L’association Teasoa menacée de fermeture

Depuis plus de 35 ans, l’association Renouveau Teasoa s’occupe du logement social en province Nord. Les difficultés ont conduit l’institution à couper drastiquement son budget. Avec une réduction de 93 % pour l’année 2018 et trois années de baisses importantes, l’association est au pied du mur. En grève, elle défend son existence, mais aussi les personnes qui bénéficient de ses services.

Renouveau Teasoa n’est pas une simple association comme le pays en compte tant. Créée en 1983 à l’initiative de Jean-Marie Tjibaou, elle a porté les premiers programmes de logements sociaux dans les communes du Nord. À l’époque, on était encore bien loin des opérations immobilières sur terres coutumières. La Sic et le FSH n’y intervenaient pas. En 1982, le gouvernement de Jean-Marie Tjibaou lance une étude pour l’amélioration de l’habitat. Un an plus tard, l’association Renouveau Teasoa est créée.

Une participation des communes, complétée par une aide de l’État, vise à soutenir la population à améliorer son habitat au travers de l’auto-construction. L’idée était de verser les subventions, une fois les travaux engagés, afin d’éviter les abus. Au fil des années, les dispositifs de l’association se sont étendus et diversifiés, allant de l’aide à l’amélioration de l’habitat à l’accompagnement pour l’accession à la propriété.

Depuis quelques années, pour faire face à la complexification des missions et permettre la mise en place d’un plan stratégique, le directeur cherchait à modifier la structure juridique de Teasoa.  L’idée était de faire évoluer l’association en société d’économie mixte. En 35 ans, Renouveau Teasoa a géré pour près de 13 milliards de francs de projets dont une grande majorité a profité au tissu de petites et moyennes entreprises du Nord.

Incertitude pour les projets en cours

Mais aujourd’hui, c’est sa survie que joue pourtant Renouveau Teasoa. Entre 2015 et 2017, la province Nord, compétente en matière de logement et principal financeur de l’association, a coupé ses subventions pour un montant de 35 millions de francs. Conscients des difficultés budgétaires de l’institution, les responsables de l’association avaient décidé de faire le dos rond et de trouver d’autres sources de financement. Mais le pire était à venir. En 2018, le coup de grâce a été porté.

La baisse des subsides provinciaux a été réduite de 90 millions de francs, soit 93 % du budget 2017, comme l’explique l’association. Dans ces conditions, Teasoa a pris la décision de procéder au licenciement d’une dizaine d’agents, dès le mois de mai, sur un effectif total de 24 personnes et la fermeture immédiate des agences de Koumac et de Houaïlou. Le siège social de Touho devrait fermer lui aussi début 2019. Au-delà des salariés de l’association, les responsables sont inquiets pour les 440 bénéficiaires qui sont en attente de la réalisation de leurs projets immobiliers. La direction regrette le silence de l’exécutif provincial et la destruction d’un outil performant, au cœur des politiques de rééquilibrage. La grève devait durer jusqu’au 12 avril, mais pourrait être reconduite.

Cette situation illustre le peu de considération des collectivités pour les associations qui effectuent pourtant un travail colossal et indispensable dans la société calédonienne. Au-delà des associations sportives qui ont un rôle de cohésion sociale, les associations accomplissent des missions de service public en lieu et place des institutions. Ces activités sont génératrices d’activités économiques et de valeur ajoutée qui ne sont pourtant pas prises en compte dans le PIB et servent le plus souvent de variables d’ajustement en cas de restrictions budgétaire.

Cet exemple de la province Nord est loin d’être un cas isolé, l’Afmi (formation des musiciens intervenants) en est un autre, tout comme de nombreuses autres associations qui travaillent pour les populations des trois provinces calédoniennes.

M.D.