Impulser un futur durable en outre-mer

La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a lancé le 8 avril depuis le 1er étage de la tour Eiffel la Trajectoire outre-mer 5.0 qui doit favoriser un développement durable dans nos territoires.

S’inspirant largement des objectifs de développement durable de la COP21, la Trajectoire outre-mer 5.0 définit une nouvelle manière de « construire les outre-mer » en invitant les décideurs, les élus, les entreprises et les citoyens à concevoir un futur durable à travers cinq objectifs pour 2030 : zéro carbone, zéro déchet, zéro polluant agricole, zéro exclusion et zéro vulnérabilité (face au changement climatique et aux risques naturels).

Les projets qui répondent à ces objectifs seront encouragés et favorisés au niveau national. La ministre a annoncé avoir porté le Fonds exceptionnel d’investissement à 110 millions d’euros par an. 70 % des projets de la programmation 2019 s’intègrent déjà dans cette stratégie et l’objectif est d’arriver à 100 % l’année prochaine. Annick Girardin a aussi promis le déblocage de 1,8 million d’euros pour les microcrédits de l’Adie.
Le label Trajectoire outre-mer 5.0 pourra être utilisé pour tous les projets qui y répondent. Des formations nationales et régionales seront organisées à partir de 2020 pour les secteurs publics, privés et associatifs.

Un long chemin

Pour Annick Girardin, de par leur isolement, leur formidable biodiversité, leur espace maritime, nos territoires « disposent d’atouts exceptionnels pour relever le défi du siècle ». Il s’agit de faire en sorte qu’ils « deviennent les pionniers de solutions innovantes et reproductibles » et d’impulser « de nouveaux modèles de développement plus justes et moins inégalitaires ».

Les ambitions sont bonnes, mais elles seront néanmoins difficiles à assumer. Le gouvernement se fixe, par exemple, l’objectif d’atteindre 50 % d’énergies renouvelables dès 2020, puis une autonomie complète en 2030 sachant que les énergies fossiles représentent entre 32 et 98 % des mix énergétiques des territoires. On notera par ailleurs que plus de 1,2 million de véhicules circulent dans les outre-mer pour des trajets quotidiens moyens inférieurs à 50 km ; que la maîtrise de la production des déchets et du traitement est encore balbutiante, que les pesticides sont encore largement utilisés, que le taux de chômage moyen est de plus de 22 % et 45 % chez les jeunes et que l’illettrisme est trois fois plus important que dans l’Hexagone…

Mise en œuvre concrète

En Nouvelle-Calédonie, le nouveau parti ACT, porté par Martine Cornaille, dit s’inscrire pleinement dans ces objectifs et propose dans son programme pour les élections provinciales leur « mise en œuvre concrète ».

Parmi les mesures citées : l’établissement d’un plan territorial de réduction des déchets dangereux, la mise en place d’une éco-participation, l’instauration d’une taxe carbone applicable au charbon et à tous les produits pétroliers ou gazeux à destination professionnelle, la rétribution des services écologiques rendus par les agriculteurs, la réformation de la gouvernance des structures publiques du secteur agricole « pour en exclure les conflits d’intérêt » ou encore l’attribution des enveloppes du 12e Fed au développement écologique.

C.M. ©AFP