Nouvelles mesures pour la sécurité routière

Dans le cadre de son plan quinquennal d’action, le gouvernement a présenté les mesures récentes, et à mettre en place prochainement pour lutter contre les accidents de la route. Avec toujours autant de victimes à déplorer, le constat demeure préoccupant.

En décembre dernier, l’association Prévention routière NC était montée au créneau contre le manque d’application du gouvernement en matière de sécurité routière. Elle rappelait que seules 20 % des 64 mesures du plan quinquennal de sécurité routière 2014- 2018, voté en 2013, étaient déployées.
Ce plan, particulièrement ambitieux, prévoyait, on le rappelle, de réduire de moitié le nombre d’accidents et également le nombre de tués en cinq ans.

Dans le détail, en 2013, on recensait 387 accidents corporels, 273 victimes hospitalisées et 36 personnes tuées. En 2014, 374 accidents corporels, 248 victimes hospitalisées et 67 décès. Qu’en est-il aujourd’hui ? En 2016, il y a eu 292 accidents corporels, 223 victimes hospitalisées et 51 décès. Et cette année débute encore bien mal avec déjà 16 victimes…

La tendance est, certes, à la baisse pour le nombre d’accidents (réduit de moitié, mais sur les dix dernières années), en revanche le nombre de tués, ainsi que le nombre de victimes hospitalisées n’évoluent guère. En clair, les chiffres nous disent que les accidents, moins nombreux, tuent et blessent autant ! Ils nous disent aussi que l’on est clairement loin des ambitions formulées il y a cinq ans par l’exécutif. Et par conséquent que les coûts humains et financiers (30,7 milliards de francs dont 20 milliards pour les personnes décédées) sont toujours exorbitants.

Sanctions plus lourdes

Depuis lors, plusieurs mesures ont néanmoins été prises et Cynthia Ligeard, membre du gouvernement en charge de la sécurité routière, qui a fait le point devant la presse la semaine dernière.

Il a été rappelé que le Congrès avait adopté, fin 2016, une délibération modifiant le Code de la route. Celle-ci est venue entériner l’abaissement des limitations de vitesse par temps de pluie (-20 km/h), le renforcement des sanctions pour l’usage du téléphone au volant (amende passée de 3 000 à 15 000 francs), la suspension du permis de conduire en cas de dépassement de 40 km/h de la vitesse maximale autorisée (50 km/h auparavant) ou encore le renforcement des sanctions en cas de carence d’équipement de sécurité pour les deux-roues.

Depuis février, l’exécutif a par ailleurs alourdi les durées de suspension de permis pour les conducteurs en état d’ivresse, sous l’emprise de stupéfiants ou pour vitesse excessive. Les récidives sont aussi sanctionnées plus lourdement et une peine aggravée a été instaurée pour les jeunes conducteurs avec une suspension administrative du permis de six mois dès la première infraction dans ces mêmes cas de figure.

Présence renforcée

Conformément à la volonté du ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, qui a fait de l’insécurité routière un des objectifs principaux de sa circulaire de politique pénale territoriale diffusée le 16 janvier dernier, on voit déjà en 2017 davantage de contrôles routiers et de confiscations de véhicules.

Début février, 53 policiers et gendarmes supplémentaires ont été affectés sur l’ensemble du territoire. Une deuxième brigade motorisée de gendarmerie a par ailleurs été demandée. Pour optimiser le temps de présence des forces de l’ordre sur la voie publique, la Nouvelle- Calédonie a créé un centre local de traitement des infractions et deux de ses agents ont en charge le traitement administratif de certaines contraventions. De quoi accélérer les procédures.

Le gouvernement promet, enfin, l’achat de deux radars supplémentaires (six au total) et la normalisation des plaques d’immatriculation, également dans les cartons, devrait permettre d’installer bientôt des radars automatiques sur des tronçons accidentogènes. L’exécutif subventionnera dans le même temps l’achat de huit appareils éthylotests électroniques antidémarrage pour une expérimentation sur des conducteurs récidivistes en état d’ivresse. Enfin, la mise en place du contrôle technique obligatoire et du principe du « propriétaire payeur » sont toujours d’actualité.

La concrétisation de ces mesures de répression, attendues depuis longtemps, devrait commencer à faire disparaître le sentiment d’impunité trop largement répandu sur les routes calédoniennes. Encore faudra-t-il qu’elles soient appliquées partout et pour tous.

C.Maingourd.


Les chiffres de 2016

  • 45 accidents mortels, 51 tués, 48 blessés.
  • Un coût évalué à 30,7 milliards de francs dont près de 20 milliards de francs pour les personnes décédées, 10 milliards pour les blessés hospitalisés.
  • Le non-port de la ceinture de sécurité est un facteur aggravant dans la moitié des accidents mortels.

Prévention

Les actions de prévention et de sensibilisation font aussi partie des priorités du territoire et de l’État pour faire évoluer les mentalités : institutions, forces de l’ordre et associations sont mobilisées. Parmi les nouveaux outils, une nouvelle campagne de communication, d’ici quelques mois, ou encore le Sécuribus de la Direction des infrastructures, de la topographie et des transports terrestres (DITT), qui se rend, depuis 2016, sur les manifestations publiques, doté notamment d’un simulateur d’accidents et une piste d’éducation routière. Il sera prochainement aux journées de la sécurité routière organisées à Koné (24 et 25 avril) et Kouaoua (27 avril).