé autrement, estimant que les moules fraîches, qui sont retrempées, peuvent être assimilées à de la production locale, d’autant plus qu’il existerait un projet d’usine de transformation. S’il peut être économiquement intéressant de soutenir des projets porteurs, instaurer des taxes sans fondement ne fait que mettre en place des situations de rente et conduit à un niveau de prix de monopole. Tout ce que dénonce pourtant le gouvernement. Sans compter le risque de porter atteinte à l’image de la véritable production locale.