[ÉDITO] Peut-on tout dire ?

La crise politique prend une tournure inquiétante. Et la crise économique ne risque pas d’apaiser les esprits. Le projet de dégel du corps électoral, lancé par le gouvernement, cristallise les tensions et l’on entend émerger dans les discours publics un vocabulaire nous ramenant 30 ou 40 ans en arrière.

« On est chez nous », « On ne se laissera pas faire », scandaient les représentants dans les manifestations tous bords confondus. Sonia Backès, ancienne secrétaire d’État, s’est illustrée avec cette phrase prononcée du haut d’un camion. « Je le dis à tous les parlementaires qui tremblent, qui ont peur que ce soit le bordel en Calédonie… Le bordel, c’est nous qui le mettrons si on essaie de nous marcher dessus ! » Plus direct que Daniel Goa… Sur RRB, le député Nicolas Metzdorf a estimé que l’on n’était pas loin au Sénat « d’une nouvelle trahison de droite ». Et à propos du sénateur de la République Philippe Bas, « je ne veux pas que cet homme-là revienne en Nouvelle-Calédonie ». On a vu aussi un vocable acéré chez les indépendantistes. Sur les banderoles, « Gérald Darmanin menteur », « Non à la recolonisation ».

Emmanuel Macron et son ministre sont persona non grata. Et que dire de ces banderoles à l’effigie des amis russes et azerbaïdjanais ? Quelle perte de crédibilité quand on connaît ce que font ces pays actuellement (Ukraine, Arménie) ! Pendant ce temps-là, personne pour calmer les esprits ? Pour rappeler à l’ordre ?