Baleines à bosse : des informations essentielles collectées en 2017

La saison des baleines a été marquée par trois campagnes Maracas* menées par les scientifiques de l’IRD et leurs partenaires en juillet, août et septembre dans le parc naturel de la mer de Corail et le lagon Sud. Les données collectées permettent déjà d’en savoir plus sur la population des baleines à bosse hivernant dans nos eaux et leurs habitudes.

*Marine Mammals of the Coral Sea

Au cours de l’année, trois campagnes surnommées Maracas ont été réalisées à bord des navires Alis et Amborella par des équipes pluridisciplinaires de l’IRD, d’Opération Cétacés, du WWF et de l’Ifremer. Objectif : continuer d’explorer la distribution spatiale et l’habitat des baleines à bosse dans le cadre du programme Where, lancé en 2016 sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie. Un programme s’intéressant en particulier aux régions éloignées du parc naturel de la mer de Corail, crée en 2014 par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Les deux premières missions d’observation Maracas avaient été réalisées au cours de l’hiver austral 2016 et avaient permis d’étudier la zone du complexe récifal de Bellona-Chesterfield, situé à mi-chemin entre la Nouvelle-Calédonie et l’Australie, et la région de Walpole, au sud-est de l’île de Maré.

Au cours de ces expéditions, plusieurs espèces de cétacés avaient été observées, des balises installées sur quelques baleines à bosse. Les scientifiques avaient découvert des habitats jusqu’alors inexplorés comme la région de Walpole ou le banc Ellet.

Il s’agissait cette année d’en apprendre plus sur l’usage « encore mystérieux » que font les baleines des récifs, des monts sous-marins et des bancs isolés de Chesterfield, Bellona et Walpole, mais aussi d’ Antigonia, ce mont sous-marin situé au sud de l’île des Pins.

Suivi des baleines dans le temps et l’espace

Au mois d’août, la mission Maracas 3 s’est intéressée aux complexes récifaux des Chesterfield-Bellona à bord de l’Alis. Une météo plus clémente que l’année précédente a facilité l’observation de nombreuses baleines sur les deux plateaux récifaux, ainsi que sur les bancs de la Boussole et du Vauban. Six balises satellitaires ont été posées et permettent pour la première fois de suivre le déplacement des cétacés dans cette région reculée du parc. Les données collectées dans cette zone (chants, photographies et matériel biologique) seront comparées à celles obtenues sur la Grande Barrière de corail par les Australiens au cours des saisons 2016-2017. Et tout cela permettra d’identifier l’origine des animaux et d’évaluer la connectivité au sein de la mer de Corail.

Les baleines à bosse du lagon Sud ont, de leur côté, fait l’objet d’observations par une équipe d’Opération Cétacés et d’étudiants internationaux qui ont poursuivi la collecte de données commencée dans cette zone il y a plus de vingt ans.

Adaptation à l’environnement

Au mois de juillet et septembre (Maracas 4 et 5) les scientifiques ont visité à bord de l’Amborella, le mont sous-marin d’Antigonia situé dans une zone reculée et agitée, connue comme très densément occupée par les baleines à bosse. En juillet, un hydrophone a été déposé par 60 mètres de fond. Il a été récupéré en septembre après avoir enregistré les chants émis par les mâles adultes pendant toute la saison.

Les scientifiques vont étudier les variations de l’activité acoustique des baleines et tenter de comprendre la relation entre ces chants et les fluctuations des conditions environnementales sachant que la circulation océanique est particulière à cet endroit. Deux baleines ont par ailleurs été équipées de balises satellitaires permettant, là encore, de suivre leur déplacement et d’enregistrer leurs plongées.

380 baleines dénombrées cette année

Au total, plus de 500 observations ont permis de dénombrer 380 baleines dans l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie. Et l’IRD de souligner « l’importante connectivité qui semble exister entre les zones reculées du parc naturel de la mer de Corail et la zone côtière du lagon Sud ».

Le suivi satellitaire a confirmé « l’utilisation intense de certains monts sous-marins et bancs océaniques de la ride de Lord Howe située au sud de Chesterfield-Bellona ». Ils ont notamment été fréquentés par une baleine venue des Chesterfield et une autre venue d’Antigonia. La connectivité est donc bien réelle dans nos eaux, mais des mouvements existent également avec l’Australie, puisque certaines baleines ont navigué jusqu’à Hervey Bay, au nord de Brisbane, et Sydney. « Le dernier animal semble maintenant suivre la côte est australienne avant de rejoindre l’Antarctique », précise l’IRD.

« Au final, on ne savait rien sur la mer de Corail et notamment sur la zone Chesterfield-Bellona sinon que c’était une zone de chasse commerciale au XIX eme siècle ajoute Clair Garrigue, chargée de recherche à l’IRD et spécialiste des cétacés. Nous savons maintenant qu’il y a encore des baleines dans cette région et avons obtenu de premières informations sur les zones qu’elles utilisent ainsi que sur les liens avec les zones côtières de Nouvelle-Calédonie ».

Ces informations essentielles permettront de protéger les cétacés durant leurs déplacements entre les sites de reproduction, ainsi qu’entre ceux-ci et leurs zones d’alimentation antarctiques. Elles permettront de fournir aux gestionnaires du Parc des données scientifiques sur lesquelles ils pourront baser les mesures de gestion.

C.M.

©IRD

Rappelons que le public est invité à suivre les déplacements des baleines sur l’explorateur cartographique du gouvernement http://urlzfr/5VHE