La Coupe Clarke rassemble le monde du cheval

Dimanche, le monde du cheval s’était donné rendez-vous à l’hippodrome Henry-Milliard. L’occasion de célébrer la 86e édition de la célèbre Coupe Clarke, mais aussi, de signer une convention garantissant le soutien du gouvernement au Conseil du cheval.

On parle souvent de la Nouvelle-Calédonie comme une terre d’équitation. L’icone du stockman n’y est pas étrangère, même si le cheval se pratique désormais sous de nombreuses formes. Cross, saut d’obstacles, simple balade, moyen de transport… Les pratiques sont aussi variées et l’on retrouve le précieux compagnon aussi bien en ville pour le loisir, qu’en tribu où il permet, par exemple, d’aller à la chasse dans la chaîne. Mais c’est bien l’élevage à l’australienne et le rodéo, le seul organisé sur un territoire français, qui ont permis l’enracinement de l’équitation dans la culture calédonienne.
Les multiples utilisations du cheval font qu’il est présent partout, du sud au nord, en passant par les îles. Si le cheval est incontournable, il n’en reste pas moins que les acteurs ont développé une filière comme ils ont pu, reposant le plus souvent sur du bénévolat et presque systématiquement sans moyen. C’est en particulier le cas de la filière d’élevage des chevaux de laquelle il a longtemps été difficile de vivre, ce qui est encore le cas.

Pacifique du Cap, la star du jour
Pour les éleveurs, les réunions telles que la Coupe Clarke sont donc des moments importants qui leur permettent de travailler, mais aussi faire la preuve de leur savoir-faire. Le rendez-vous octogénaire attire toujours autant de curieux et d’amoureux du cheval. Dimanche, la tribune de l’hippodrome Henry-Milliard était comble, une nouvelle fois, pour voir les meilleures écuries du territoire se disputer les 10 courses de la journée. Mais c’est le cheval Pacifique du Cap, de l’écurie Dolbeau, qui était la star du jour après avoir remporté la Coupe Clarke. Un cheval qui avait pourtant chuté en début d’année, mais qui a su retrouver son meilleur niveau.
Pour les éleveurs, chaque victoire est une récompense tout aussi importante que les dotations des sponsors. Sur la ligne d’arrivée, la décharge d’émotion est parfois si intense que la pudeur ne parvient pas à retenir toutes les larmes. Des larmes de bonheur qui exprime aussi tout le travail de ces passionnés. Si chacun a longtemps œuvré dans son coin, les choses ont commencé à changer doucement à partir de juillet 2014, date à laquelle le PMU a ouvert ses paris en Nouvelle-Calédonie.
L’idée d’instaurer le Pari mutuel urbain était d’apporter une source de financement pérenne pour la filière et permettre de régler les travaux nécessaires à l’entretien des hippodromes. Les institutions reversent 20 % des gains à la filière afin qu’elle puisse se développer. Un autre avantage était de pouvoir réallouer les moyens des collectivités qui étaient jusqu’à présent consacrés à l’entretien des hippodromes.


Une convention triennale
En toile de fond, c’est bien la professionnalisation qui est visée. Une professionnalisation qui passe en particulier par la garantie de revenus décents. Certains éleveurs bouclent parfois l’année en déficit. Il devient alors compliqué de payer les factures pour la nourriture, mais également les installations ou encore les jockeys qui viennent tous de l’étranger. Le PMU est un outil indispensable qui favorise l’augmentation des recettes liées aux courses, mais il impulse également une nouvelle dynamique autour des courses.
Son lancement a été suivi par la création du Conseil du cheval, en novembre 2015. Une structure s’inscrivant dans la même logique de professionnalisation. La vocation du Conseil du cheval est de regrouper l’ensemble des acteurs de la filière, soit désormais 23 associations réparties au sein de quatre collèges (sport et loisirs équestres, courses hippiques, élevage, ainsi que prestataires).
Le gouvernement et les représentants du Conseil du cheval s’était donné rendez-vous, dimanche, pour signer une convention triennale assurant un nouveau soutien à la filière équine. Elle prévoit une soutien annuel financier de cinq millions de francs, ce qui devrait éviter les ruptures de fonctionnement, comme en 2016, faute de moyens. Le Conseil bénéficiera aussi d’un soutien technique et administratif au travers notamment de la Direction des affaires vétérinaires, alimentaires et rurales.

Des ambitions pour la filière
Mais pour Philippe Germain, le président du gouvernement, il est impératif de commencer par un état des lieux de la filière par le biais d’un observatoire économique. Il devra mesurer le poids économique et définir les enjeux que représente le monde du cheval calédonien. Comme le souligne Nicolas Metzdorf, le président de la commission du développement rural de la province Sud, une évaluation a déjà effectuée et montré que le filière pèse près de deux milliards de francs.
La filière a probablement évolué depuis, grâce au PMU dont le montant des paris n’a cessé de progresser. Mais le potentiel équin ne se limite pas aux courses hippiques. Il représente un énorme potentiel de développement touristique. Il existe un autre potentiel, moins évident, mais qui constitue de réelles perspectives, selon les éleveurs. Les chevaux de course s’échangent à prix d’or sur le marché international, en particulier chez nos voisins australiens et néo-zélandais qui, argument supplémentaire, apprécient la génétique métropolitaine des chevaux calédoniens.
Le Conseil devrait prochainement repasser des conventions avec ses autres partenaires et notamment la province Sud, de façon à développer la filière et lui donner toute la place qui lui revient. Il se pourrait d’ailleurs que cela se traduise par une grande manifestation centrée sur le cheval et qui rassemble l’ensemble des acteurs. Reste à en définir la forme. Ce qui est certain, c’est que le monde équin ne manque pas d’ambition.