Lucy reçoit l’approbation de la province Sud

Le président de la province Sud a tenu une conférence de presse, début décembre, afin d’annoncer l’autorisation d’exploiter accordée au projet Lucy. Un projet vital pour Vale NC qui consiste à transformer les rejets liquides de l’usine en solides.

Vale NC, c’est près de 3 000 emplois, 60 milliards de francs de salaires versés chaque année et des contrats de sous-traitance pour 250 entreprises. Autant dire que la fermeture de l’usine est inconcevable tant du point de vue économique que social. Si le spectre d’une fermeture semble s’éloigner, c’est en grande partie parce que les quatre conditions posées par l’industriel sont en passe d’être réunies.

La première était que Vale NC parvienne à réduire de manière significative son coût de production. Sur ce point, les équipes ont relevé le défi puisqu’il est passé de 30 600 dollars la tonne en 2014, à 20 000 en 2015, puis 12 500 en 2016. Il pourrait être ramené à 10 000 dollars la tonne en 2017 et même descendre à 9 000 dollars en 2018, c’est du moins ce sur quoi table l’industriel. Un niveau qui permettrait de sécuriser financièrement l’usine, en sachant que les cours actuels tournent autour de 11 500 dollars la tonne de nickel et 63 000 dollars la tonne de cobalt, coproduit important de Vale NC qui lui permet de réduire de manière significative son coût de production.

Un investissement de 50 milliards de francs

La deuxième condition stipulait que Vale reçoive l’aide de l’État, ce qui est chose faite. Après les 24 milliards de francs accordés avec un prêt de l’Agence de participation de l’État au groupe Vale, une nouvelle aide de 26,4 milliards de francs a été consentie via une garantie pour le projet Lucy. Une aide qui permet à l’opérateur de bénéficier de financements nettement plus avantageux.

Toujours sur les questions financières, Vale conditionnait le maintien de sa présence à la vente d’une partie de son capital à un nouvel investisseur. Si la transaction n’est pas encore finalisée, des discussions sont en cours avec un investisseur chinois.

La dernière condition était de pouvoir obtenir les autorisations de pouvoir mettre en œuvre le projet Lucy, ce qui est désormais chose faite puisque le président de la province Sud a délivré les autorisations d’exploiter la future zone de stockage. L’idée de ce projet à 50 milliards de francs est d’assécher les résidus liquides afin de pouvoir les stocker de manière plus sécurisée. La zone de stockage actuelle consiste à remplir une vallée bouchée par un barrage. Une technique qui présente des risques néanmoins importants, comme l’a montré l’exemple du barrage de Gento Rodrigues, au Brésil, propriété de Vale et BHP Billiton. En 2015, l’ouvrage a cédé et a littéralement emporté toute la vallée.

Augmenter la durée de vie du projet de 23 ans

Mais au-delà des risques, le projet Lucy est tout simplement une question de survie. Sans solution alternative, le stockage actuel de la Kué ouest, qui reçoit chaque année 6,5 millions de tonnes de résidus, sera saturé dès 2021. Le projet alternatif initial (KO4), rapidement écarté, prévoyait d’ensevelir sous les boues une autre vallée. C’est finalement le projet de résidus secs qui a été développé et dont une usine pilote est déjà à l’essai. Cette technique innovante dans le monde du nickel devrait prolonger de 23 ans la durée de vie de la zone de stockage actuelle avec un coût d’investissement quatre fois moins important que celui envisagé pour KO4 et une surface de défrichement nécessaire divisée par sept.

Sur les sept dernières années, la Direction de l’environnement de la province Sud a autorisé le défrichement de 437 hectares. Il faudra donc rajouter le défrichement de 66 hectares dont près de 4 hectares de forêt humide. La province Sud assure que ces coupes font l’objet de compensation, au travers de l’enrichissement du maquis existant. Un projet de mise en conservation de 200 hectares est également envisagé.