Avons-nous vraiment les représentants que l’on mérite ? La question se pose après l’escalade navrante des derniers jours. Les élus non indépendantistes, qui ne voient pas plus loin que les provinciales, enfoncent la Nouvelle- Calédonie dans une voie sans issue. Oui, le dégel du corps électoral doit intervenir. Mais pas au détriment d’un accord global, qui reste la seule et unique solution de paix. Idem pour la représentativité dans les institutions. Quant à ces élections, elles auraient très bien pu attendre l’année prochaine… Quelle est la priorité ?
Cette stratégie du pourrissement est affligeante, risquée, avec aussi ce petit spectacle au Congrès… Les non-indépendantistes n’ont même pas les moyens de reprendre la main des institutions. Et tout cela, ils ne le doivent qu’à eux-mêmes. Ils vont même manifester, alors qu’au pouvoir durant des années, ils nous ont menés à cette destinée. À Paris, le gouvernement, mal conseillé, a suivi la mauvaise voie. Ou partage-t-il simplement cette stratégie. On est franchement surpris par ailleurs de la volte-face du sénateur Georges Naturel, faiseur de paix durant les élections, qui se veut plus royaliste que le roi sur le corps électoral, comme s’il souhaitait prouver qu’il est bien de ce camp-là.
L’utilisation particulière du temps par les indépendantistes n’est pas non plus sans conséquences sur le plan institutionnel. Et voilà que le gouvernement qu’ils dirigent a choisi le pire moment pour lancer de nouvelles taxes. Il annonce le retrait d’un texte, mais quel risque avec des manifestations et contre manifestations, des blocages… Il est certes contraint à trouver des recettes mais ne voit-il pas que la population demande du répit ? Le FLNKS suggère qu’elle n’est « pas objective » car une partie des manifestants sont politisés…
On pourrait enchaîner sur le nickel et la fuite annoncée des industriels. Là encore, après des années à se tirer dans les pattes, nos élus tentent de faire oublier leurs manquements et les Calédoniens en payent les conséquences.
Ils se radicalisent aussi, se jugent pour les uns « illégitimes » pour les autres « étrangers ». La situation rappelle, hélas, de plus en plus celle d’il y a 30-40 ans. La mission de dialogue proposée actuellement par les indépendantistes, par d’autres il y a deux ans, apparaît comme une porte de salut.