Cinq jours en immersion au Rex

L’association Subl’image organise la semaine prochaine son festival annuel de l’image sous-marine. Une neuvième édition pleine de nouveautés qui sera présidée par Gil Kébaïli, une référence dans le monde du documentaire.

Il est rassurant de voir qu’en cette période de disette dans le monde culturel, quelques évènements parviennent à subsister sur le Caillou. Il en est ainsi pour le festival international de l’image sous-marine de Nouvelle-Calédonie, qui valorise, depuis neuf ans et l’inscription du lagon au patrimoine mondial de l’Unesco l’image subaquatique. Toutes ces photos, ces films qui contribuent à sensibiliser le public, et les jeunes notamment, à la beauté et à la fragilité du lagon.

Les subventions ont effectivement varié, mais elles « s’équilibrent », nous dit Sylvain Charrière, le président de l’association Subl’image. Il faut dire que l’on touche à l’environnement marin à un moment où l’on essaye de valoriser notre espace dans la grande région, cette fameuse zone désormais nommée « Indo-Pacifique » : le festival pourrait rayonner au-delà du récif, c’est la raison pour laquelle le concours s’est, par exemple, ouvert à l’international et qu’une page Facebook en anglais a été créée. « Ce n’est effectivement pas neutre, explique Sylvain Charrière. Ce sont de premiers pas pour s’inscrire dans un cadre plus grand. » Et l’impulsion du gouvernement n’est pas négligeable ici.

Des œuvres…

Preuve que l’événement se porte bien, il atteindra cette année un nouveau record de participation avec 147 créations en concours dont 15 courts-métrages, 7 clips, 35 séries de photos et 84 clichés tirés en grand format, 6 diaporamas. Coraux, raies manta, congres, anges de mer, baleines, cachalots… Qu’elles soient minuscules ou magistrales, les espèces sont les têtes d’affiche de ce bel événement rendu possible par l’implication des professionnels et autres passionnés d’ici et d’ailleurs.

Le festival proposera au Rex, sur cinq jours, dix séances thématiques de cinéma (pour certaines gratuites) à destination du public et des scolaires ( jeudi et vendredi), mélangeant des œuvres locales et, pour la deuxième année consécutive, une sélection des meilleurs films diffusés lors de la 30e édition de la Fête européenne de l’image sous-marine et de l’environnement (Feisme) de Strasbourg (10 heures de film). Auparavant, les sélections provenaient du festival mondial de l’image sous-marine de Marseille, qui n’a pas survécu à une liquidation judiciaire. Un changement qui convient à Sylvain Charrière, celui de Strasbourg offrant à l’association davantage de choix de sa sélection de photos et de films.

Il y aura, par ailleurs, comme tous les ans, des échanges et ateliers avec les réalisateurs ou les photographes, des conférences gratuites (IRD, Pew, Creisica, UNC…) et, à l’occasion des 10 ans de l’inscription du lagon au patrimoine mondial de l’Unesco, un partenariat s’est instauré avec le Conservatoire des espaces naturels avec, à la clé, des visites de l’Amborella, ce bateau dédié à la surveillance du parc de la mer de Corail. À noter que cette édition touchera pas moins de 560 enfants, 27 classes de la maternelle à la seconde. Quatre classes auront la chance de visiter l’Amborella.

Sous le regard de…

Les œuvres en compétition seront évaluées par un jury, présidé cette année par Gil Kébaïli. Ce ponte du documentaire est spécialisé dans le monde sous-marin du Pacifique. Il a été durant 25 ans le réalisateur des émissions Ushuaïa Nature avec Nicolas Hulot, réalisateur de docu-fictions pour Arte et, plus récemment, réalisateur et opérateur des expéditions de Laurent Ballesta (Coelacanthe, Le mystère mérous, Antarctica…), président de l’édition 2015 du festival.

Gil Kébaïli connaît la Nouvelle-Calédonie pour y avoir réalisé des reportages il y a une dizaine d’années et il a accepté cette mission après une rencontre avec Sylvain Charrière, à Paris. Il viendra avec deux films pour la soirée d’ouverture mercredi : La vie secrète des atolls (2018), réalisé en coproduction avec Manuel Lefèvre et Arte France, qui nous emmène à la rencontre des espèces marines emblématiques du grand Pacifique, et Gombessa 4 – La génèse (2017), qui étudie les comportements de chasse des requins.

Et grande nouveauté de cette édition du festival de l’image sous-marine : 700 requins dans la nuit : épisodes 1 et 2, tournés, justement, lors de l’expédition Gombessa 4, à Fakarava, seront présentés au Rex en réalité virtuelle à 360 °. Une expérience à ne pas rater ! Gil Kébaïli partagera enfin son expérience de réalisateur lors d’un atelier ouvert à tous, le samedi au Rex, de 10 h à midi.

Il sera accompagné par un jury local, majoritairement féminin, avec Mariette Dhoosche (photographe amatrice, cinéaste), Christelle Montané (artiste peintre, guide baleine, investie dans la protection des mammifères marins), Stéphanie Picard (photographe) et Luc Faucompré (photographe).

C.M.

©Franck Charpentier 

Du 23 au 27 mai au Rex, Nouméa.

Tout le programme sur www.festivalimagesousmarine.nc