Le plan Juncker étendu aux territoires d’outre-mer

Tomas Mateo Goyet, le nouveau représentant de la Commission européenne à Nouméa s'est félicité de l'extension du dispositif. © Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Le plan de relance de l’investissement européen vient d’être étendu à la Nouvelle-Calédonie. Il permettra à l’AFD, Agence française de développement, de financer des projets un peu plus risqués. Le montant total des financements pour l’ensemble des pays et territoires d’outre-mer s’élève désormais à 180 millions d’euros.

Si loin, si proche. L’Europe est géographiquement bien loin de la Nouvelle-Calédonie et plus généralement du Pacifique. Chaque année, le territoire reçoit des subsides importants, en particulier dans le cadre du Fonds européen de développement (FED) qui vise à soutenir les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) dans le cadre de l’accord de Cotonou, signé en 2000 pour une durée de 20 ans. C’est d’autant plus vrai pour la Nouvelle-Calédonie qui est désormais en quelque sorte la tête de pont de l’Europe au niveau du Pacifique. Un rôle clef alors que les négociations avec l’Europe sur l’après-Cotonou ont commencé.

Mais en dehors des interventions directes auprès des pays ou des collectivités, l’Union européenne dispose d’autres leviers d’intervention. C’est notamment le cas de la Banque européenne d’investissement (BEI), un pendant de la Banque publique d’investissement française. En décembre 2016, la BEI et l’AFD ont signé un accord afin de soutenir les financements pour les départements d’outre-mer pour un montant de 150 millions d’euros (18 milliards de francs). Le programme s’est traduit par un premier financement d’une structure touristique ainsi que d’une résidence pour personnes âgées à Cayenne, en Guyane, en octobre dernier.

21,6 milliards de francs pour tout l’outre-mer

La différence majeure des interventions classiques de l’AFD, qui est le premier financeur des collectivités calédoniennes, tient au partenariat avec la BEI. Grâce au soutien de la Banque européenne, l’AFD peut prendre en charge une part de risque des projets plus élevée. Le 30 octobre, Ambroise Fayolle, le vice-président de la BEI, et Philippe Renault, le directeur de l’AFD en Nouvelle-Calédonie, ont signé l’extension du dispositif en Nouvelle-Calédonie. Mais c’est plus généralement à l’ensemble des pays et territoires d’outre-mer que le dispositif a été étendu. Afin de répondre aux besoins des différents territoires, le montant de l’enveloppe initiale de 150 millions d’euros a été porté à 180 millions d’euros, soit 21,6 milliards de francs.

Pour Philippe Renault, cette extension, qui favorisera l’investissement, est une bonne nouvelle pour la Nouvelle-Calédonie qui doit faire face à des tensions budgétaires. Tomas Mateo Goyet, le nouveau représentant  de la Commission européenne à Nouméa, a également salué cet accord qui « offre de nouvelles perspectives très intéressantes dans l’intérêt commun de l’Europe et des PTOM ».


La relance de l’investissement

Cet accord est une adaptation du plan Juncker, du nom de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Il estime que la relance de l’investissement doit être une priorité pour stimuler la croissance et l’emploi. Il plaide notamment pour une utilisation optimale des ressources existantes et une diminution des obstacles pour accéder à l’investissement. Il estime également essentiel de fournir une aide technique aux porteurs de projet ainsi que de donner de la visibilité aux entrepreneurs, ce qu’est parvenu à faire son camarade Mario Draghi, à la tête de la BCE, avec le maintien des taux directeurs à moyen et long termes très faibles.

Au niveau européen, c’est le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) qui assure cette mission et permet à la BEI d’augmenter sa capacité d’intervention, notamment dans des projets un peu plus risqués, mais à forte valeur ajoutée. Le FEIS devrait mobiliser aux environ de 225 milliards d’euros d’investissements, en soutien à près de 445 000 PME des 28 Etats membres.