La SLN met la pression

A l’issue d’un conseil d’administration qui s’est tenu le 7 septembre, la SLN a présenté un nouveau plan de compétitivité. Dans un contexte de marché des matières premières toujours déprimé, le Nickel souhaite réduire encore ses coûts de production.

La santé financière de la SLN est toujours mauvaise. Elle grignote petit à petit les crédits que l’État lui a alloués en 2016 pour assurer sa survie. En une année, plus de la moitié des 63 milliards de francs ont été dépensés et le reste devrait tout juste permettre d’aller au bout de l’année 2018. Mais le plan de performance SLN 2018 a toutefois porté quelques fruits. Les administrateurs, réunis en conseil le 7 septembre, ont confirmé l’objectif de 4,5 dollars US par livre de nickel produite d’ici la fin de l’année 2017. Un objectif ambitieux quand on sait que la SLN fait partie des sociétés les moins compétitives au monde.

En 2015, le coût de production d’une livre de nickel de l’usine de Doniambo était de 6 dollars US. En août 2016, le coût cash était passé à 5,4 dollars, puis à 5,06 en tout début d’année 2017. Les progrès et les économies sont bien concrets, mais comme l’a souligné l’industriel à l’issue du conseil d’administration, ces efforts, aussi louables soient-ils, ne seront pas suffisants étant donné le contexte du marché. La direction de la SLN a donc annoncé la poursuite de son plan de performance avec pour objectif d’atteindre un coût de production de 4 dollars la livre à l’horizon 2020.

100 emplois en moins

Les salariés seront une nouvelle fois les premiers à être mis à contribution. Le premier plan prévoyait une réduction des effectifs de 300 salariés sur les près de 2 100 que comptait la SLN. La direction estime que la masse salariale devra être ramenée à 1 700 salariés, soit une centaine de postes en moins, pour retrouver des marges de manœuvre. Comme le rappelle la SLN, cette réduction d’effectif passe uniquement par des départs volontaires ou des départs en retraite non remplacés. Mais le gros des économies devrait provenir d’une réorganisation des équipes de travail. Sur mine comme à l’usine, le travail serait réparti sur quatre équipes au lieu de cinq aujourd’hui. Des discussions ont été ouvertes avec les syndicats.

Une autre piste est avancée par l’industriel : les économies d’énergie qui sont un des principaux postes de dépenses de la SLN. Des économies sont prévues en interne et d’autres sont attendues au travers d’une révision du prix de l’électricité en attendant la fin de la construction de la centrale électrique par le gouvernement via Enercal. Autrement dit, la SLN attend un effort des pouvoirs publics. Cette annonce, qui rappelle que la survie de l’entreprise est en jeu, est en quelque sorte un petit appel du pied adressé aux collectivités qui a déjà assoupli la réglementation afin de laisser souffler l’industrie minière.

Des efforts publics sans contreparties ?

Cette annonce pose question et renvoie au débat qui a occupé les élus pendant quelques années autour de la participation publique au capital des entreprises minières. Finalement, participation ou pas, le constat est que les collectivités doivent mettre la main à la poche. Le débat était finalement passé à côté du véritable enjeu qui est de servir et préserver l’intérêt général. Bien plus que la participation, le service de l’intérêt général passe par une réglementation en cohérence avec une stratégie claire, l’instauration d’une redevance et la création d’un fonds souverain.

D’une certaine manière, on peut faire le constat amer que la situation a peu changé depuis plus d’une dizaine d’années et que les engagements des institutions et de l’État ne sont pas véritablement envisagés comme ceux d’un partenaire ou d’un investisseur, mais plutôt comme un dû ou une contrepartie des emplois ou des retombées économiques de l’activité. Une vision un peu simpliste qui occulte de nombreux coûts indirects de l’exploitation minière qui sont à la charge des collectivités.

M.D.