[ÉDITO] Le nickel, moteur à explosion

Leurs relations étaient exécrables. La détérioration des rapports s’est encore amplifiée. Déjà chauffées à blanc par l’affaire du site de Poum, la province Nord et la Société Le Nickel ont ouvert un nouveau chapitre de tensions avec le renouvellement des garanties financières pour les mines de la région. Dans un courrier daté du 9 avril, le président de l’institution de Koné, Paul Néaoutyine, pointait sans ménagement le risque majeur d’une défaillance : alors que le code minier exige que la garantie financière pour l’exploitation des mines du Nord doit être renouvelée six mois avant son échéance, la SLN n’avait donné aucune nouvelle jusqu’à la veille de la date fatidique.

Un conseil d’administration d’Eramet, tenu le soir même de la réception de la lettre, a accordé les dites assurances. Du moins, le groupe tricolore le pensait- il. Parce que, dans un nouveau message envoyé deux jours après le premier courrier, Paul Néaoutyine posait sèchement deux exigences, condamnant au passage l’attitude de l’industriel et de sa maison-mère : les garanties ne peuvent être constituées pour une période inférieure à 4 ans, et la somme doit être placée auprès de la Caisse des dépôts et consignations. Le montant s’élève à un peu plus de 4 milliards de francs. Les parties se renvoient des subtilités comptables et juridiques. Le bras de fer est bien là. Des discussions sont en cours. Toutefois, mercredi soir, aucun site SLN du Nord n’était exploité. Et ce, depuis une semaine.

Cette nouvelle histoire fâcheuse entre la province Nord et la SLN intervient sur fond de différends puissants liés au passif minier ou encore au bruit sur un possible départ d’Eramet. Surtout, si le nickel est bien un moteur de l’économie calédonienne, le désaccord sur les garanties financières et l’arrêt des centres ajoutent une couche de tensions dans un secteur déjà plombé par les difficultés des trois usines métallurgiques et par les tiraillements politiques sur le projet de pacte nickel avancé par le ministre Bruno Le Maire. Tous les ingrédients pour une explosion. Qui n’est vraiment pas souhaitée.