« C’Nature », des nouvelles conférences tous publics

La province Sud et l’IRD, Institut de recherche pour le développement, organisaient cette semaine, la première conférence publique « C’Nature ». Un nouveau rendez-vous gratuit destiné aux curieux de l’environnement et qui sera désormais programmé chaque dernier mardi du mois à l’auditorium de la province.

L’auditorium du centre IRD de Nouméa étant en travaux, il n’y aura pas de conférence « Découvertes » cette année. Cependant, l’IRD et la province Sud proposent des conférences publiques, intitulées « C’Nature ». Ouvertes à tous et gratuites, elles se tiendront chaque dernier mardi du mois, « sauf exception ». Elles prendront le format de conférences-débats ou de projections de documentaires, suivies de questions-réponses. « L’idée était de pouvoir mettre à disposition de l’IRD et de nos autres partenaires scientifiques, comme l’Institut agronomique néo-calédonien et l’Université, l’auditorium de la province Sud, tout en impliquant la collectivité qui est gestionnaire de l’environnement », précise Suzelle Wilson, à la Direction de l’environnement. Il s’agit également de traiter des sujets qui peuvent concerner un public plus large ou encore de suivre un évènementiel particulier et le calendrier provincial. « C’est une belle occasion pour acquérir des connaissances et de pouvoir discuter de ces thématiques avec nos administrés. Nous serons là pour répondre à toutes les questions ! », ajoute-t-elle.

Interventions

La première édition était consacrée mardi aux « supers pouvoirs de la nature », thème retenu pour la 11e édition de la Fête de la nature, créée à l’initiative du Comité français de l’Union internationale de conservation de la nature.

Édouard Hnawia, nouveau directeur du centre de l’IRD de Nouméa, salué mardi pour sa nomination, et Mohammed Nour, de l’équipe de chimie LIVE à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, ont évoqué le sujet des biomolécules. Elles participent au processus métabolique et à l’entretien des organismes vivants et existent en quantités infinies dans la nature avec des « propriétés remarquables ». Ils ont présenté les méthodes actuelles pour les isoler et les identifier, en particulier l’ethnopharmacologie, « démarche privilégiée » au cours de leurs investigations. Et ils ont expliqué leurs utilisations variées, tant à l’échelle industrielle que traditionnelle (pharmacologie, phytothérapie, cosmétique, parfumerie, colorants, insecticides, etc.)

Christian Mille, de l’Institut agronomique néo-calédonien (IAC), a ensuite présenté ses travaux sur le pouvoir olfactif des insectes, un pouvoir « impressionnant » qui leur permet notamment de retrouver leur partenaire sexuel, leurs plantes hôtes ou leurs ressources alimentaires. Le scientifique a expliqué qu’il était désormais possible de capturer les odeurs dont les insectes ont besoin pour leur survie, des odeurs de plantes attractives, répulsives ou insecticides. Ces possibilités apportent des outils de développement de lutte durable contre les ravageurs tels que les mouches des fruits ou les papillons piqueurs de fruits dans un contexte de diminution voire de retrait des insecticides. Le cas de l’olfaction chez le papillon piqueur de fruits a en particulier été développé : il pourrait déboucher sur la mise au point de nouvelles méthodes de gestion de ce « ravageur significatif ».

Enfin, Hervé Jourdan, entomologiste de l’IRD, a abordé la notion de « paysages sonores », confirmant le potentiel de cette méthode utilisée par Jérémy Anso, de l’UNC, pour évaluer la biodiversité et les pressions subies. Ainsi, les grillons qui ont une place prépondérante dans nos milieux sonores et qui contribuent au fonctionnement des écosystèmes, apparaissent comme d’« excellents marqueurs » des habitats néo-calédoniens. Il a été précisé que des investigations scientifiques complémentaires devaient être menées pour valider une méthode de méta-acoustique locale pour le suivi de la biodiversité des milieux naturels, dégradés ou restaurés.

Thèmes variés

Les prochains rendez-vous sont déjà actés. Le 8 juin, un jeudi exceptionnellement, la conférence « C’Nature » sera consacrée aux aires marines protégées à l’occasion de la Journée mondiale des océans en présence de Dominique Pelletier de l’Ifremer. Le 27 juin, Claire Garrigue (Opération cétacés) interviendra sur les baleines pour l’ouverture de la saison. Au mois de juillet, la conférence sera dédiée à la pêche hauturière et ses enjeux pour le territoire, et en août, il s’agira d’évoquer Zealandia, le nouveau continent, avec Julien Collot, géophysicien marin au service de la géologie de la Direction de l’industrie, des mines et de l’énergie (Dimenc). D’autres échéances sont prévues sur l’expédition Tara ou encore les conclusions de l’expédition Planète revisitée, menée par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).

C.M.

©Fabrice Wenger/P.Sud