Thomas Goyard, le roman d’un sacre

Thomas Goyard (Fra) silver medal of men's RS:X - Windsurfer during the Olympic Games Tokyo 2020, Sailing, on July 31, 2021 at Enoshima Yacht Harbour in Enoshima, Japan - Photo Yoann Cambefort / Marti Media / DPPI

Avant de devenir le premier médaillé olympique individuel calédonien aux JO, le vice- champion olympique de RS:X a connu un parcours semé d’embûches, mais n’a jamais renoncé.

2014. La révélation

De rider prometteur à solide espoir, il n’y a qu’un pas. Champion du monde jeunes dès 2010 à l’âge de 18 ans, Thomas Goyard ne patiente que quatre ans pour s’offrir en 2014 sa première médaille planétaire chez les grands. Du bronze qui promet beaucoup, à deux ans des Jeux de Rio et surtout à un an de la qualification qui se jouera au Mondial du sultanat d’Oman.

2015. La désillusion

Il fait très chaud, le vent est faible à Oman. Thomas Goyard, 23 ans, perd totalement ses moyens et noie ses ambitions olympiques en prenant la 39e place. Loin devant lui, un autre Français, Pierre Le Coq, devient champion du monde et se place comme favori dans la course pour Rio. « À l’époque, je ne me préparais pas sérieusement, se souvient Thomas. Je ne m’entraînais pas assez. Je ne savais pas faire face à toutes les conditions de glisse. »

2017. La traversée du désert

Alternant les très hauts et les très bas, le rider de l’ACPV manque logiquement les Jeux olympiques au Brésil, en 2016, où Pierre Le Coq prend le bronze. 2017 est particulièrement éloquent pour résumer les années très difficiles vécues par Thomas Goyard et son irrégularité chronique à cette époque. En mai, il passe totalement à travers l’Euro de RS:X disputé à Marseille. Tenant du titre depuis 2016, le Cagou ne passe même pas l’étape des qualifications en finissant 15e. Le champion d’Europe est encore un Français, Louis Giard. En septembre de la même année, Thomas termine 13e des Mondiaux organisés à… Eno-shima, au Japon. Tokyo n’est que dans trois ans, il y a urgence.

2019. Retour au premier plan

La bascule s’opère début 2019. Une nouvelle fois sur un championnat d’Europe. Goyard ne prend que le bronze en Espagne, mais la compétition est hyper relevée. Et surtout, il devient le numéro 1 français, ce qui n’était jamais arrivé. Un retour au premier plan qui ne doit rien au hasard. Le Calédonien se comporte désormais en vrai professionnel. Toutes ses journées sont réglées au détail : de la musculation à la navigation en passant par l’alimentation. « Même la qualité de mon sommeil est surveillée », explique-t-il. Devenu favori pour la qualification olympique, il doit encore montrer qu’il sait désormais être régulier et répondre présent quand il le faut.

2020. La qualification

Cinquième du Test Event olympique, puis sixième aux Mondiaux du lac de Garde, en Italie, fin 2019, Thomas Goyard est toujours à la lutte avec Pierre Le Coq et Louis Giard pour la place tricolore aux JO. Des rivaux desquels il s’est éloigné depuis plusieurs mois afin d’opter pour une préparation auprès d’athlètes plus proches de son caractère, à l’image du n°1 mondial néerlandais, Kiran Badloe, ou du champion olympique en titre, Dorian van Rijsselberghe. Une option qui paye : au mois de mars, Goyard s’empare d’une nouvelle médaille de bronze mondiale en Australie. Dans la foulée, sa sélection est officialisée.

2021. La consécration

Un an et demi et une crise sanitaire plus tard, Thomas Goyard est enfin en lice pour ses premiers Jeux olympiques sur le plan d’eau d’Eno-shima. Ses dernières performances n’incitent guère à la confiance, mais c’est un trompe l’oeil. Le windsurfer a utilisé les dernières compétitions, dont un mondial terminé à la neuvième place, pour se régler et non pour faire des résultats. Conséquence, il est exceptionnel dans les eaux japonaises. La chaleur et le manque de vent ne lui font plus peur. Goyard remporte plusieurs manches, ne se place jamais loin du podium et entame la Medal Race en deuxième position. À la suite d’une course à la médaille hallucinante où il est disqualifié, comme ses rivaux italiens et polonais, il parvient à conserver sa place sur le podium pour devenir vice-champion olympique. « Je ne sais pas quoi dire… Je suis content, mais je crois que je ne réalise pas encore à quel point. » Légendaire.

M.M.

©M.M.