Bourail: La liste « plurielle » de Patrick Robelin

Plus de 3 900 Bouraillais sont appelés aux urnes ce dimanche et le 10 juin pour élire leurs 29 conseillers municipaux. Quatre listes se présentent dont celle conduite par Patrick Robelin « Intérêt communal de Bourail », une liste « plurielle » qui a le soutien des Républicains calédoniens, de Calédonie ensemble, du Palika et du maire honoraire de Bourail, Jean-Pierre Aïfa.

Patrick Robelin, vous vous représentez avec une nouvelle liste, c’est-à-dire ?

Je me représente avec une liste renouvelée de personnes motivées, compétentes, dynamiques et surtout disponibles. On y trouve aussi douze anciens de la liste de 2014, cinq anciens adjoints dont je fais partie. Nous avons tous exercé durant les mandatures de Jean-Pierre Aïfa. C’est donc une liste équilibrée, d’anciens et de nouveaux, de jeunes et de moins jeunes, qui est représentative de toutes les ethnies de la commune, avec le soutien de plusieurs forces politiques du territoire.

Justement, quelles sont les attaches, les couleurs politiques qui composent votre liste ?

C’est une liste plurielle composée de différentes couleurs politiques. Nous y trouvons aussi bien des personnes des Républicains calédoniens, de Calédonie ensemble, du Palika, que des personnes sans étiquette comme moi. D’ailleurs, je ne m’engagerai sur aucune liste aux provinciales de 2019. La situation actuelle exige que je me consacre uniquement au redressement de la commune.

Nous avons composé cette liste pour être le plus rapidement opérationnels avec des anciens qui pourront, dès les élections terminées, s’atteler au redressement de Bourail et des nouveaux qui pourront prendre leurs marques et, très rapidement, renforcer notre action.

Vous êtes à l’origine de ces élections avec la démission de votre groupe du conseil municipal il y a trois mois. Vous aviez exprimé un désaccord avec la présentation du budget et le compte administratif 2017 et dénoncé une mauvaise gestion de la commune. Vos adversaires mettent en avant le dossier de la Roche-Percée. Qu’en est-il exactement ?

Je tiens d’abord à dire, concernant l’ancienne mandature, que c’est un constat d’échec. Nous pouvons aussi parler d’amateurisme, car la commune de Bourail ne s’est pas développée comme elle aurait dû. Au niveau des finances, une commune doit investir et, pour ce faire, les subventions d’équipements ne suffisent pas. La commune doit aussi et surtout maîtriser son budget pour dégager un reliquat important au niveau du fonctionnement. Il sert d’une part à payer la dette annuelle, d’autre part, à financer les investissements.

Entre 2008 et 2014, ce reliquat, qui est la capacité d’autofinancement de la commune, se situait au-dessus de 150 millions de francs. Quand vous disposez d’une telle somme, vous payez votre dette annuelle qui est de l’ordre de 30 à 50 millions par an en fonction des emprunts, et avec le reste, vous apportez l’apport de la commune à tous les investissements qui sont cofinancés par l’État, le gouvernement et la province.

Le compte administratif 2017 nous rendait des chiffres catastrophiques. Les recettes ont diminué de 51 millions, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 73 millions et la capacité d’autofinancement de la commune est passée sous la barre des 50 millions, un niveau à ne pas dépasser car, c’est le montant de la dette.

Voilà la vraie raison de notre démission ! Là, on peut vraiment parler d’amateurisme. Quant à Brigitte El Arbi, pour cacher sa mauvaise gestion, elle a laissé croire dans la presse que ce sont les constructions illégales de la Roche- Percée qui sont la cause de notre démission. Concernant justement ce dossier, qui est un sujet d’interrogation depuis 40 ans, nous mènerons une réflexion en concertation avec toutes les parties et demanderons à la province Sud de s’y joindre. Il s’agit de mettre un terme à ce psychodrame local qui n’est pour rien, je le répète, à notre démission.

Vous dites que Bourail est aujourd’hui une commune à l’arrêt, en panne. Pourquoi ?

Bourail est en panne depuis 2014, car les projets structurants préparés par l’ancienne équipe n’ont pas avancé d’un pas. Tout d’abord, la nouvelle gendarmerie n’a toujours pas été construite. Le dossier étant pourtant prêt. La Sic avait donné son accord. Les échanges de terrain avaient été discutés avec la province Sud et le montage financier avait été calé. Cette infrastructure, au cœur du village, est indispensable pour traiter au mieux les problèmes d’incivilités qui préoccupent les Bouraillais.

Autre point, les projets de développement touristique ont généré de nouveaux besoins en logement. Durant la mandature 2008-2014, nous avions anticipé ce phénomène en programmant la construction d’un lotissement, en partenariat avec la Sic, au sud du village. Le lotissement de la Colline aux perruches aurait permis de satisfaire les attentes des familles qui souhaitent acquérir un terrain, une maison ou louer une villa. Ce dossier, en quatre ans, n’a pas avancé.

Idem pour le restaurant de Téné, financé par le gouvernement dès 2014 et promis par Brigitte El Arbi à la Foire 2016, qui n’est toujours pas construit.

Concernant la réalisation de la station de traitement des eaux usées de Poé, prévue au travers du contrat inter-collectivités 2019 et 2020, la commune devait inscrire les études de ce projet au budget 2018. Cela n’a pas été fait. Bilan, les travaux qui devraient commencer l’année prochaine ne pourront se faire et, pourtant, on sait bien que le site est fragile. Nous avons vécu l’été dernier un problème d’algues sur les plages, il était urgent d’agir.

Autre dossier inachevé, la traversée du village initiée par la DITTT. Beaucoup de détails techniques ne sont pas réglés comme les problèmes de circulation durant les travaux, le financement et l’enfouissement du réseau électrique. Nous comptons nous pencher sur ce dossier pour qu’il démarre avant 2020.

Enfin, la case du musée, cofinancée par la province et la mairie. Les travaux ont commencé il y a deux ans, ce chantier n’est toujours pas achevé !

Malheureusement, ce bilan a continué de s’alourdir avec les dossiers préparés par la dernière majorité et qui ne sont jamais sortis de terre.

Devant ces constats, quels sont vos objectifs, vos principaux axes de travail, que proposez- vous aux administrés à court et moyen terme ?

Au cours de cette courte mandature, notre équipe structurera tout d’abord son action autour de trois grands axes de travail. Le redressement financier et structurel de la mairie, le lancement des grands projets structurants et le développement du bien-être de la population. Pour notre premier axe, notre objectif est de comprendre ce qui aujourd’hui alourdit le fonctionnement de la mairie. Pour avoir un diagnostic clair, nous allons demander la réalisation d’un audit financier qui permettra de dégager des perspectives. Nous nous pencherons également sur l’organisation de nos services afin de limiter, partout où c’est possible, le recours à la sous-traitance.

Pour le deuxième axe, toute l’équipe se mobilisera pour finaliser les grands projets, trouver les financements et lancer les travaux. Enfin, concernant le troisième axe, nous allons nous donner les moyens d’être à l’écoute de la population et de leurs difficultés. Non seulement la mairie leur sera ouverte un jour par semaine, mais nous comptons également tenir des réunions de quartier pour traiter des problèmes collectifs. Nous pensons aussi que la qualité de vie des Bouraillais pourrait être grandement améliorée en aménageant un espace pour les jeunes au centre du village. Nous souhaitons également aménager un espace avec des tables et toutes les commodités pour permettre à la population de se poser, prendre du temps, favoriser les échanges.

Au niveau santé, nous travaillons d’arrache-pied avec le cabinet de radiologie pour y implanter un scanner. Enfin, nous disposons d’un outil qui permet de mettre en synergie toutes les forces vives de la commune, de travailler sur toutes les formes de sécurité, de prévenir la délinquance, je veux parler du contrat local de sécurité et de prévention de la délinquance. Cet outil, lorsqu’il est utilisé à bon escient, permet de dynamiser et de responsabiliser toutes les associations sportives et culturelles. Nous comptons vraiment le faire vivre et le rendre beaucoup plus efficace avec le concours des services de la province, de l’État et de la justice.

Dans votre programme, vous parlez aussi de vision d’avenir au-delà de 2020 ?

Nous avons l’ambition et cela dépasse bien évidemment 2020, de restaurer le réseau d’eau potable en tribu par la négociation avec les autorités coutumières, les propriétaires terriens et tous ceux qui voudraient faire avancer ce dossier. Une autre ambition est de favoriser le déplacement des populations isolées. Nous nous engageons à mettre en place une offre de transport en commun, une fois par semaine ou plus en fonction du coût, desservant les zones éloignées et isolées de la commune.

Enfin, que pensez-vous des autres listes, notamment de l’ancienne liste majoritaire ?

C’est une liste qui a complètement implosé. Certains sont sur la liste de Nadir Boufenèche, soutenu par Brigitte El Arbi , mais qui, au passage, ne se représente pas ! D’autres se retrouvent sur la liste de Jacques Leclere et d’autres encore sont sur la liste à tendance UC-FLNKS de Valentino Matuafaufau. Sachant que beaucoup avaient déjà démissionné, cela montre qu’il n’y avait plus de ciment dans cette équipe.

Concernant les deux autres listes, je doute qu’elles puissent être opérationnelles au lendemain des élections, tout simplement par manque d’expérience. Il ne reste que 20 mois avant les élections générales et je pense que si l’une d’entre elles se retrouve aux commandes de la mairie, Bourail et les Bouraillais continueront de perdre du temps. L’équipe qui s’apprête à prendre la mairie doit avoir suffisamment d’expérience et de compétences pour être efficace dès le lendemain de l’élection.

Propos receuillis par C.S.