Coronavirus : la solidarité internationale mise à l’épreuve

Avec près de 500 morts et près de 25 000 cas confirmés, le coronavirus se répand en Chine et dans le monde. 28 pays sont désormais concernés. L’épidémie met à lourde épreuve les relations entre la Chine et le reste du monde et va même jusqu’à exacerber un sentiment antichinois..

Le coronavirus est en bonne passe pour troubler l’ordre mondial ces prochains mois. En moins de deux semaines, l’escalade de ce virus est impressionnante. Il a tué près de 500 personnes, dont une première hors de Chine, et en a contaminé près de 25 000. Il y a fort à parier qu’il dépassera prochainement son cousin le Sras, syndrome respiratoire aigu sévère, qui avait touché de plein fouet la Chine et fait 774 morts dans le monde. Le nombre de morts en Chine est déjà supérieur qu’en 2003. Hubei reste coupée du monde, le périmètre de confinement a été élargi à d’autres provinces et il se pourrait que le pays entier connaisse le même sort avec des conséquences politiques et économiques que l’on peine encore à imaginer.

La Chine en guerre sanitaire

Les autorités mondiales se sont d’abord félicitées que la Chine ait communiqué beaucoup plus tôt que pour le Sras et beaucoup plus ouvertement. On a été impressionné par sa forte réaction, le confinement des populations, la construction de deux hôpitaux en un temps incroyable, tout comme la mobilisation de l’armée. Ces mesures de gestion des risques très radicales ont même dissoné avec les prises de position beaucoup plus mesurées de l’OMS. L’urgence sanitaire de portée internationale, rappelons-le, n’a été déclarée qu’au 31 janvier par l’Organisation mondiale de la santé. Mais les moyens mis en œuvre auraient peut-être dû davantage alerter…

La confiance dans la force chinoise à faire face  à ce fléau s’est altérée. Les mesures sanitaires, le confinement, l’arrêt de toutes activités, le report des vacances du Nouvel An pour 24 provinces, n’ont pas permis d’empêcher la propagation du virus. Toutes les provinces chinoises sont désormais touchées et un nombre grandissant de pays concernés. Un retard est désormais pointé du doigt, entre la découverte du virus, la sensibilisation aux populations locales et la communication mondiale. Les autorités chinoises, qui assurent faire tout leur possible, et bien plus, dans ce défi sanitaire et logistique considérable, ont admis des « insuffisances » quant à leur réponse face à l’épidémie.

Débordées, elles ont fait appel à l’aide internationale pour obtenir des fournitures médicales. Masques, combinaisons, lunettes de protections ont été importés d’Europe, du Japon, de Corée du Sud. Le Vatican a lui-même envoyé 700 000 masques. La coopération mondiale fonctionne aussi au niveau médical. Après l’isolement du virus par les Chinois et sa publication, les équipes scientifiques du monde entier travaillent de concert et la course au développement d’un vaccin est lancée.

Chacun chez soi

La donne est complètement différente en ce qui concerne les frontières. Les pays prennent des mesures de plus en plus drastiques. La Chine a fermement critiqué les États-Unis d’avoir sonné la charge des restrictions. Ces derniers ont été les premiers à évacuer leur personnel, à interdire leur territoire à tout voyageur non américain s’étant rendu en Chine. Ils sont accusés de « semer la panique », de donner un « mauvais exemple ».

Depuis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont pris des mesures similaires. La Mongolie, la Russie, le Népal, Hong Kong ont fermé leurs frontières. L’Italie, Israël ont interdit toute liaison aérienne en provenance ou à destination de la Chine. La France, qui compte six cas de contamination, est légèrement plus souple. Les principales compagnies aériennes dont Air France ont suspendu leurs liaisons. Ces mesures, difficiles, certes, à entendre pour les Chinois se justifient : des cas sont recensés dans les avions de rapatriés, sur des paquebots de tourisme…

Ce qui se justifie moins, en revanche, est ce sentiment antichinois exacerbé relevé dans de nombreux pays, à Hong-Kong, en France, en Australie, en Polynésie…. Restaurateurs, commerçants, étudiants et simples citoyens sont évités, moqués ou violentés de par le monde, simplement par ce qu’ils sont asiatiques. Tout en prenant les mesures qui s’imposent, aussi drastiques que la situation le nécessite, les pays doivent condamner ces agissements intolérables. Il faut aussi faire face à la propagation incessante d’informations erronées sur le virus et la Chine, ce qu’a promis de s’atteler à faire l’OMS avec le concours de Google. Il s’agit de garder la tête froide, car l’inconnu demeure sur la durée et l’étendue que prendra cette crise sanitaire qui pourrait devenir encore plus dramatique si elle touchait les pays les plus pauvres.

Au risque sanitaire, politique, s’ajoute le risque économique. L’épidémie a stoppé net l’activité de la deuxième puissance économique mondiale. La Bourses chinoises de Shanghaï et de Shenzhen ont vu leurs cours chuter de plus de 8 % ce lundi. Une chute record depuis 2015 et dont les répercussions interrogent déjà à l’étranger. Les premiers pays affectés hors de Chine seront ceux qui dépendent le plus de l’économie chinoise.


En Nouvelle-Calédonie

Le territoire a fait l’actualité en Métropole après que deux paquebots ont été interdits d’accoster à Maré sous la pression des habitants.
Jusqu’à preuve du contraire, le territoire est toujours préservé. Nous vous le disions la semaine dernière, les contrôles et les règles sanitaires ont été renforcés à l’aéroport et envers les navires. Nous n’avons pas de liaison directe avec la Chine.

La présidente de la province Sud, Sonia Backes, souhaite que la Nouvelle-Calédonie aille plus loin. « Les États-Unis et l’Australie bloquent l’entrée sur leur territoire aux personnes ayant séjourné en Chine dans les quinze derniers jours. J’ai demandé à l’État et à la Nouvelle-Calédonie de faire de même. Nous avons encore la possibilité de nous protéger. Il est urgent de le faire », a-t-elle publié sur sa page Facebook.

C.M. ©afp