Gaël Yanno : « Le référundum est inévitable »

Gaël Yanno représentant de l’Union pour la Calédonie dans la France (UCF) au Congrès est candidat aux élections législatives de 2017, dans la première circonscription (Nouméa, Île des Pins, Loyauté). Il s’exprime sur ses motivations, les axes forts qu’il entend défendre, et également sur les bouleversements politiques à l’échelle nationale.

DNC : Vous avez été le premier à annoncer votre candidature aux prochaines législatives. Qu’est ce qui a motivé votre décision ?

Gaël Yanno : C’est une décision que je n’ai pas prise seul. C’est une décision collective en étroite concertation avec mes collègues élus et avec les militants. C’est une candidature pour porter la voix à Paris des nombreux calédoniens loyalistes qui ne se reconnaissent ni dans un accord à n’importe quel prix avant 2018, solution irréaliste portée par Pierre Frogier, ni dans une petite nation dans une grande nation, aboutissement d’un référendum éclairé, solution dangereuse défendue par Philippe Gomès. Ce que nous proposons à l’UCF est différent. C’est de préparer le référendum prévu dans l’Accord de Nouméa pour permettre aux calédoniens de choisir clairement entre la France et l’indépendance. Le résultat de ce référendum devra être le socle des négociations qui interviendront après 2018 pour sortir de l’accord de Nouméa.

Pourquoi selon-vous les loyalistes veulent maintenant éviter le referendum, tout du moins dans sa forme prévue initialement, et pourquoi précisément pensez-vous que c’est une erreur ?

La question n’est plus pour moi de savoir si le référendum prévu par l’Accord de Nouméa est souhaitable ou pas. Il est aujourd’hui inévitable. Il faut avoir la sincérité de dire cette vérité aux Calédoniens. Il est totalement irréaliste de faire croire aux calédoniens qu’un accord de long terme dans la France peut être conclu avec les indépendantistes avant 2018. Les indépendantistes se mobilisent dès à présent pour ce référendum. Les loyalistes doivent en faire autant pour expliquer et convaincre. Je regrette que l’UCF soit aujourd’hui la seule formation loyaliste à faire campagne pour que le vote en faveur de la France soit le plus large possible. Je souhaite vivement que toutes les formations loyalistes s’unissent à l’occasion de cette campagne du référendum. Les négociations après 2018 seront effectivement différentes si le résultat est 65/35 ou 52/48 en faveur de la France

Quelles sont les différentes étapes qu’il faut selon vous franchir pour construire un pays serein, en paix ? 

Nous vivons depuis 28 ans en paix. Nous devons bien sûr poursuivre sur ce chemin qui est le seul qui permet le développement économique et le progrès social. La condition préalable à une communauté de destin, c’est tout d’abord le respect mutuel pour une vie en harmonie entre tous les Calédoniens. Mais la très forte augmentation de la délinquance et la montée de l’insécurité remettent en cause cette harmonie tellement l’exaspération est grande.

On parle beaucoup toujours effectivement de l’insécurité et il devait en être question lors de la visite de la ministre. Que devrait-on faire à ce sujet ?

Force est de constater que l’État a complétement baissé les bras face aux problèmes de la délinquance. Or c’est à lui d’agir en priorité puisqu’il est responsable du maintien de l’ordre et de la justice. Une répression renforcée ne doit pas être un sujet tabou. Face à cette insécurité exceptionnelle, la réponse en moyens humains et en volonté doit être tout aussi exceptionnelle. Les Calédoniens n’en peuvent plus d’être victimes d’autant de vols, de cambriolages, de violences… Il faut désarmer les bandits qui terrorisent la population du Mont-Dore. Il faut également que l’État construise enfin une prison moderne de 500 places que j’avais obtenue en 2011 en tant que député. Cette construction a été annulée par Christiane Taubira avec malheureusement le soutien de Sonia Lagarde et de Philippe Gomes.

Quelles sont les autres grandes lignes que vous défendrez ?

La préparation de l’après 2018 et le rôle de l’État dans le retour à la sécurité des personnes et des biens seront des thèmes centraux de ces élections législatives. La question de la citoyenneté calédonienne sera également essentielle. Je veux que dans le prochain statut elle soit plus ouverte, que l’on sorte du gel pour revenir à une citoyenneté glissante ouverte également aux conjoints de citoyens. J’aurai l’occasion de développer aussi d’autres thèmes tels que le rôle que l’État doit avoir en matière de politique du nickel, de défiscalisation, ou encore d’enseignement supérieur …

Les récentes élections auxquelles vous vous êtes présenté n’ont pas été en votre faveur. De quelle manière avez-vous pris ce revers en considération ?

La vie politique, comme la vie tout court, est faite de succès et d’échecs, de joie et de peine. Ces expériences forgent le caractère d’un homme et notamment d’un homme politique. En 2017, il faudra à l’Assemblée nationale un député calédonien inébranlable dans son attachement à la France, un député à l’écoute des préoccupations de ses concitoyens, un député qui connait bien les réseaux parisiens de la politique nationale, un député sincère et honnête. A moi de convaincre les calédoniens que je serai ce député.

Un mot sur la politique nationale. Et d’abord sur l’élection de François Fillon, qui n’était pas votre candidat favori, à la primaire de la droite et du centre…

C’est une chance pour ma famille politique d’avoir eu deux candidats de grande qualité qualifiés pour le 2ème tour de la primaire. C’est sans état d’âme et en toute confiance que je m’investirai pour faire gagner François Fillon en 2017. J’ai pu apprécier ses qualités d’homme d’État quand il était Premier ministre et que j’étais député. Comme je l’avais dit dès le départ, chacun avait la liberté durant cette primaire d’émettre une préférence pour un candidat et tout le monde a le devoir de se rassembler derrière celui qui a été investi.

Votre réaction après l’annonce de François Hollande de ne pas se représenter à l’élection présidentielle. Sur la forme et sur le fond ?

Il a été digne. C’est probablement l’une des meilleures décisions qu’il aura prise durant son quinquennat. C’est le constat de l’échec de la politique de la gauche, qui laisse la France dans un état catastrophique.

Comment voyez-vous cette élection présidentielle se profiler ?

Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est l’alternance. Il faut mettre fin à ces cinq ans de socialisme. Le prochain président de la République aura un rôle déterminant dans la sortie de l’Accord de Nouméa. L’actualité nous a montré qu’il fallait se méfier des sondages. Rien n’est acquis et la mobilisation de ma famille politique, Les Républicains, devra être totale derrière notre candidat pour l’emporter.

Propos recueillis par C.M.