L’UE donne la parole à la jeunesse calédonienne

De gauche à droite, les quatre porte-paroles calédoniens du programme OCT Youth Network : Hugo Nguyen, Noémie de Saint Quentin, Leïa Gurrera et Soanile Moal, dans les bâtiments de l’UE, à Bruxelles. / © DR

Quatre Calédoniens ont été sélectionnés par l’Union européenne pour représenter le territoire au sein de l’OCT Youth Network. Ce réseau d’échange, qui rassemble 25 jeunes issus des 13 pays et territoires d’outre-mer associés à l’UE, s’est réuni le mois dernier à Bruxelles, afin d’aborder des problématiques communes à ces différentes îles.

Du Groenland en passant par Saint- Pierre-et-Miquelon, la Nouvelle- Calédonie, Saba ou Curaçao, on pouvait retrouver des jeunes des quatre coins du globe. Tous âgés de 20 à 28 ans, ils ont été sélectionnés par l’Union européenne (UE) pour représenter la nouvelle génération de leurs îles respectives à travers l’Overseas Countries and Territories (OCT) Youth Network (Réseau de la jeunesse des pays et territoires d’outre-mer).

Habitués à interagir par le biais de visioconférences, les 25 membres issus des 13 pays et territoires d’outre-mer (PTOM) associés à l’UE étaient invités à se rencontrer physiquement mi-octobre à Bruxelles. Un moment de partage grandement apprécié par les quatre ambassadeurs calédoniens : « c’était très enrichissant de rencontrer ces personnes de l’autre bout du monde et de se rendre compte qu’au final on avait les mêmes combats, les mêmes attentes. On a appris de l’autre et on s’est retrouvé dans l’autre », expose Noémie de Saint Quentin, trésorière de l’épicerie solidaire de l’Université de la Nouvelle- Calédonie et recrue du pôle étudiant pour l’innovation, Pépite NC.

POINTS COMMUNS

Entre réunions d’information, visites guidées et temps d’échanges avec divers décideurs politiques de l’UE ‒ comme Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, les îliens ont exploré le fonctionnement des institutions européennes et partagé leurs expériences et leurs opinions. « En discutant entre nous, on a réalisé qu’on avait finalement beaucoup de problématiques communes », raconte Soanile Moal, 25 ans, chargée de communication à la Secal.

Parmi les thématiques abordées : les transports en commun inadéquats, l’urgence climatique et la montée des eaux, le manque d’opportunités pour les jeunes, la surpêche ou encore la pénurie de professeurs. « On a des approches très différentes en fonction de nos cultures et de notre histoire, mais il est tout de même possible de s’enrichir des solutions innovantes mises en place par chacun », explique Hugo Nguyen, 27 ans, chargé d’information et de sensibilisation sur la pêche côtière au sein de la Communauté du Pacifique.

Pour les jeunes de cette deuxième promo- tion de l’OCT Youth Network, les moments d’échange avec les représentants de l’Union européenne étaient également vus comme une opportunité de les confronter sur les actions mises en place dans les pays et terri- toires d’outre-mer. « On avait un peu l’impres- sion d’être les oubliés de l’UE, souligne Soanile Moal. La grande majorité des personnes que l’on a rencontrées et qui travaillaient pour les PTOM n’ont finalement jamais mis les pieds sur place et ne peuvent donc pas saisir les contextes particuliers inhérents à chaque île. Il y a une incohérence. »

PROJETS VARIÉS

De retour chez eux, les 25 jeunes continuent d’échanger de manière régulière, via l’organisation de plusieurs webinaires. L’occasion de s’entraider pour mener à bien des projets divers et variés sur leurs territoires respectifs : la mise en place d’un parlement des jeunes sur le Caillou, la créa- tion d’un collectif jeunesse semblable à celui de l’OCTA (association des pays et territoires d’outre-mer) afin de pérenniser leur engagement, encourager les étudiants de l’UNC à expérimenter un séjour à l’étranger via le programme Erasmus ou encore négocier avec les instances locales afin que la délégation calédonienne, qui participera à la COP28, incorpore des représentants de la jeunesse. « J’ai l’impression qu’en Nouvelle-Calédonie, nos dirigeants ne font pas forcément atten- tion aux besoins de la jeunesse, notre avis n’est pas pris en considération. Participer à ce programme, c’est pour moi l’occasion de revaloriser la voix des jeunes », explique Noémie de Saint Quentin.

Un sentiment partagé par Hugo Nguyen : « l’intérêt de ce genre d’initiative, c’est d’essayer d’impliquer la nouvelle génération dans la prise de décisions politiques. On est reparti de Bruxelles avec la sensation qu’on avait une chance de faire bouger les choses. Il faut garder cette énergie. » Un engagement envers la jeunesse, un engagement envers l’Union européenne, mais surtout un engagement pour l’avenir de leurs îles.

T.M.