Budget 2019 : tout le monde est loin d’être d’accord

Les élus du Congrès ont examiné lundi le débat d’orientation budgétaire pour 2019 avant de l’adopter. Certains, optimistes, à l’image de Calédonie ensemble, estiment que tout va pour le mieux et d’autres, plus réalistes, comme les Républicains calédoniens ou le Rassemblement-MPC voient le tableau plus sombre.

Quelques empoignades lundi lors du débat d’orientation budgétaire 2019 et on n’en attendait pas moins après une présentation pour le moins étonnante du gouvernement. Sur fond d’arrière-pensées électorales, les représentants de la majorité, Calédonie ensemble, ont dressé un tableau très optimiste de la situation économique, voyant même un embellissement pour les prochains mois. Pour le gouvernement et les élus gomésiens, tout va bien dans le meilleur des mondes, la crise n’est pas aussi grave que ce que l’on avait prévu et la reprise pointe le bout de son nez ! La croissance pourrait même atteindre les 3 % l’année prochaine, les recettes fiscales augmenteront et la balance commerciale s’améliorera. Tout comme le tourisme, qui progresse, sans parler du nickel, qui devrait repartir et assurer notre économie. De quoi, peut-être en n, interroger les Calédoniens sur la vision du parti au pouvoir au moment même où une large majorité cherche au fond de sa poche pour terminer l’année avec un semblant de sourire…

La question du nickel

Si le camp indépendantiste, sauf l’Union calédonienne, est une nouvelle fois resté muet sur la plupart de ces points, peut-être pour ne pas contredire leur « associé du pouvoir », selon certains, l’opposition n’a pas laissé passer les propos de Calédonie ensemble. Thierry Santa, du Rassemblement-MPC, a indiqué : « Comment osez-vous affirmer que les choses vont et iront mieux alors que les dirigeants de la SLN viennent de dire publiquement que leur entreprise est dans une situation dramatique, que les crédits prêtés par l’État seront consommés plus vite que prévu (…) Sans compter la situation d’attentisme qui va résulter du refus des indépendantistes de renoncer aux prochains référendums. »

Même teneur de propos dans l’explication de vote des Républicains calédoniens. « Comment pouvez-vous affirmer que l’économie semble repartir grâce au redressement du nickel à peine 72 heures après que la PDG du groupe Eramet, Christel Bories, ait annoncé que la baisse actuelle d’un dollar et demi des cours du LME risquait de faire perdre 20 milliards à la SLN l’année prochaine ? (…). C’est fort de café et totalement hors sol ! », demandait Sonia Backes.

Un tableau loin de la réalité

Au-delà du nickel, les Républicains calédoniens ont, dans leur explication de vote, repris point par point le rapport sur les orientations budgétaires du gouvernement pour le démonter. « Le tableau de l’économie calédonienne que vous tentez de nous faire voir n’est assurément pas celui que voient les Calédoniens. Ni celui que vivent les entreprises et les ménages dans leur quotidien – vous savez, les vrais gens, qui vivent dans la vraie vie et ne peuvent plus boucler leurs fins de mois ! », a lancé Sonia Backes au président du gouvernement, ajoutant : « Par exemple, ces 28 000 Calédoniens, recensés pour la première fois par le Bureau international du travail (BIT), qui sont en âge de travailler et que votre politique dirigiste a placés en marge du marché du travail. »

Les Républicains calédoniens avancent surtout que ces chiffres « ne sont même pas étayés de la moindre étude » et qu’au « contraire, ils sont contredits par tous les indicateurs de l’Isee, de l’IEOM et de l’IDC-NC ! ». Et d’interpeller Philippe Germain en lui demandant : « Monsieur le président du gouvernement, que faites-vous des 14 900 personnes au chômage (11,8 % des actifs), des milliers de destructions d’emploi sur les trois dernières années, de la TGC censée faire baisser les prix de 10 à 15 % « au moins », selon vos déclarations, alors qu’ils augmentent de 0,4 % encore le mois dernier et des 17 % des ménages qui vivent désormais sous le seuil de pauvreté, selon vos propres dires à la tribune de l’Onu ?… » Et de conclure : « Assurément, ils apprécieront la légèreté avec laquelle vous les balayez d’un revers de main, en oubliant que derrière vos chiffres fantaisistes, il y a des situations dramatiques ! »

Le groupe de Sonia Backes a voté contre la délibération en assurant au président du gouvernement : « Vous persistez sur la voie du déni de réalité : vous mentez aux Calédoniens que vous bercez d’illusions sur une baisse du coût de la vie ; vous tentez d’enfumer les conseillers de la Nouvelle-Calédonie. Et tout cela avec aplomb et sans sourciller (…) Par respect pour les Calédoniens que vous cherchez encore une fois à duper avec vos chi res, nous ne pouvons cautionner l’analyse que vous faites de la situation économique de la Nouvelle- Calédonie, ni souscrire aux perspectives que tous les indicateurs démentent. »

C.S