Prix des médicaments : un désaccord sur fond d’accord

L’accord trouvé entre les pharmaciens et le gouvernement, fin janvier, n’aura pas tenu longtemps. Les patrons d’officine reprochent à la nouvelle règle de calcul de ne pas présenter suffisamment d’assurance quant au maintien de leur chiffre d’affaires. Ils demandent que la réforme soit adoptée après une étude d’impact.

L’enjeu est une économie de 200 millions de francs pour la Cafat. Cela ne suffira certainement pas à sauver le Régime unifié d’assurance maladie et maternité, mais ce sont tout de même 200 millions de francs. Les provinces, qui financent l’aide médicale, auraient également quelque 20 millions de francs à y gagner.

Depuis 2014, le gel du prix du médicament avait très largement bénéficié aux patrons d’officine qui avaient vu grimper leurs marges de près de 400 millions de francs par an. Un beau cadeau pour une profession qui bénéficiait déjà de surrémunérations. L’ancien système de calcul des prix des médicaments consistait à appliquer un coefficient unique de 46 % au prix public du tarif national. Le gel, combiné à une baisse du prix des médicaments en Métropole, a conduit à une hausse des marges plutôt confortable des près de 70 pharmaciens présents sur le territoire.

Le nouveau système change les règles de calcul en profondeur. La nouvelle référence sera le prix fabricant hors taxe et non plus le prix public, comme c’était le cas. Autre nouveauté, cinq tranches ont été définies avec des coefficients différents, mais en hausse afin de maintenir le niveau de marges des pharmaciens.

Les pharmaciens s’inquiètent précisément de la création de ces tranches. Ils redoutent qu’une mauvaise estimation de la première tranche soit à l’origine d’une dégradation de leur chiffre d’affaires, d’où un débrayage lundi 19 mars au matin, date du début de l’application du nouveau système de calcul. Les pharmaciens demandent notamment à ce qu’une étude d’impact soit conduite. Le gouvernement mènera l’étude, mais entend bien mettre en œuvre sa mesure. Il se prononcera d’ici un mois, afin d’adapter ou non la première tranche, en fonction des résultats de l’étude.