Congrès : Thierry Santa réélu

Et de trois (mandats) pour Thierry Santa qui retrouve le perchoir de l’hémicycle du boulevard Vauban. Les frictions ont commencé avec les premières déclarations du président réélu…

Chacun fait le plein. – Au premier tour de scrutin, trois candidatures logiques : celle de Roch Wamytan, pour les indépendantistes (qui fera le plein des suffrages avec 25 voix) ; celle de Thierry Santa, pour l’intergroupe Calédonie ensemble et consorts (qui réunit 23 voix non indépendantistes, mais pas la majorité absolue qui est à 28) ; et celle de Grégoire Bernut, pour le nouveau groupe Les Républicains calédoniens (qui recueille six voix). La messe est dite : chacun fait le plein de ses voix !

Nul n’est majoritaire. – La démonstration est faite : les plateformistes n’ont pas, seuls, la majorité au Congrès. À l’avenir, il leur faudra soit négocier avec Sonia Backes et son groupe, soit dealer des voix indépendantistes, comme le faisait Philippe Germain. Ce qui, à une quinzaine de mois du référendum, serait interprété comme de la trahison par leur électorat. Ou… ?

Élection et réactions. – Fin du suspense à l’annonce du deuxième tour de scrutin : Grégoire Bernut retire sa candidature, « nous sommes des gens responsables ! », avait-il prévenu. Tous les suffrages loyalistes de l’hémicycle se portent aussitôt sur la candidature de Thierry Santa, qui l’emporte avec 29 voix contre 25 à Roch Wamytan. « La logique des chiffres l’a emporté », a commenté ce dernier; « La droite a su se rassembler au 2e tour », complète Louis Mapou. « Les équilibres du Congrès ont été respectés », constate Philippe Michel pour la plateforme. « D’abord, il nous fallait défendre l’intérêt général, rétorque Sonia Backes, et permettre l’élection d’un non-indépendantiste à la tête d’une assemblée majoritairement non indépendantiste ».

Un président plus politique. – Sitôt réélu, Thierry Santa invite les quatre présidents de groupes à le rejoindre au perchoir : Philippe Michel et Sonia Backes ; Roch Wamytan et Louis Mapou. Les deux années précédentes, il avait invité le président du gouvernement… D’emblée, Thierry Santa place son exercice sous le triple signe de « l’honneur, l’humilité, et la responsabilité », valeurs océaniennes et chrétiennes, qui lui sont chères. Conscient du « fossé qui se creuse » entre les élus et la « population qui considère qu’ils forment une caste à part, inaccessible », il se dit aussi convaincu que le Congrès « aura un rôle important à jouer dans la préparation de la sortie de l’Accord de Nouméa ».

La question du référendum. – Plus politique, et pas à pas sur les traces de Pierre Frogier et Philippe Gomès, le président Santa affirme être « surtout convaincu que ce n’est pas en répondant à la question binaire, telle qu’elle est prévue aujourd’hui dans l’Accord de Nouméa, que nous répondrons au besoin de reconnaissance mutuelle. Mais davantage en recherchant nos valeurs communes ou en réfléchissant à notre identité calédonienne qui ne peut être qu’un mélange de nos identités plurielles ». Conséquence, le Congrès devrait « s’impliquer davantage dans les Etats généraux de la Calédonie » : recherche de convergences, selon les uns, écran de fumée pour estomper l’enjeu du référendum, selon d’autres.

Extraordinaire ! – Des propos qui ont fait tiquer dare-dare Grégoire Bernut, le vice- président des Républicains calédoniens, qui « trouve extraordinaire » que Thierry Santa ait « utilisé sa réélection comme une tribune politicienne et profité de cette occasion pour remettre en cause la légitimité du référendum ». Le ton est donné. Un accord entre leurs deux groupes (Calédonie ensemble, Rassemblement, MPC, Les Républicains et Les Républicains calédoniens) a permis aux non-indépendantistes du Congrès de conserver la première vice-présidence de l’assemblée, avec Yoann Lecourieux. La deuxième vice-présidence revient, quant à elle, à Caroline Machoro-Reignier (UC FLNKS et Nationalistes).

M.Sp.